La Chronique Agora

Le S&P 500 à la peine… le CAC 40 en position du lotus

banques centrales

▪ A l’entame de cette séance de vendredi, le bilan boursier de la semaine se résumait aux 2,5% perdus mercredi. Cela ramène le CAC 40 au contact de ses niveaux de clôture du 6 août, 5 septembre ou du 3 octobre dernier.

Le seuil des 3 400/3 410 fait donc figure de pivot graphique majeur moyen terme. Ceux qui ont une vision plus « dynamique des cours » (ils tiennent d’abord compte des bandes de fluctuation de l’indice et privilégient la MM20 qui en constitue la médiane) considèrent que le point d’équilibre des trois derniers mois se situe vers 3 450 points.

Le CAC 40 ne devrait pas s’en écarter de plus de 3%, à la hausse comme à la baisse, d’ici la période d’habillage des bilans qui débutera début décembre.

Ce palier des 3 450 points serait celui qui convient à tout le monde parce qu’il correspond à une valorisation standard du marché parisien autour de 10 fois les bénéfices. Il s’agirait également du niveau moyen des cours entre les extrêmes trimestriels relevés depuis octobre 2008.

Le marché aurait donc trouvé sa « voie du milieu »… et pourrait ainsi adopter sereinement la position du lotus jusqu’à la fin de l’année 2012, une main sur le sol (3 350 points), une main posée sur le genou et deux doigts relevés (vers 3 580 points).

Quelle hypothèse de rêve pour les vendeurs de volatilité — c’est-à-dire une catégorie d’opérateurs qui ne souhaite qu’une seule chose, que la stagnation actuelle perdure six semaines de plus (jusqu’à la séance des « Quatre sorcières » du 21 décembre prochain).

Il suffit soit que les opérateurs continuent de ne pas savoir quoi penser de la récession ni de la crise grecque ou espagnole… soit qu’ils continuent de se moquer de la falaise fiscale et des pathétiques gesticulations politiques des membres du Congrès US, qui commencent déjà à calculer quelle posture leur vaudra le plus de suffrages en 2014.

▪ Et l’intérêt supérieur des Etats-Unis dans tout ça ?
Eh bien c’est justement d’en finir avec l’interventionnisme de l’Etat, comme on dit au Tea Party… et même chez certains représentants démocrates pour qui le pays a besoin d’un électrochoc radical et pas de rafistolages budgétaires à la petite semaine.

Il devient clair en tout cas que la thématique des discussions a radicalement changé en une semaine. C’est comme si l’ouragan Sandy avait balayé l’optimisme pré-électoral — fabriqué de toutes pièces à coups de QE3 et de statistiques maquillées comme des voitures volées — et reconnecté Wall Street au réel, certains opérateurs ayant dû vivre durant 48 heures ou plus sans internet, sans électricité pour recharger leur smartphone.

Depuis la réélection de Barack Obama, les médias traitent en boucle de la question de la falaise fiscale, comme si les Etats-Unis découvraient soudain qu’ils ont un problème de dette… et qui ressemble par exemple à ce montant de 200 000 $ que chaque citoyen devrait verser à l’Etat pour lui permettre d’éponger ses dettes.

Pour rembourser un tel montant, il faudrait déjà avoir un travail… mais 17% ou 18% d’Américains tout à fait capables de bosser n’en ont pas. Et les étudiants qui tentent d’obtenir un diplôme pour devenir « employables » doivent entre 20 000 $ et 150 000 $ à leur banque avant d’encaisser leur premier salaire.

Il n’est donc pas exagéré de dire que les Etats-Unis ont un problème. Mais c’est le même qu’il y a deux ans, quatre ans, 10 ans… et sa solution est bien connue de tous puisqu’il s’agit de la planche à billets.

Au Japon, cela fait 20 ans que le gouvernement use de la même ficelle ; les Etats-Unis peuvent bien imprimer des dollars pendant encore 10 ans avant que les Cassandre voient leurs craintes de perte du « AAA » et de hausse des coûts de refinancement se matérialiser.

Et regardez les taux d’intérêt à 10 ou 30 ans : les revoici au plus bas depuis le printemps dernier, à 1,62% et 2,8% respectivement. Croyez-vous qu’ils demeureraient à des tels niveaux plancher s’il existait le moindre risque de voir les créanciers des Etats-Unis perdre confiance ?

▪ Des pertes loin d’être symboliques
Vu des rendements aussi insignifiants, il ne va pas falloir attendre longtemps avant de voir les actions remonter. Ce refrain, Wall Street l’a déjà entendu des centaines fois… mais les indices américains ont bel et bien clôturé au plus bas du jour. Et les pertes sont loin d’être symboliques car les dégagements se sont accélérés en fin de séance.

Le S&P est passé de -0,7% à -1,20% à 1 378 points au cours de la dernière demi-heure. Le Dow Jones glissait de -75 points à -122 points (à 12 811 points, soit -0,95%) et le Nasdaq a dévissé de -1,4% à 2 895 points.

Cette évolution négative des cours qui se radicalise en fin de séance confirme la cascade de signaux de rupture de supports moyen terme observée la veille.

Il n’est plus question cette fois-ci de « fausse sortie » à la baisse (scénario récurrent quand trop d’opérateurs partagent les mêmes anticipations) ; les indices se retrouvent au plus bas depuis le tout début du mois d’août.

A moins d’un vigoureux sursaut ce vendredi, Wall Street va aligner une troisième semaine de repli consécutif… Cependant, il existe un tel de degré de confiance dans le fait que les indices ne peuvent s’écarter durablement de leur moyenne estivale d’ici fin 2012 que les permabulls sont convaincus que si l’orchestre vient de s’interrompre en pleine valse, c’est pour mieux enchaîner sur un fox-trot endiablé.

Pendant ce temps-là, ceux qui ont horreur de ce genre de silence impromptu se ruent vers la sortie : nous sommes heureux de leur tenir la porte.

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