Trump prétend limiter les dépenses mais la seule façon d’assainir les finances publiques et de se débarrasser de la clique de Washington sera la faillite.
Un titre du Washington Post a attiré notre attention ce week-end :
« Trump va museler les dépenses ».
Enfin ! Nos yeux se sont mis à étinceler. Notre pouls s’est accéléré. Enfin, le Grand Perturbateur allait perturber une chose qui compte vraiment.
Museler les dépenses ! Réduire le budget ! Virer des fonctionnaires ! Eliminer des agences. Etouffer des départements. Ramener les troupes sur le sol américain. Brider le Deep State. MAGA !
Un talent d’histrion
Il ne réduisait pas grand’chose — 5% seulement. Mais au moins le président avait-il enfin le rasoir en main.
Attendez… que voyons-nous là ?
The Post :
« Le budget a peu de chances de se transformer en loi du fait d’une résistance bipartisane à bon nombre [des] éléments [qui le composent], mais il présente la vision de la Maison Blanche sur ce qui s’annonce comme une bataille féroce autour des dépenses gouvernementales plus tard dans l’année.
Même avec de considérables réductions des dépenses, le plan du président n’équilibrerait pas le budget avant les années 2035-2040, ont déclaré deux personnes au courant du dossier, soit bien plus tard que les 10 ans visés par les républicains depuis des années. »
Quelle déception. Pas de vraies réductions, en réalité. Simplement encore plus de spectacle politique. Plus de « eux contre nous ». De conservateurs contre progressistes.
La seule manière dont la Maison Blanche pourrait réellement réduire les dépenses serait de proposer une réduction générale… et de court-circuiter le Congrès, en vendant l’idée directement au peuple américain.
Le président devrait utiliser son génie d’histrion et se produire à la télévision, en expliquant ce qui se passe vraiment — que les Etats-Unis dépensent plus qu’ils ne peuvent se le permettre depuis des années (le dernier budget vraiment équilibré date de l’administration Carter)… et que les vrais bénéficiaires sont les créatures du marigot, non le peuple lui-même…
… Que l’on pourrait défendre le pays avec moins de la moitié du budget du Pentagone (la majeure partie de l’argent est utilisée pour aller gaffer un peu partout dans le monde, non protéger la mère-patrie)… et que si les choses continuent ainsi, les États-Unis feront faillite (inflation… dépression… les calamités habituelles).
Trump pourrait alors atteindre ce qui reste du bon sens public (s’il en reste, toutefois)… et surmonter la résistance des lobbyistes, des politicards, des compères et de l’élite du Deep State… renversant ainsi concrètement les tendances insidieuses des cinq dernières décennies.
Mais attendez… nous rêvons, là, non ?
Une bestiole du marigot
De toute façon, cela n’arrivera jamais.
Premièrement parce que Donald Trump est lui-même une bestiole du marigot ; il est « le roi de la dette » ; il voudra que tout l’affaire dure aussi longtemps que possible.
Deuxièmement, parce que le Deep State ne le permettrait pas. Imaginez à quel point les médias… le Congrès… les initiés… les universitaires… les je-sais-tout… hurleraient et protesteraient ! (Oui, cela nous fait grand plaisir d’y penser).
Troisièmement parce que les citoyens se sont habitués à penser qu’on peut obtenir quelque chose en l’échange de rien.
L’administration actuelle accroît la dette fédérale au rythme d’environ 3 Mds$ par jour. La proposition budgétaire de Trump prétend qu’il n’y a pas à s’inquiéter de cette dette supplémentaire. Elle prévoit une croissance de 3% par an. Cela augmentera le PIB à tel point, affirme-t-elle, que la dette rétrécira en proportion.
Oui, et le temps reculera… d’ici 2029, nous serons tous 10 ans plus jeunes !
Nous en sommes désormais dans la phase descendante du boom. Les taux de croissance du PIB baissent depuis au moins 30 ans. Si l’on fait la moyenne sur les 10 dernières années, le taux de croissance réel du PIB n’est désormais plus que de 1,5%, et non 3%. Et il n’y a aucune preuve — aucune — que la tendance des 10 dernières années s’inverse.
Pourquoi le ferait-elle ? Le fardeau de la dette s’alourdit, il ne s’allège pas. Les taux grimpent, ils ne chutent pas… ce qui vient peser plus encore sur la dette.
Ensuite, à mesure que les autorités cherchent de plus en plus désespérément à prolonger la durée de vie de leur escroquerie, elles viendront bidouiller plus encore l’économie, réduisant d’autant les taux de croissance réelle.
La véritable crise commencera, quel que soit le parti au pouvoir, lorsque le marché boursier craquera. Ensuite, les taux de croissance deviendront négatifs… et les emprunts fédéraux grimperont en flèche.
La Maison Blanche pourra ranger ses projections si pratiques dans le dossier « corbeille à papiers »… là où est leur place.
Les recettes gouvernementales, qui se montent actuellement à 3 000 Mds$ environ, chuteront à 2 000 Mds$. Les dépenses fédérales, qui sont pour leur part à 4 000 Mds$ environ… grimperont à quelque 5 000 Mds$.
Les autorités ne pourront pas financer ce déficit de 3 000 Mds$ sans augmenter les taux d’intérêt. Mais une hausse des taux fera basculer l’économie dans la dépression, réduisant d’autant les revenus fédéraux. Les autorités auront donc recours à la « planche à billets » — la Fed, en d’autres termes.
Nous ne prétendons pas savoir ce qui va se passer en détails. Mais certaines tendances sont quasi-impossible à inverser. Elles doivent plutôt suivre leur cours… jusqu’à la fin tragique.