▪ Les principales banques centrales du monde continuent leur politique monétaire ultra expansive : la Fed, la BCE et la Banque d’Angleterre depuis 2009 et la Banque du Japon depuis 1990. Depuis l’automne 2008, les banques centrales ont abaissé leurs taux directeurs à peu près 600 fois ; les plus importantes (Fed, BoJ, BCE, BoE, SBN) ont injecté sur les marchés, via le QE, pour 7 800 milliards de dollars de liquidité. Une stimulation monétaire de cette ampleur est historique… mais quel en est le résultat ?
Le FMI a abaissé sa prévision de croissance du PIB de 2015 pour l’économie mondiale de 3,5% à 3,1%, soit le plus bas niveau depuis le début de la crise financière mondiale. Une légère hausse à 3,6% est prévue pour 2016 (précédemment 3,8%). Selon le FMI, la plupart des pays industrialisés resteront sur une tendance haussière, mais la chute des prix des matières premières et le ralentissement de la croissance en Chine freineront celle des pays émergents.
La croissance du PIB des économies émergentes sera plus faible en 2015 pour la cinquième année consécutive. Pour ce groupe de pays, le maximum de croissance prévue est de seulement 4% après 4,6% en 2014, mais ce taux devrait remonter à 4,5% en 2016.
En 2015 et 2016, la croissance aux Etats-Unis est prévue à 2,6% et 2,8%, dans la Zone euro et en Allemagne à 1,5% et 1,6%. La reprise dans les pays industrialisés est soutenue par les prix bas du pétrole, la politique monétaire ultra-expansive et des conditions de financement très favorables.
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Le FMI pense que la BCE n’atteindra pas, à moyen terme, son taux d’inflation cible tout près des 2% |
Pour le FMI, la hausse des prix restera très faible. Elle devrait atteindre seulement 0,3% en 2015 et 1,2% en 2016 dans les pays industrialisés. Dans la Zone euro, le taux d’inflation est prévu, respectivement pour 2015 et 2016, à 0,2% et 1% et ne devrait pas dépasser les 1,7% d’ici 2020. Il convient de noter que le FMI pense que la BCE n’atteindra pas, à moyen terme, son taux d’inflation cible tout près des 2%. Dans un contexte de faible inflation, le FMI est d’avis qu’une continuation de la politique monétaire souple dans les pays industrialisés est essentielle. En outre, l’investissement devrait être intensifié.
▪ Des résultats décevants
Au regard des énormes programmes de stimulation économique entrepris, ces résultats sont décevants. La Fed veut revenir à une "normalisation" de la courbe des taux mais une structure normale de la courbe des taux implique des rendements de 2% à 3% sur le marché monétaire et de 4% à 5% pour les rendements à 10 ans… Sauf que, avec un endettement international de 200 000 milliards de dollars (source : McKinsey), cela est inenvisageable !
Mais peut-être que la courbe actuelle des rendements est déjà devenue la nouvelle "normalité" ! Peut-être que cette phase durera beaucoup plus longtemps qu’escompté jusqu’ici. Le prochain ralentissement économique semble déjà plus proche que la dernière reprise.
Les conséquences mondiales du ralentissement économique en Chine semblent être plus importantes que ce que l’on prévoyait jusqu’ici. Par conséquent, la Fed a déjà reporté la hausse des taux d’intérêt initialement prévue pour septembre. Actuellement, les marchés anticipent une première étape en décembre voire au printemps prochain. La structure des rendements aux Etats-Unis affiche des rendements négatifs sur le court terme et les analystes américains, en plein doute, se demandent si la Fed ne prévoit pas, aussi, des rendements négatifs pour les taux longs (INEP).
En cas de taux nul ou de taux négatifs (après impôts et frais), il s’agit ni plus ni moins qu’une dépossession à l’égard des épargnants |
L’INEP et les taux zéro ont de très grands inconvénients. En cas de taux nul ou de taux négatifs (après impôts et frais), il s’agit ni plus ni moins qu’une dépossession à l’égard des épargnants. Cette politique vise à "obliger" les épargnants à acheter des biens et des services dont ils n’ont pas besoin ou qu’ils ne veulent pas. On ne récompense plus les créanciers du risque débiteur qu’ils acceptent. Les investisseurs sont encouragés à rechercher un rendement dans des investissements toujours plus risqués et c’est, d’ailleurs, de cette façon de faire que naissent les bulles financières. Mais le pire est que le taux d’intérêt perd sa fonction de régulateur du marché. Les obligations des pays fortement endettés comme les Etats-Unis, le Japon ou l’Europe occidentale n’offrent pratiquement plus d’intérêts et cela annule toute volonté de réforme de la politique budgétaire.
En effet, puisque les taux zéro permettent de financer si facilement de nouvelles dettes publiques, c’est ce chemin que va choisir le trésorier sans trop se soucier du paiement de la dette future… car il est autrement plus difficile et impopulaire d’augmenter les impôts ou de réduire les dépenses publiques. La volonté de passer par les réformes pour relancer l’économie disparaît presque complétement. Aucune réforme n’est mise en oeuvre et les baisses de taux sont devenues contre-productives. La conséquence de cette politique est qu’une situation déjà critique devient plus dangereuse encore.
▪ Conclusion
Les banques centrales ont déjà loupé leur "fenêtre de tir" pour un premier pas vers la normalisation. En raison du surendettement absurde dans le monde entier, la politique monétaire devient de plus en plus dépendante des marchés financiers. A long terme, la crise n’en devient que plus explosive.