La Chronique Agora

La révolte des masses

Une « bombe à retardement » n’est utile que si elle explose. Et un crime doit avoir une victime. Les gens, ne voulant pas se faire exploser, se mettent à l’abri. C’est ce problème que les chercheurs de la Fed ont tenté de résoudre.

Au début du XXIe siècle, les hommes politiques ont perdu le contrôle des dépenses. La dette a augmenté beaucoup plus rapidement que le PIB. Ensuite, l’inflation a rendu beaucoup plus difficile pour la Fed de continuer à « imprimer » de l’argent. Mais dès que l’inflation s’est atténuée, en 2024, la Fed a repris ses vieilles habitudes : elle a abaissé les taux d’intérêt et incité de plus en plus de gens à emprunter et à dépenser.

A ce moment-là, la baisse des taux d’intérêt n’était plus une option, c’était une nécessité. Les autorités fédérales avaient besoin de taux bas pour financer et refinancer leurs déficits galopants. Mais les investisseurs hésitaient à prêter davantage d’argent à un emprunteur qui était manifestement en train de faire faillite. Les taux d’intérêt ont augmenté et le seul recours a été d' »imprimer » de l’argent, par milliers de milliards. Il en est résulté une hausse de l’inflation, caractéristique de la période 2024-2034.

C’est assez simple. Peut-être trop simple ?

La question que nous nous sommes posés est la suivante : qu’est-ce qui nous a échappé ?

Aujourd’hui, nous explorons une possibilité, qui nous est présentée dans un rapport de recherche publié par la Fed du Minnesota, il y a quelques jours.

Intitulé « The Unique Implementation of Permanent Primary Deficits », ce document donne un aperçu de ce que les autorités fédérales pourraient sortir de leur chapeau. Voici le résumé de ce rapport :

« Dans une économie où les marchés sont incomplets et où les consommateurs ont une aversion au risque suffisante, le gouvernement peut mettre en œuvre de manière unique un déficit primaire permanent, en utilisant une dette nominale et des stratégies continues de Markov pour les déficits primaires et les paiements aux détenteurs de la dette. 

Mais ce résultat échoue s’il existe également sur le marché des monnaies de papier inutiles (le bitcoin pour être précis) qui peuvent être échangés. S’il y a des échanges de bitcoins, il ne peut y avoir de stratégie de Markov continue pour le gouvernement. Au lieu de cela, il existe un continuum d’équilibres avec des allocations réelles distinctes dans lesquelles le prix du bitcoin converge vers zéro. 

Et il y a un piège de l’équilibre budgétaire : les politiques gouvernementales continues conçues pour un déficit primaire permanent ne peuvent éliminer un état stable alternatif dans lequel r – g = 0 et le gouvernement est forcé d’équilibrer son budget. Une interdiction légale du bitcoin peut rétablir la mise en œuvre unique de déficits primaires permanents, de même qu’une taxe sur le bitcoin au taux -(r – g) > 0. »

Pour comprendre tout cela, voici quelques éléments de contexte à prendre en compte…

Le FMI signale que les gouvernements sont en train de créer une « bombe à retardement budgétaire de 100 000 milliards de dollars ».

Lorsque le gouvernement fonde sa politique fiscale sur de grandes quantités de monnaie « imprimée », le système devient instable. En d’autres termes, il n’existe pas de « stratégie de Markov » que les autorités fédérales puissent utiliser pour désamorcer la bombe.

En clair, s’ils continuent à imprimer de plus en plus de dollars, les gens ne voudront bientôt plus de dollars. Ils chercheront des alternatives. Ils trouveront le bitcoin, par exemple. Et l’or.

Mais avant de voir où cela nous mène, essayons de comprendre ce que l’inflation permet aux autorités fédérales et pourquoi elle est si importante.

« Une ‘bombe à retardement’ n’est utile que si elle explose. Et un crime doit avoir une victime. Les gens, ne voulant pas se faire exploser, se mettent à l’abri. C’est ce problème que les chercheurs de la Fed tentent de résoudre. » 

L’inflation est une forme de vol. Mais elle ne « fonctionne » en tant que politique fédérale que si quelqu’un est volé. Les autorités fédérales « impriment de l’argent », prétendent qu’il a de la valeur, le distribuent aux gens, qui se font ensuite voler.

En 1971, par exemple, un épargnant pouvait avoir travaillé dur toute sa carrière pour mettre de côté 100 000 dollars. En 2024, son argent aurait été dévalué d’environ 90%. En d’autres termes, il aurait été spolié de 90 000 dollars.

C’est pourquoi un système inflationniste est instable. Les gens essaient de se protéger. Et s’ils y parviennent, la politique échoue. En d’autres termes, l’inflation n’est qu’un moyen détourné de taxer les gens. Mais cela ne fonctionne que si quelqu’un « paie » la taxe.

Imaginons donc une « révolte des masses ».

Alertés par cette arnaque, voyant le montant des dettes grimper et de plus en plus d' »impression monétaire », les consommateurs pourraient passer à l’or ou au bitcoin. Le gouvernement serait alors contraint de tomber dans le « piège de l’équilibre budgétaire », parce qu’il ne pourrait plus emprunter à des taux raisonnables… et que personne ne voudrait de sa monnaie « imprimée ».

Il y a un an, à la même époque, l’Argentine en était presque là. Les gens en avaient tellement marre de l’inflation et savaient si bien comment l’éviter qu’ils passaient au dollar aussi vite qu’ils le pouvaient. Presque tous les prix des biens immobiliers importants étaient en dollars et non en pesos. Les machines et les équipements, importés pour la plupart, étaient également libellés en dollars. Les travailleurs à distance en ligne étaient payés en dollars… ou en bitcoins.  Et les chauffeurs de taxi, les serveurs et les coiffeurs étaient heureux d’obtenir des dollars chaque fois qu’ils le pouvaient.

Les élites commençaient à réaliser qu’elles ne pouvaient plus exploiter les masses avec l’inflation. Alors, c’est comme si elles avaient voulu perdre les élections et laisser à quelqu’un d’autre le soin de réparer les dégâts.

Et qu’en est-il des Etats-Unis ? Les riches peuvent facilement s’affranchir des actifs dépendants du dollar pour investir dans des fonds d’actions, de matières premières, d’or ou d’immobilier. Mais qu’en est-il des consommateurs ? Pourraient-ils simplement passer au bitcoin… et éviter la taxe sur l’inflation ? Qu’est-ce qui les en empêche ? Les autorités fédérales seraient-elles alors « piégées » et obligées d’équilibrer le budget ?

Nous y reviendrons demain.

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