La Chronique Agora

Subventions étatiques : le poids de la connivence

Des tomates à plus de 34 euros le kilo, et des agriculteurs qui se suicident.

Sur notre blog ce mois-ci, Simone Wapler a présenté un nouvel exemple de gâchis et d’échec de subventions étatiques. En effet, écrit-elle, « à force d’utiliser l’argent des autres, on perd le sens des réalités« . Les subventions mènent en réalité, le plus souvent, à des pertes pour les investisseurs, et non un gain, même avec la connivence des dirigeants.

L’exemple nous vient tout droit d’une ferme de tomates, dans la banlieue de Paris.

Le tweet de Renaissance en Seine-Saint-Denis (93) ci-dessous explique le projet :

Source : X.com

Simone effectue le calcul : « Cela représente 600 000 € pour 360m² de serres produisant deux tonnes de tomates par an, nous apprend l’énarque, membre du cabinet de Bruno Le Maire, posant devant un rutilant tracteur rouge tomate. »

De plus, la subvention couvre 60% du coût du projet. Au global, il revient à un million d’euros.

Simone présente les chiffres du projet de serre : le coût est de 2 777 € par m2, ils produisent 5,5 kilos de tomates au m2 (contre 40 kilos au m2 en serre non « écoresponsable », et 6 kilos au m2 en plein champ).

Elle continue le calcul…

« Supposons un amortissement des installations sur 15 ans. Le m2 de serre ‘urbaine écoresponsable’ revient donc à 185 € par an. Soit 33,64 € par kilos de tomates. Le prix moyen de la tomate française à Rungis se monte à 2 euros le kilo. Pour du bio, comptez 2,70 euros le kilo en supermarché. Chaque kilo de tomate urbaine écoresponsable vendu au prix de détail du marché coûte au contribuable plus de 30 euros. Ces tomates de la ferme de Gally sont donc probablement les tomates les plus chères au monde. »

Ainsi, elle en conclut : « Le but de cette opération ne semble être que le racolage de voix écologistes. »

La mise en place de subventions implique en général un manque de rentabilité. Les sociétés cherchent ainsi un maximum de garanties de la part des dirigeants.

Le secteur de l’hydrogène, par exemple, dépend de la connivence des gouvernements de l’UE.

Hydrogène : autre industrie de connivence

Les producteurs d’hydrogène, une forme de remplacement des carburants de moteurs, augmentent les efforts de pression de lobbying, pour la création de soutiens et de protections pour le secteur.

Une partie des écologistes font opposition à la production d’hydrogène. En effet, ils veulent une baisse de la consommation d’énergies, via des restrictions sur les déplacements ou le fret de marchandises.

Le journal Reporterre critique vivement le secteur de l’hydrogène. Le graphique ci-dessous montre la comparaison avec l’industrie de la tech et de la finance, au sein de l’UE. Les dépenses de l’industrie de l’hydrogène, sur le lobbying, atteignent 75 millions d’euros en 2023, contre 43 millions pour la tech, et 38 millions pour la finance.

Selon eux, les promesses de l’industrie de l’hydrogène – de production de carburants sans émissions de carbone – remettent en cause la lutte contre la consommation d’énergies.

Ils écrivent :

« L’engouement mondial autour de l’hydrogène est dopé par le lobbying massif de l’industrie des énergies fossiles. Objectif : nous rendre encore plus dépendants d’elles. »

L’industrie de l’hydrogène produit peu de carburants pour le moment, par rapport aux projections.

Pourtant, les efforts d’influence de l’industrie de l’hydrogène ont, comme les journalistes de Reporterre l’ont souligné, un objectif de restrictions sur les émissions de carbone, et le blocage de l’accès aux énergies.

En effet, le secteur de l’hydrogène a peu de chances de succès, face au gaz naturel, en l’absence de normes et de quotas sur les émissions de carbone. Le graphique ci-dessous vous montre les raisons. Il vous montre la comparaison des rendements – en énergie – par source.

L’hydrogène à base de renouvelables a un rendement d’énergie de 0,5 ! En comparaison, le gaz naturel a un rendement de 28. Le charbon arrive à 30. Et le nucléaire atteint 75 !

En raison de la consommation d’énergie dans la génération d’hydrogène via des renouvelables, les coûts dépassent de loin la concurrence.

Selon les estimations, les coûts de production de l’hydrogène via les renouvelables arrivent à 32 $ le MMBtu (une unité d’énergie), au minimum.

En comparaison, le gaz naturel coûte 1,60 $ le MMBtu, sur l’indice américain. Il coûte 9,6 $ le MMBtu à l’indice d’Amsterdam.

D’autres, comme la Manhattan Institute placent le coût de l’hydrogène à base de renouvelables à 59 $ le MMBtu.

L’industrie de l’hydrogène ne cherche pas un assouplissement des règles sur la consommation d’énergies. Comme Reporterre, elle exige des quotas et des restrictions !

Ces retenues d’eau qui font enrager les écolos

Simone évoque également l’opposition des écologistes à d’autres projets.

Elle explique :

« Dans le Puy-de-Dôme […] des subventions inutiles suscitent la colère de ces mêmes écologistes. Des manifestants se sont déplacés pour s’opposer à un projet de ‘méga-bassines’ porté par 36 agriculteurs et subventionné à hauteur de 10 M€. »

L’opposition des écologistes aux méga-bassines montre un manque de connaissances sur l’eau, pense Simone. Elle écrit à nos lecteurs :

« Ces réservoirs sont remplis en hiver (plus exactement entre le 1er novembre et le 31 mars) d’eau pompée dans l’Allier. Si cette eau n’était pas pompée, l’Allier la déverserait dans la Loire puis elle irait dans la mer. Cette eau n’irriguerait rien, ne serait pas bue, ne nourrirait pas les nappes phréatiques. Cette eau, inutile l’hiver, est donc stockée pour être utilisée efficacement l’été. Lorsqu’elle aura arrosé les cultures, une partie retournera par ruissellement nourrir les nappes phréatiques. Si vous avez bien suivi ce cycle, l’eau d’hiver finit dans la mer mais une partie de l’eau d’hiver utilisée l’été va dans les nappes phréatiques. »

« Contrairement à ce que disent les écolos, il n’y a donc aucun ‘accaparement’ de la part des agriculteurs. Il s’agit d’aménagement de la nature, tel que l’homme le pratique depuis le début de l’agriculture, depuis qu’il creuse des puits et des canaux d’irrigation, dresse des digues, etc. »

La pression des écologistes et le paiement de subventions mènent donc à des gâchis et à la confusion.

« La seule ombre à ce projet est qu’il soit subventionné et qu’aucune estimation de son retour sur investissement ne soit mentionnée », écrit Simone.

Le paiement de subventions – des serres de tomates, en passant par l’industrie de l’hydrogène, aux méga-bassines – entraîne systématiquement une perte d’information.

Ainsi, personne ne connaît la réalité des coûts, ni de l’intérêt des projets.

A la place, les projets ont lieu en raison de la popularité chez les dirigeants, écologistes, ou d’industries en connivence avec les gouvernements.

Simone conclut :

« Les écolos ne comprennent rien à l’eau. Les politiciens et les fonctionnaires ne savent pas compter. Les subventions transforment les agriculteurs en fonctionnaires. Les agriculteurs chasseurs de primes s’en satisfont tandis que d’autres sont tentés par le suicide. »

Les subventions et quotas mènent à des déformations de l’information. En effet, elles créent l’illusion d’une rentabilité, ou d’une demande, pour des biens. Simone et les membres de mon équipe conseillent des placements comme l’or ou le secteur du pétrole, dont les bénéfices en hausse, sans avoir besoin d’aides et protections des dirigeants.

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