Le débat sur la lutte contre le changement climatique a été confisqué. Ce devrait être un choix évalué avec rigueur plutôt qu’un idéal politiquement correct qui ne souffre aucune discussion.
Les politiques de lutte contre le changement climatique mobilisent des sommes exorbitantes. Les montants dépensés par nos chers dirigeants dépassent l’entendement, alors qu’aucun moyen éprouvé n’existe pour atteindre l’objectif affiché de suppression totale des émissions de CO2.
Citoyens et contribuables sont en droit d’attendre une information claire et factuellement correcte sur ce sujet.
Qui osera poser la question qui fâche ?
Le débat mériterait de sortir des postures habituelles pour recevoir une dose de réflexion cartésienne et utilitariste. Après tout, aucun grand planificateur (puisque le sort de la planète mérite visiblement d’être décidé au sein de comités) n’a encore osé poser cette question : « Le changement climatique est-il acceptable ? »
N’est-il pas temps de se demander, collectivement, si l’usage des énergies fossiles vaut son coût environnemental et humain, avec des arguments mesurables et chiffrés plutôt que des postures idéologiques ?
Depuis le début de la révolution industrielle, la concentration de CO2 est passée de 280 ppm (stable depuis 2000 ans) à 410 ppm selon les dernières estimations. La consommation d’énergies fossiles, négligeable avant le XIXe siècle, atteint désormais les 13 milliards de tonne équivalent-pétrole par an. Selon les climatologues, la température de la planète a déjà augmenté d’un degré en 150 ans, et les conséquences environnementales, surtout locales, sont bien connues (pollutions de sols, de nappes phréatiques, assèchement de cours d’eau et de mers intérieures).
En parallèle, la population mondiale est passée de 0,7 à 7,7 milliards de personnes. Le nombre de personnes mangeant à leur faim, difficilement estimable à l’ère pré-industrielle mais probablement de l’ordre de quelques centaines de millions d’individus (hors années de famines), est désormais de 6,7 milliards de personnes. La malnutrition ne touche plus que 10 % de la population mondiale.
Grâce à la mécanisation et à l’amélioration des rendements agricoles, qui ont permis de ne plus imposer à 80 % de l’humanité (y compris les enfants) de travailler la terre, le taux mondial d’illettrisme est passé de 87 % de la population à 13 %. Le nombre de nouveaux nés mourant avant l’âge de cinq ans est passé de 43 % des naissances (en 1800) à 3,6 % aujourd’hui.
Si nous avions le choix, serions-nous prêts à revenir sur 150 ans d’amélioration du confort matériel (habitat, transport), de l’espérance de vie, du taux d’alphabétisation et de mortalité infantile pour revenir à la situation climatique et environnementale du XVIIIe siècle ?
Le même exercice de pensée mérite d’être fait pour les 100 prochaines années.
Avons-nous confiance dans la capacité de l’humanité à faire bon usage des énergies fossiles pour éradiquer famine, illettrisme, assurer accès à l’eau potable (priorités reconnues par l’ONU) et augmenter le confort matériel de l’Homme ? Ou préférons-nous garder la planète, et les problèmes de l’humanité en l’état, auquel cas un moratoire sur l’utilisation d’hydrocarbures doit être pris sans délai ?
C’est cette question qui devrait être au cœur des débats.
Vous remarquerez qu’elle est aussi éloignée des positions des éco-responsables, pour qui toute pollution est un péché mortel, que des positions des climato-sceptiques, pour qui les coûts environnementaux du développement économique ne doivent pas être considérés (quand ils ne sont pas purement et simplement niés).
Plaidons-donc pour une évaluation rigoureuse du rapport coût/bénéfice de l’utilisation des énergies fossiles, sans œillères ni arguments absolus.
Tous les discours sur la découverte miraculeuse (et imminente) d’une recette de développement économique sans conséquences écologiques, sur la nécessité de financer telle ou telle énergie « propre » (mais étonnamment dépendante de l’usage d’hydrocarbures dans son cycle de vie) à coup de milliards d’euros de subventions publiques ne sont que de l’enfumage.
Après 70 ans passés, en occident, sous le dogme de « la santé n’a pas de prix », de timides voix s’élèvent aujourd’hui pour dénoncer le coût exorbitant des dépenses de sécurité sociales dont la hausse n’a pas été corrélée à une quelconque amélioration de l’espérance de vie.
Espérons que le XXIème siècle ne se déroulera pas sous le mantra « la lutte contre le changement climatique n’a pas de prix », qui justifierait toutes les taxations et transferts de richesse imaginables et empêcherait la moindre discussion autour de la pertinence des mesures prises.
Souhaitons qu’un débat s’ouvre autour de l’usage des énergies fossiles, trésor non-renouvelable dont l’utilisation a, comme toute chose, un coût, mais aussi des avantages certains.
A défaut, les citoyens-contribuables que nous sommes resteront sous la coupe d’un dogmatisme qui justifiera toutes les dérives de planificateurs centraux désinhibés « au nom du bien de la planète ».