La Chronique Agora

Richesse et pauvreté : le problème, ce n’est pas les inégalités…

richesse

Lorsque nous vous avons quitté hier, nous étions ravi. Nous avions trouvé une âme soeur… un cerveau frère… un homme aussi joyeux et allègre que nous…

… en la personne de M. Charles Hugh Smith.

Nous étions ravi de voir que M. Smith ne se contente pas de gémir sur les « inégalités » ou d’appeler à la « redistribution », comme les crétins des pages éditoriales des journaux. A la place, il ouvre les canalisations pour voir ce qu’il s’y passe.

D’abord, aucune société n’a jamais éliminé avec succès les ordures ou l’inégalité. On peut redistribuer la richesse. L’argent est fongible. L’argent est divisible. L’argent est quantifiable. L’argent est facilement partagé. Mais donner à tout le monde la même richesse ne ferait que magnifier l’injustice du reste de la vie. Un homme jouirait d’une chevelure abondante et d’une épouse ravissante. Un autre tiendrait bien l’alcool. Et un troisième serait renversé par un bus alors qu’il se rendait à la messe.

L’utopie semble parfois agréable sur le papier — mais elle est toujours désastreuse en pratique.

A l’occasion, une bonne âme très ambitieuse essaie de raboter ces particularités. Elle propose une société dans laquelle nous portons tous les mêmes vêtements, nous avons tous la même coupe de cheveux, et les hommes et femmes sont eux aussi également partagés. L’utopie semble parfois agréable sur le papier — mais elle est toujours désastreuse en pratique.

« Trop d’inégalités », cependant, est considéré comme haïssable.

▪ Riches et pauvres ont leurs problèmes…
« Trop », c’est combien ? Nous n’en savons rien. La plupart des gens acceptent un fossé substantiel entre les riches et les pauvres comme étant « les choses de la vie ». Beaucoup de pauvres savent qu’ils le sont pour une raison. Ils acceptent leur lot parce qu’ils savent qu’ils le méritent.

Les riches, de leur côté, se sentent souvent embarrassés et coupable au sujet de leur richesse — surtout quand ils ne l’ont pas gagnée eux-mêmes. Voilà pourquoi ils sont si pressés de s’en débarrasser — en la dépensant, en la donnant à des associations caritatives, en impôts ou encore en investissements. D’autres riches craignent que des inégalités criantes leur rendent la tâche difficile pour conserver leur statut et leur richesse. Ce sont les plus rusés — Bill Gates, Warren Buffett, Mark Zuckerberg. Ils sont si riches qu’ils n’en sont plus à un milliard près. Mais en distribuant cet argent qui n’a que peu de valeur à leurs yeux, ils gagnent en statut. En d’autres termes, en donnant, ils accumulent encore du plus de statut et de pouvoir. Les inégalités s’accroissent.

Même en termes purement matériels, les inégalités peuvent être difficiles à effacer. En Union soviétique, « l’égalité » était appliquée par un groupe de niveleurs implacables. Les titres ont été abolis, en faveur de « camarade ». Les vêtements élégants ont été remplacés par des costumes moroses. Les appartements, l’éducation et les emplois étaient attribués selon la volonté du parti et de ses bureaucrates. Ces choses étaient plus ou moins égales dans le sens où elles étaient toutes uniformément horribles. Néanmoins, durant les années 80, des chercheurs ont découvert que le fossé entre les riches et les pauvres en Union soviétique — en termes de logement, de transport, de personnel de maison et de biens de consommation — était en fait plus vaste qu’il l’était aux Etats-Unis et en Europe.

Ce n’est pas le fait que certains gagnent et que certains perdent qui dérange les gens.

▪ La richesse n’est pas le vrai problème
Ce n’est pas le fait que certains gagnent et que certains perdent qui dérange les gens. Ce n’est pas le gagnant du loto ou le travailleur acharné à qui les perdants en veulent. C’est le comploteur, l’escroc et le tricheur qui les fait sortir de leurs gonds. Ils n’ont rien contre les gagnants… et ils ne se soucient pas de perdre. Mais personne n’aime quand la partie est truquée — à moins d’avoir pipé les dés soi-même. C’est pour cette raison que la solution offerte par les bonnes âmes est si peu satisfaisante. Ils ont truqué le jeu ; maintenant, ils offrent de le truquer plus encore.

C’est ce qui fait le charme de M. Charles Hugh Smith. Il voit que ce n’est pas simplement la déveine qui a sapé la richesse de la classe moyenne. C’était aussi de la tricherie.

La déveine est venue sous la forme de la concurrence des travailleurs à bas salaire en Asie et en Amérique latine… et des substituts technologiques ne nécessitant aucune rémunération.

… La tricherie est venue des oligarques qui contrôlent les gouvernements et leurs secteurs majeurs.

La déveine est bien connue, largement comprise et admise. C’est la tricherie qui nous fait trébucher… et est encore bien mystérieuse pour la plupart des gens. Pour la comprendre, il vous faut intégrer un néologisme que nous venons d’inventer : les poligarques. Voyez-vous, dans notre démocratie moderne, il faut être deux pour danser. Il y a l’élite, qui contrôle le système et en récolte la majeure partie des bienfaits. Mais il faut aussi des masses de pauvres gens dépendants, qui se laissent aveugler par des slogans creux et dont les voix peuvent être achetées à bon compte.

Voilà pourquoi nous avons les bons alimentaires… et le chômage… et les renflouages… et les guerres contre la terreur.

C’est aussi pour cette raison que nous avons un tel intérêt pour les « inégalités ». Les poligarques ne veulent pas se donner la peine de trop réfléchir à qui a truqué le système… ou comment. Mais peut-être peut-on les rassembler pour qu’ils s’opposent aux « inégalités » et votent pour les clowns qui proposent d’y faire quelque chose.

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