La Chronique Agora

En termes de revenus, la crise économique a effacé vingt ans de progrès

▪ Vous, cher lecteur… et quiconque fait un peu attention… vous savez déjà que quelque chose n’allait pas. La plus grande économie du monde, lors de la période la plus inventive et la plus dynamique de l’histoire de l’humanité, n’a pas rendu les gens un centime plus riches.

Le PIB américain a grimpé, mais pas les salaires réels. En fait, les gens ont stagné, financièrement parlant — s’ils ont eu de la chance. Bon nombre de familles se sont faites prendre au piège de la bulle du crédit/de l’immobilier. Lorsqu’elle a éclaté, les gens ont été soufflés par l’explosion… perdant en fait de la richesse.

Nous allons vous donner la conclusion avant de vous donner les faits : la « croissance », ces 20 dernières années, était en majeure partie fictive. Les roues de l’économie ont tourné de plus en plus vite. Les centres commerciaux étaient pleins. Des maisons ont été construites sur quasiment tous les terrains vagues. Wall Street a encaissé de gros chèques. Mais, dans l’ensemble, c’était une illusion. Comparé à un vrai boom, c’était une contrefaçon. Personne n’est allé nulle part.

Voici ce qu’en dit le New York Times :

« La récente crise économique a laissé la famille américaine médiane de 2010 sans plus de richesse qu’au début des années 90, effaçant près de deux décennies de prospérité accumulée, a déclaré lundi la Réserve fédérale ».

« Une famille hypothétique plus riche que la moitié des familles du pays et plus pauvre que l’autre moitié avait une valeur nette de 77 300 $ en 2010, à comparer avec 126 400 $ en 2007, a déclaré la Fed. Le krach des prix de l’immobilier représentait directement trois quarts de la perte ».

« Les revenus des familles ont également continué à décliner, une tendance qui a commencé avant la crise mais s’est accélérée sur la même période. Le revenu de la famille médiane est passé à 45 800 $ en 2010 contre 49 600 $ en 2007. Tous les chiffres sont ajustés à l’inflation ».

« […] Bien que les chiffres datent de 18 mois, l’étude met en lumière les problèmes qui continuent de ralentir le rythme de la reprise économique. La Fed a réalisé que les familles de la classe moyenne avaient enregistré le plus gros pourcentage de pertes tant en revenus qu’en patrimoine durant la crise, limitant la capacité et leur volonté de dépenser ».

On pourrait être tenté de penser que ce n’est qu’un recul temporaire… que quand les choses reviendront à la normale, le ménage moyen récupérera aussi deux décennies de progrès financier.

N’y comptez pas. La richesse des ménages, aux Etats-Unis, repose sur l’immobilier et les salaires. Les prix de l’immobilier pourraient arrêter de chuter, mais il est peu probable qu’ils entament un nouveau marché haussier. Ils vont plutôt répliquer la croissance du PIB, comme ils l’ont toujours fait. On ne peut pas non plus s’attendre à voir les salaires augmenter de manière substantielle.

Pourquoi ? Parce que 15 millions d’Américains n’ont pas d’emploi. Il faudra du temps — pratiquement une éternité, au rythme actuel — avant qu’ils ne soient réabsorbés dans la population active. Tant que ce gigantesque « stock » de main-d’oeuvre apte au service n’est pas utilisé, ne vous attendez pas à voir les salaires grimper.

En d’autres termes, lorsque les choses reviendront à la normale, elles seront ce qu’elles sont actuellement… La bulle était une illusion. La sinistre situation actuelle est une réalité.

▪ Et les riches, dans tout ça…
Le New York Times continue en soulignant que si les autorités avaient laissé M. le Marché faire son travail en 2008-2009, les riches ne seraient pas si riches…

« Les données fournissent toutefois une indication que la récession a réduit les inégalités de revenus aux Etats-Unis, au moins temporairement. Le revenu moyen des familles les plus riches a diminué bien plus sévèrement que la médiane, indiquant que ceux qui sont tout au sommet de l’échelle ont perdu au moins quelques échelons ».

N’est-ce pas ce que nous disions depuis toujours ? D’abord, les autorités ont rendu les riches plus riches en créant une économie fictive nourrie par le crédit, où la quantité de crédit a été multipliée par 50 au cours des 50 dernières années. Ensuite, lorsque la bulle de crédit a éclaté, les autorités sont intervenues pour empêcher les riches de perdre leur argent. Et maintenant, les autorités se lamentent sur les « inégalités » dans notre société… et sur le fait qu’elles doivent « y faire quelque chose ».

N’en ont-elles pas déjà fait assez ?

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile