La Chronique Agora

Le Salon de la Colère

La visite présidentielle au Salon de l’agriculture ne s’est pas passée comme prévu…

La visite du président et des membres de son gouvernement au Salon de l’agriculture fut un fiasco sans précédent depuis un demi-siècle… pour ne pas dire la plus consternante pantalonnade de la Ve République.

Un président bunkerisé dans une zone « VIP » du Palais des Expositions de la Porte de Versailles, protégé par 1 000 CRS (le record d’Europe de mobilisation pour la protection d’un président ou d’un Premier ministre), un Salon fermé au public durant une bonne partie de la rencontre entre l’hôte de l’Elysée et des agriculteurs (en réalité des supporters encartés à « renaissance », des militants pro-Macron en bleu de travail).

Le ministre de l’Agriculture, lui, est venu en catimini tourner des images au salon à 2H du matin – avec une équipe privée et non une chaîne du service public, une première historique – pour ne pas se prendre un déluge de tomates pourries et de bouses fraîches !

Quelques heures plus tard, et comme pour justifier les huées qui ont accompagné tous ses déplacements, toujours sous la protection de cordons de CRS, le président, visiblement très remonté et affichant sa pugnacité, a multiplié les provocations… là ou d’autres présidents arboraient un large sourire en dégustant les spécialités régionales ou en complimentant le propriétaire d’une « bête de concours » arborant la cocarde de champion de l’année 2024.

Au lieu de serrer des mains, de trinquer avec les viticulteurs, le président a ouvert la boîte à baffes, accusant les agriculteurs de vouloir tout et son contraire, d’être trop impatients (cela fait juste 7 ans que l’Elysée reste sourd à leurs difficultés et à leur désespoir).

Mais ce n’était qu’un échauffement, puisque qu’il a ensuite conseillé aux Français les moins aisés (ceux qui sautent un repas par jour ?) de se désabonner de bouquets de chaînes par abonnement pour acheter plus de légumes afin de « sauver » nos maraîchers (auxquels le gouvernement va accorder une aumône de quelques dizaines de millions d’euro, tandis qu’il va en offrir 100 fois plus à l’Ukraine).

Le président l’a d’ailleurs confirmé à la sortie du salon : il va réunir les chefs de gouvernement de 21 pays européens afin de les convaincre de faire comme la France et de consacrer 3 milliards d’euros de budget à l’Ukraine, sachant qu’une bonne partie de cette somme va aboutir dans la poche d’oligarques ukrainiens et des marchands de canons (majoritairement américains).

Et comme l’aide à l’Ukraine représente déjà plus de 6 Mds€ depuis le 24 février 2022 (ce triste anniversaire du début de l’invasion russe coïncidait avec la traditionnelle visite présidentielle inaugurale au Salon de l’agriculture), il a chargé Bruno Le Maire de réaliser 10 Mds€ d’économies.

Il a d’ailleurs fourni de nouvelles pistes ce dimanche… Après le fiasco de sa visite Porte de Versailles, il a confié aux journalistes du JDD que notre modèle social est « trop coûteux », notamment les droits au chômage : « On peut encore réduire la durée d’indemnisation et accentuer la dégressivité des allocations. »

Il ne vous aura pas échappé que les priorités affichées avec emphase par le président sont : le climat, l’emploi, les nouvelles technologies (« start-up nation » oblige !) et l’éducation. Voyons maintenant quelles sont les quatre principales coupes budgétaires adoptées (lunaires !) :

En assemblant les pièces du puzzle collectées à Bercy, à l’Elysée et Portes de Versailles ce week-end, on commence à voir se dessiner quelque chose qui ressemble à un bon gros pain d’explosif social, avec le compte à rebours de son mécanisme d’amorçage électronique qui vient soudain de s’emballer pour une raison qu’il serait urgent d’élucider (des idées sur le sujet… ?).

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