Le monde entier est dollar-dépendant : il a besoin de refinancer les engagements de son bilan/hors bilan en dollars. Ce besoin est caché, opaque, et non chiffré.
J’essaie de temps à autre de vous faire descendre dans le Rabbit Hole, le terrier du lièvre d’Alice.
J’essaie de vous faire pressentir que ce que vous voyez n’est qu’une infime fraction de l’iceberg financier ; que sous la surface, il y a tout un monde qui est opaque, une tuyauterie, une plomberie.
J’ai essayé en son temps de vous faire comprendre que la crise de 2008 dite des subprimes n’était pas du tout cela ; ce n’était pas une crise des subprimes. C’était une crise de la plomberie financière souterraine, où les canalisations se sont bouchées d’abord à Londres, puis ensuite tout s’est colmaté. Le système s’est mis à l’arrêt.
Je vous l’ai déjà raconté ce jour-là, le jour où tous les tuyaux se sont bouchés à Londres ; le jour où tout s’est colmaté dans les canalisations du refinancement, du Libor. Je déjeunais avec le président du plus grand groupe d’intermédiation européen, Viel/Financière Tradition, que je salue ici ; il reçoit alors un coup de fil, il s’absente, il revient, et déclare : tout est bloqué !
Bien entendu, vous n’avez jamais entendu ailleurs où en grand public parler de ce phénomène, il fallait qu’il reste non-su, caché, et non-conscient. Il fallait trouver un bouc émissaire : et ce fut le bouc émissaire à usage grand public de la solvabilité des emprunts hypothécaires subprimes, et les excès de leverage de certaines institutions.
Je vous parle de temps à autre de Snider, l’un des rares qui a compris le vrai système monétaire mondial ; il affirme que les banques centrales ne sont plus centrales et que le monde souffre d’une pénurie d’eurodollars/asiadollars, c’est à dire de dollars hors Etats Unis ; il explique toute l’importance des collatéraux que constituent les Treasuries américaines dont personne ne parle ! Posséder des valeurs du Trésor US est un moyen d ‘accéder aux dollars quand on en manque. Donc, le marché de ces collatéraux est central dans le système.
Personne ne vous parle des besoins de refinancement en dollars des banques du Reste du Monde, et surtout pas des besoins astronomiques des banques européennes en dollars, besoins de « dollars » hors des USA, de ces fameux eurodollars. Personne ne vous parle du rôle clef de ce « dollar » dans la finance et la monnaie mondiale.
Personne ne vous explique que les Etats-Unis ont soumis les banques européennes et suisses, et donc contrôlent concrètement leur survie, celle de la BCE, de la BNS, et celles des gouvernements nationaux. Il suffit que les USA, le Trésor , la Fed et le DOJ tirent le tapis sous le bilan hyper-leveragé des banques euro pour que nous soyons renvoyés à l’âge de pierre ; un peu comme les USA ont essayé de le faire il y a un an avec les Russes.
Il ne faut surtout pas que les publics ou les économistes sachent ce qui se cache derrière le rideau et dans le Rabbit Hole.
Il ne faut pas qu’ils comprennent.
Tout cela est réservé à une super-élite, super-élite de l’élite ; c’est réservé à ceux qui constituent le Haut Clergé de l’Eglise de la finance.
La finance et la monnaie constituent le Grand Mystère et ce Grand Mystère a ses grands prêtres, son clergé, et vous vous êtes les gogos, les croyants.
Tout ce qu’il y a au-dessus de vous en croque, et ils se partagent la part maudite du système au sens de Georges Bataille ; c’est-à-dire qu’ ils se partagent ce résidu considérable qui provient de la gestion, du privilège de la gestion du Grand Mystère.
Donc, sous la surface, cela grouille, cela est opaque, cela est dangereux et vous n’en savez rien.
Rassurez-vous, les idiots des gouvernements non plus, c’est trop compliqué pour un Macron ou un Bruno Le Maire. Ce qu’ils connaissent un peu, rien qu’un peu, ce sont les apparences.
La monnaie et la finance sont une œuvre au noir, une alchimie faustienne que vous ne devez surtout pas comprendre. La connaissance détruit les mystères et la destruction des mystères détruit les systèmes sociaux qui reposent sur eux.
La destruction des mystères détruit l’ordre social qui est construit sur eux.
Quelques coups de projecteurs dans le Rabbit Hole : le coup de tonnerre de la BRI !
Selon la Banque des règlements internationaux, il existe un risque caché au plus profond du système financier mondial, intégré dans 65 000 milliards de dollars de « dette en dollars » détenue par des institutions non américaines, via des dérivés sur devises.
Les banques dont le siège social se trouve en dehors des États-Unis portent 39 000 milliards de dollars de cette dette, soit plus du double de leurs obligations au bilan et dix fois leur capital.
Les banques parallèles – autrement connues sous le nom d’intermédiaires financiers non bancaires – ont augmenté leurs swaps de dollars et leurs engagements à terme à 26 000 milliards de dollars, soit le double de leurs dettes en dollars inscrites au bilan.
Les conventions comptables exigent uniquement que les dérivés soient comptabilisés sur une base nette, de sorte que la totalité de la trésorerie impliquée n’est pas enregistrée dans un bilan.
C’est ce qui empêche le BIS de dormir la nuit.
Le manque d’information qui en résulte rend plus difficile pour les décideurs politiques d’anticiper la prochaine crise financière.
Les swaps de change, vous vous en souvenez peut-être, ont été un « point d’éclair » pendant la crise financière mondiale de 2008 et le krach pandémique de 2020, lorsque le stress du financement en dollars a forcé les banques centrales à intervenir pour aider les emprunteurs en difficulté.
Le monde entier est dollar-dépendant, c’est à dire qu’il a besoin de refinancer les engagements de son bilan/hors bilan en dollars. Ce besoin est caché, opaque, non chiffré.
La capacité bilantielle des banques et des non banques dépend de leur capacité à accéder au dollar et aux dérivés qui réduisent les Value at risk, les V@R.
Actuellement la liquidité s’érode, c’est vrai, mais il y encore des trillions et des trillions excédentaires de dollars qui restent dans le système, à la suite des folies de 2020 ; cela crée encore un surplus de liquidités, qui empêche la chute des actions, des obligations et des marchés de crédit.
Mais c’est une situation fragile. Et surtout mal connue. Une tourmente majeure peut intervenir à tout moment et elle peut prendre naissance dans le marché des actifs « sûrs », des collatéraux que constituent les valeurs du Trésor US. Leur volatilité témoigne de la fragilité sous-jacente.
Après avoir atteint des niveaux jamais vus depuis l’effondrement du marché COVID, la volatilité du marché des valeurs du Trésor s’est quelque peu atténuée. Mais nous ne sommes pas encore tirés d’affaire.
De nouvelles hausses de taux de la part de la Réserve fédérale pourraient exposer la pourriture sous-jacente du marché obligataire le plus important au monde.
Le marché des valeurs du Trésor subit le stress des hausses de taux restantes. Des défauts structurels à long terme existent, et ils sont profondément ancrés dans sa plomberie. De nouvelles fissures sur le marché américain des obligations souveraines commencent déjà à se matérialiser.
Exemple :
Lentement au fil du temps, inconnu de la plupart des observateurs extérieurs et même de certains décideurs politiques, un nouveau groupe de « commerçants » a émergé dans les coulisses : les principales sociétés de négoce (PTF). Leur existence montre que nous sommes restés dans l’âge d’or de l’alchimie monétaire…
Ils ont rejoint d’autres intermédiaires qui constituent la plomberie du système financier mondial. Sans eux, nous serions renvoyés à l’âge de pierre. Profitant des spreads tout en négociant des bons du Trésor, des MBS et d’autres titres, ces plombiers monétaires créent le plus de liquidités au monde.
Ces entreprises, cependant, transforment lentement les marchés monétaires en un système de plus en plus opaque. De grandes parties du système financier deviennent encore plus secrètes et cachées…