Du point de vue de l’économie, la Chine est sortie la tête haute de la crise sanitaire. Aujourd’hui, le pays est en pleine forme et a de grandes ambitions au niveau mondial.
On dit que Napoléon l’a appelée un « géant endormi ». Aujourd’hui, elle est bien réveillée.
Elle a eu le Covid… et s’en est remise. La voilà de retour au travail… et elle a de grands projets.
Politico nous en parle :
« La Chine était le principal partenaire commercial de l’Union européenne (UE) en 2020, ravissant la première place, occupée jusqu’à l’année précédente par les Etats-Unis.
En 2020, les exportations de biens de l’UE vers la Chine ont augmenté de 2,2% ; les importations ont augmenté de 5,6%, tandis que le commerce de l’UE avec le reste du monde a chuté de manière spectaculaire (baisse de 9,4% en termes d’exportations et de 11,6% en termes d’importations par rapport à 2019). La pandémie a gravement affecté le commerce transatlantique, les exportations de produits européens vers les Etats-Unis ayant chuté de 8,2% par rapport à l’année précédente. Les importations ont chuté de 13,2%.
En conséquence, les Etats-Unis ne sont plus le premier partenaire commercial du bloc européen et ont été remplacés par la Chine. En 2020, les exportations de l’UE vers la Chine se sont élevées à 202,5 Mds€, tandis que les importations atteignaient 383,5 Mds€. »
Business Times en rajoute une couche. Pour remettre ces informations en perspective, les guerres commerciales de Donald Trump étaient censées réduire le déficit commercial américain – notamment vis-à-vis de la Chine. Voilà ce qu’il s’est passé :
« L’an dernier, les Etats-Unis ont enregistré leur plus gros déficit commercial annuel depuis 2008, la crise sanitaire mondiale ayant déprimé les marchés d’exportation des entreprises américaines.
L’écart dans les échanges de biens et de services s’est creusé, passant de 576,9 Mds$ en 2019 à 678,7 Mds$ en 2020, selon les données du département du Commerce US.
[…] La Chine a retrouvé son rang à la première place des partenaires commerciaux des Etats-Unis pour les marchandises, après avoir terminé derrière le Mexique et le Canada en 2019. »
La Chine contre nous ?
La Chine obtient aussi la faveur des investisseurs. CNN nous dit tout :
« Les entreprises étrangères tournent le dos aux Etats-Unis, profitant de l’essor de l’économie chinoise et d’une gestion plus efficace de la pandémie de Covid-19 dans le pays.
Les investissements directs des entreprises étrangères aux Etats-Unis ont chuté de 49% l’année dernière, pour atteindre 134 Mds$, selon un rapport de la conférence des Nations unies sur le commerce et le développement. En revanche, les investissements directs étrangers en Chine ont augmenté de 4% pour atteindre 163 Mds$ en 2020.
Selon l’ONU, 2020 a été la première année de l’Histoire où les investissements étrangers directs en Chine ont dépassé ceux des Etats-Unis. La Chine est aujourd’hui le principal bénéficiaire des investissements des entreprises étrangères dans le monde. »
Certains verront ces faits avec inquiétude. Ils pensent qu’il s’agit d’une compétition « eux contre nous » avec les Chinois. S’ils gagnent, cela veut dire que nous perdons, n’est-ce pas ?
Les choses fonctionnent-elles vraiment ainsi, toutefois ? Si les ingénieurs chinois inventent une ampoule plus efficace, nos journées ne seront-elles pas à leur tour mieux éclairées ? S’ils s’enrichissent et achètent plus de films Netflix produits en Occident… ne s’en trouveront-ils pas mieux, eux aussi ?
Si la croissance de la Chine apporte des dangers, elle engendre aussi des opportunités.
Des milliardaires chinois pourraient acheter nos maisons… nos centres commerciaux… et nos actions. Ils pourraient embaucher nos enfants comme chauffeurs et domestiques… et nos ex-soldats pour les aider à réprimer les mouvements de contestation.
Qui sait, peut-être que les beaux parleurs occidentaux pourront se trouver de riches maîtresses chinoises… comme un aristocrate anglais sur la paille qui espère qu’une héritière américaine sauvera son palais en ruines.
Un thème bien utile
Le « péril jaune » est un thème utile. Les politiciens, les va-t-en guerre, les magouilleurs, les médias, les lobbyistes, les think tanks – tout le monde aime ça. C’est une grande menace de plus dont ils peuvent nous protéger.
C’est aussi une excellente distraction (parmi de nombreuses autres) parce qu’elle permet aux élites de rester bien grasses… et bien installées.
Pour autant que nous puissions en juger, cependant, les Chinois ne sont pas sur le point d’envahir San Francisco.
S’ils le font un jour… ce sera probablement dans le cadre d’une mission de « maintien de la paix » organisée par l’ONU pour tenter d’empêcher les Américains de s’entretuer.
Alors que va-t-il se passer en Chine ? Le pays devient-il plus riche et plus puissant ? Ou bien la planification centrale et la dette le pousseront bientôt à imploser ?
Nous n’en savons rien.
Le mystère chinois
Les pages chinoises sont un mystère à nos yeux… antique et insondable… largement inaccessible pour les yeux occidentaux.
Le livre américain, en revanche, est en lambeaux. C’est une vieille histoire, avec une intrigue usée jusqu’à la corde. Souvent répétée, autant pour amuser que pour moraliser… c’est un éternel succès.
Un garçon rencontre une fille.
Le garçon dépense trop d’argent pour tenter d’impressionner la fille.
Le garçon produit de la fausse monnaie pour tenter de couvrir ses dettes.
La fille part avec quelqu’un qui ne s’est pas rendu ridicule en jouant les gros bras un peu partout… quelqu’un qui est encore solvable.
Un Chinois ?
Peut-être.
Au cours des quatre dernières années, les Etats-Unis ont ajouté 3 000 Mds$ de nouvelle monnaie (bilan de la banque centrale). La Banque populaire de Chine, par contraste, n’a quasiment rien ajouté.
Vers l’est
Voici comment CNN résume la situation :
« La Chine veut mener la reprise mondiale après la pandémie et devenir plus influente que jamais sur la scène mondiale. Elle pourrait bien avoir l’élan – et la confiance – nécessaires pour mener à bien ce plan.
‘La Chine est sortie du choc de Covid-19 plus tôt que le reste du monde et ses autorités planifient déjà pour le long terme’, a écrit Françoise Huang, économiste senior pour l’Asie-Pacifique chez Euler Hermes, dans un rapport intitulé ‘Le monde se déplace rapidement vers l’est’. »
Le monde ne peut pas vraiment se déplacer vers l’est. C’est une sphère. Une moitié va vers l’est, l’autre moitié vers l’ouest.
Le cas de la Chine mérite de figurer dans les livres d’Histoire, cependant. Elle est passée de l’une des nations les plus en retard de la planète à l’une des plus puissantes et plus modernes – en une génération seulement.
Que se passera-t-il ensuite ? Comment l’histoire se termine-t-elle ?
Ah, cher lecteur, vous plaisantez ? C’est à nous que vous posez la question ?
Une fois encore, nous devrons tourner les pages, l’une après l’autre, en même temps que tout le monde.
Pour ce qui est de l’histoire américaine, en revanche… nous pensons pouvoir sauter quelques chapitres.