Emmanuel Macron milite pour une « autonomie stratégique » loin des États-Unis.
Nos élites bourgeoises ont choisi la servitude du peuple, elles ont vendu leurs peuples.
Quoi que l’on pense d’Emmanuel Macron sur le plan personnel, la grande politique impose cependant de faire la part des choses entre un personnage et la situation concrète réelle à laquelle il est confronté.
Je soutiens donc que Macron est dans une position très difficile qu’il n’a pas choisie.
La France est dépendante de l’Europe ; elle ne tiendrait pas sans les béquilles allemandes.
L’Europe est dépendante de l’Allemagne en termes de monnaie et de dettes.
L’Allemagne est dépendante des États Unis en vertu de l’histoire, de ses choix et des trahisons de ses élites.
Ce n’est pas Macron qui a créé cette dépendance, il l’a trouvée, il en a hérité.
L’Europe a fait une erreur d’analyse terrible, elle a cru à l’Économisme. Elle a cru à la globalisation. Elle a cru aux discours imbéciles du « tout le monde est beau, tout le monde est gentil » : elle a baissé sa garde.
Il en va de même pour les dirigeants allemands actuels ; ils ont hérité d’une position veule de non-souveraineté qu’ils ont essayé de dépasser par le mercantilisme et ce fut un terrible échec et maintenant, c’est une terrible humiliation. Le mercantilisme n’a pas permis aux Allemands de retrouver leur souveraineté. Au contraire !
Par mercantilisme, ils ont vu avantage à noyer leur Deutsche Mark dans l’Euro et donc ils ont accepté une situation de perte de souveraineté radicale. Ils ont accepté un Euro vicié, pourri dans ses fondements et cet euro fut rapidement dollarisé par la classe financière du Grand Pognon…
Nous sommes dans la situation où nous avons refusé de façon systématique d’assumer les coûts de notre propre défense. Nous nous sommes comportés comme des profiteurs, et de profiteurs à larbins, il n’y a qu’un pas.
C’est le point central, la pierre angulaire de la situation géopolitique de l’Europe ; en effet, il suffit de créer de l’instabilité, de la menace et de multiplier les conflits pour tirer le tapis sous les pieds de cette Europe !
Nos bourgeois ont préféré s’engraisser sur la dépendance au parapluie américain, sur leur position de comprador et de profiteurs plutôt que d’accepter l’effort de la défense, de la dignité et de l’autonomie monétaire et financière.
Nous sommes pieds et poings liés, insérés dans le tissu américain, ou si on veut dans le tissu anglo-saxon. C’était là, de fait, que se trouvait le Pognon !
La réalité est là : nous sommes entièrement dépendants des USA, historiquement pour des raisons de défense et ensuite – ceci en est la conséquence – pour des raisons monétaires. Je laisse de côté les raisons culturelles.
Nos élites bourgeoises ont choisi la servitude du peuple, elles ont vendu leurs peuples, afin de s’engraisser. Mais leur fortune et leur rang dépendent essentiellement de leur insertion dans l’Ordre multidimensionnel américain.
Emmanuel Macron, c’est son côté Chevènementiste qui a conscience de tout cela, mais il ne peut en tirer les conclusions pratiques, en raison de l’origine de son mandat.
Il a été mis en place par les ultra riches, les collabos anglo-saxons et américains, les compradors et les gens qui ont le plus à gagner de la soumission des vieux peuples européens à l’Ordre américain et anglo-saxon.
Il ne fait pas alliance avec son peuple contre l’Étranger et les grands bourgeois, non, il fait comme Pétain. Il fait alliance avec les Autres contre nous.
Mais cela ne l’empêche pas d’avoir des sursauts. Surtout quand l’Étranger l’humilie !
Voici ce que Charles Michel, président de l’Union Européenne, dit de la situation :
Les dirigeants européens sont de plus en plus favorables à la pression du président français Emmanuel Macron pour une « autonomie stratégique » loin des États-Unis.
Michel a suggéré que la position de l’homme politique français n’était pas isolée parmi les dirigeants de l’UE. « Alors que Macron s’exprimait en tant que président français, ses opinions reflètent un changement croissant parmi les dirigeants de l’UE », a déclaré Michel.
Il y a eu un bond en avant sur l’autonomie stratégique par rapport à il y a plusieurs années. Sur la question de la relation avec les États-Unis, il est clair qu’il peut y avoir des nuances et des sensibilités autour de la table du Conseil européen. Certains dirigeants européens ne diraient pas les choses de la même manière qu’Emmanuel Macron l’a fait… Je pense tout à fait quelques-uns pensent vraiment comme Emmanuel Macron.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]