La Chronique Agora

Les taux grimpent — que vont faire les marchés… et la Fed ?

▪ Un baby-boomer né après-guerre n’a vécu qu’un seul cycle de taux d’intérêt complet. Les taux ont atteint un plus bas après la guerre… tandis que les Etats-Unis étaient confrontés à la plus grande falaise fiscale de leur histoire. Le plus vaste programme de relance de tous les temps — la Deuxième guerre mondiale — avait pris fin. Des millions de soldats et d’employés du secteur de la défense, démobilisés, étaient à la recherche d’un emploi. La plupart des économistes et des investisseurs pensaient qu’ils n’en trouveraient jamais. Ils pensaient que la guerre avait tiré l’économie de la Grande dépression. Maintenant que la guerre était terminée, ils étaient convaincus que l’économie retomberait dans la crise.

Ils pensaient aussi que les taux d’intérêt — qui chutaient depuis près d’un quart de siècle — étaient un indicateur avancé. Ils se sont plutôt révélés être un indicateur retardé. Les taux bas de 1946-1950 reflétaient le passé, non l’avenir.

Les ex-soldats se sont mis au travail. Ils ont pris leur épargne de guerre et ont fondé des entreprises… et des familles. Bientôt, l’économie américaine était en plein boom, plutôt que dans une dépression.

Et les taux ont grimpé.

En fait, ils ont grimpé durant le quart de siècle qui a suivi… jusqu’au début des années 80. Et une fois encore, les investisseurs qui observaient les taux d’intérêt pour avoir une idée de ce qui les attendaient ont été induits en erreur. Les taux élevés — le Fed Fund était de 21% pendant un temps — reflétaient la hausse de l’inflation des années 60 et 70… non l’inflation plus basse qui était à venir.

Et nous voilà. Un quart de siècle supplémentaire s’est écoulé — et plus ! Une fois de plus, les taux d’intérêt sont à des plus bas records. Ils sont aujourd’hui très proches de ce qu’ils étaient à l’époque de notre naissance… après avoir fait un aller-retour complet. Et une fois encore, ils nous en disent plus sur le passé que sur l’avenir.

Mais ils grimpent.

▪ Que vont faire les taux maintenant ?
Voilà ce que dit le New York Times sur la situation des Etats-Unis :

« C’était autrefois une vérité acquise pour les investisseurs, les entreprises et les emprunteurs ordinaires : les taux d’intérêt, dans la majeure partie des cas, continuent de baisser ».

« Mais tout cela pourrait être sur le point de changer. Pour les propriétaires immobiliers potentiels, le coût des prêts a grimpé ces dernières semaines. Les gouvernements sont également confrontés aux perspectives de coûts d’emprunt plus élevés dans les temps à venir et prévoient des augmentations de la charge de leur dette. Les épargnants ayant de l’argent en banque, en revanche, ont la perspective de gagner enfin plus que le strict minimum sur leurs dépôts ».

« […] Ces derniers mois […] les investisseurs et les banques ont exigé des paiements plus élevés pour leurs prêts, faisant grimper les taux d’intérêt et les rendements obligataires ».

« ‘Je pense que vous devez vous préparer, parce que les taux vont grimper’, a déclaré mardi Jamie Dimon, PDG de JPMorgan Chase, lors d’une conférence de l’industrie financière à l’hôtel Waldorf Astoria de Manhattan ».

« Les investisseurs se préparent à une nouvelle ère de hausse des taux d’intérêt, de sorte que les marchés mondiaux de l’obligataire, des actions et des devises ont subi des turbulences. Mardi, le catalyseur de la volatilité des marchés a été la déception suite à la décision de la Banque du Japon de ne pas prendre de nouvelles mesures pour remédier à la hausse des rendements obligataires. Cela a augmenté les inquiétudes sur le fait que d’autres banques centrales — la Réserve fédérale en particulier — ralentiront bientôt leurs injections d’argent dans le système financier ».

Si c’est vrai, c’est la nouvelle la plus importante de ces 10 prochaines années — voire plus. Un retournement du marché obligataire signifierait que Ben Bernanke devrait mettre fin à son QE et à ses taux zéro. Cela amènera sans aucun doute des ennuis à des millions de gens. Les actions entreront probablement dans un long marché baissier. Les obligations seront mises à mal. De nombreux emprunteurs — notamment des gouvernements — feront faillite.

Nous assistons à un combat entre M. Bernanke et M. le Marché. Nous savons qui le gagnera. M. le Marché gagne toujours à long terme. Mais nous n’avons pas la moindre idée de quand… ou comment… il parviendra à la victoire.

Les dernières nouvelles du marché obligataire suggèrent qu’il frappe M. Bernanke exactement là où ça fait mal. Les rendements obligataires vont grimper. M. Bernanke va aller au tapis.

Mais prudence. M. le Marché est un lutteur malin et rusé. Il n’aime pas gagner ses batailles de manière claire et droite. Il préfère esquiver. Il feinte. Et finalement, il nous prend tous de vitesse.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile