La Chronique Agora

La science (économique) des rêves

▪ Sa vie professionnelle hante jusqu’aux nuits de votre correspondante — une sorte de point de non-retour, je suppose, ou à tout le moins le signe que les vacances sont bel et bien terminées.

Je me suis donc réveillée ce matin au beau milieu d’une réunion avec Simone Wapler, Bill Bonner et… Ben Bernanke. (Sans compter une personne obscurément identifiée comme Jane Eyre et servant du café à tout le monde. Visiblement, la rentrée s’annonce difficile pour mon psychisme).

Et que s’est-il dit tout au long de cette réunion au sommet ? Hélas, je n’en ai aucun souvenir. Tout juste de mon intense perplexité quand mon réveil a sonné.

En revanche, je sais bien ce que nous aurions pu dire, si nous avions rencontré M. Bernanke en direct (même sans héroïne littéraire pour nous servir des boissons).

▪ Simone Wapler aurait rappelé qu’on peut faire dire tout et n’importe quoi aux chiffres — et notamment ce qui arrange les politiques du moment. La croissance est de retour aux Etats-Unis, si si. L’emploi aussi.

Mais quelle croissance ? Quel emploi ?

S’agit-il de postes à temps complet, durables, dans des secteurs productifs… ou de temps partiels passés à retourner des hamburgers dans des fast-foods ?

Et la croissance, que concerne-t-elle ? Est-elle due au seul "miracle" du gaz de schiste ? La réindustrialisation américaine est-elle un phénomène de fond… ou un effet d’annonce destiné à rassurer des populations d’électeurs traumatisés par la crise ?

Des questions qui restent en suspens pour l’instant — et auxquelles Ben Bernanke ne semble pas détenir de réponse… même en rêve.

▪ Quant à Bill, nul doute qu’il aurait profité de l’occasion pour rappeler à "Monsieur Bulles" qu’historiquement, aucune tentative de manipulation monétaire ne s’est bien terminée. Aucune.

En fait, aucune monnaie papier n’a bien terminé. Dévaluation, hyper-inflation… les catastrophes monétaires ne manquent pas, dans l’Histoire du monde. Et même si les choses ne se passent pas toujours de manière aussi dramatique, quel rapport entre le franc de 1900 et le franc de l’an 2000. D’ailleurs… où est passé le franc ?

Oui, cher lecteur, il y aurait bien des choses à dire à M. Bernanke si nous le croisions dans quelque couloir par hasard. Les probabilités que cela arrive étant bien faibles, je vais me contenter — et c’est déjà très important — de vous recommander de prendre quelques précautions, en cette rentrée.

Si la reprise s’avère bel et bien être solide, tant mieux. Avec un peu de chance, elle viendra s’étendre jusqu’en Europe… et avec encore un peu plus de chance, la France en profitera. Ce sera une bonne nouvelle, et je serai la première à m’en réjouir.

Mais en attendant d’en arriver là, eh bien, soyez sur vos gardes. Restez prudent sur les marchés actions : de nombreuses opportunités sont là, mais elles sont à sélectionner avec soin. Et surtout… ne lâchez pas votre or.

Espérer le meilleur mais se préparer au pire, dit un proverbe américain. C’est toujours aussi vrai.

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
La Chronique Agora

 

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