La Chronique Agora

Si seulement nous pouvions vivre dans le métavers

métavers inflation

Tandis que, dans le monde réel, l’inflation prend de plus en plus de vitesse, dans le monde imaginaire, la bulle des actifs continue de gonfler. L’éclatement risque en revanche de ne pas être que virtuel.

Une tempête a balayé l’Irlande, où nous nous trouvons actuellement, la semaine dernière. L’électricité a été coupée. Des arbres sont tombés. Le toit d’une vieille remise s’est envolé.

Oh… Si seulement nous pouvions vivre dans le métavers… où ne se produit que ce que nous voulons bien qu’il se produise. Si seulement nous savions où le trouver !

Ici, sur Terre, la vie suit son cours. Et avec tant d’heures… tant de ressources… tant de matière grise et de capitaux appliqués au monde imaginaire, il n’est pas surprenant que le monde réel se sente un peu négligé.

Voici les dernières nouvelles venues de Breitbart :

« La productivité des travailleurs américains a chuté de 5,2% au troisième trimestre 2021, a déclaré le département du Travail, mardi.

Les économistes avaient prévu que la productivité chuterait de 4,9%.

Au troisième trimestre 2021, le coût unitaire de la main-d’œuvre a flambé selon un taux annuel de 9,6%, reflétant ainsi une hausse de 3,9% du salaire horaire et une baisse de la productivité. 

C’est plus que prévu. Les analystes interrogés par Econoday avaient prévu une hausse de 8,3% du coût unitaire de la main-d’œuvre… »

Voyons, des coûts de main-d’œuvre qui augmentent… le rendement du travail qui baisse.

C’est ça, la formule magique de la réussite ?

Un pays imaginaire

Dans le monde imaginaire, les actifs s’apprécient de plus en plus… même s’ils ne produisent pas plus de richesses…

… Les maisons s’apprécient tellement que vous pouvez prélever une partie de leur « plus-value latente », sans renoncer à des mètres carrés…

… Les cryptomonnaies … meme stocks …  NFT … et des entreprises qui perdent de l’argent peuvent vous enrichir, même sans chiffre d’affaires, ni profit, ni biens et services, ni employés, ni compétences, ni paiement de taxes.

Qu’est-ce qui pourrait concurrencer cela, dans le monde réel ?

Oui, comme le dit la chanson des Beatles, « We all live in a yellow submarine » [NDLR : nous vivons tous dans sous-marin jaune], à présent, dans la profonde quiétude du cosmos métaversien.

Mais d’où est-il sorti ?

Le coût réel d’un crédit bon marché

Déduction logique : du flot de liquidités émanant de la Réserve fédérale, lequel a soutenu tout ce qui n’était pas fermement ancré dans le monde réel.

Ces dix dernières années, personne n’a vraiment touché le fond, quasiment.

Avant même le sauvetage de Wall Street en 2008-2009, les taux d’intérêt étaient falsifiés depuis de nombreuses années. Le crédit bon marché avait provoqué la bulle du marché immobilier qui a fini par coûter leurs maisons à 10 millions d’Américains.

Les prêteurs de Wall Street, eux, s’en sont sortis sans être inquiétés. Ils auraient dû « prendre leurs pertes » (ils avaient prêté bien trop d’argent en échange de trop peu de garanties). Et le marché actions aurait dû reprendre pied fermement, même à un niveau bien plus bas.

A la place, la Fed a baissé encore plus les taux d’emprunt… Et l’eau est devenue encore plus profonde.

Aujourd’hui, les taux des Federal funds se situent aux environs de 0,08% (zéro, au fond)… Et l’inflation affiche un taux de 6,2%.

Autrement dit, la Fed prête de l’argent aux banques à un taux NEGATIF, de -6%. Or selon nos calculs du mois dernier, pour battre de vitesse l’inflation – comme Paul Volcker l’a fait en 1980 – la Fed devrait relever les taux de ces Federal funds à près de 10%.

Cela ne va pas arriver.

Un mythe éphémère

Dans le même temps, le crédit le plus important du monde, le bon du Trésor américain à 10 ans, affiche un rendement nominal de 1,4%. Mais si vous retranchez le taux d’inflation – qui est de 6,2% – vous constatez que son rendement réel est de MOINS 4,8%.

Et à présent, après avoir prêté de l’argent pendant des années à des taux inférieurs à l’inflation, doit-on s’étonner que les gens se réfugient dans un monde imaginaire… un sous-marin qui vogue paisiblement au-dessous des flots qui se déchainent ?

C’est un lieu où le temps s’est arrêté… Et où l’avenir n’est pas risqué.

Vous n’y vieillirez pas.

Aucune tempête ne s’y déchaînera.

Personne n’y sera abattu d’un coup de fusil ou n’y mourra du variant Omicron.

Oui, c’est un monde imaginaire. Un monde de fiction. Un monde qui existe… mais uniquement sous forme d’aberration éphémère.

Est-ce que la bulle se dégonfle ?

Quoi ? Softbank, l’entreprise japonaise qui a financé un grand nombre de start-ups imaginaires, a chuté de près de 16%, la semaine dernière ? Et Ark Invest, de Cathie Wood, qui a tant investi dans ces mêmes entreprises, a chuté dans des proportions à peu près équivalentes ?

Et le Bitcoin… la monnaie de ce nouveau royaume imaginaire… a perdu au cours du mois qui s’est écoulé un quart de la valeur qu’il affichait à son plus haut.

Combien de temps s’écoulera-t-il avant que les rêveurs ne soient obligés de remonter à la surface pour trouver de l’air ?

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile