Emmanuel Macron a dépensé tant et plus pour éviter un naufrage économique qui s’est quand même produit à l’occasion de la pandémie. Pour rembourser ses ardoises, la solution est toute trouvée et commence à se mettre en place : ce sont les épargnants et le secteur privé qui paieront. Les fonctionnaires éviteront l’effort. Mais il ne faut surtout pas le dire.
Souvenez-vous, c’était il y a un an !
Que n’avons-nous entendu, lorsque le confinement a commencé, quelles rodomontades n’ont été prononcées à l’époque, sur ce que serait le monde d’après. Il était sûr que rien ne serait plus comme avant ! Nous passerions des ténèbres à la lumière, de l’injustice à la justice.
Et patatras ! Un an plus tard, non seulement nous en sommes au même point, mais rien ne devrait vraiment changer. Les vieilles manies reviennent au galop…
… Et ce n’est pas une bonne nouvelle pour les épargnants.
Un an d’effort pour le secteur privé
Faut-il ici énumérer les ardoises colossales qu’Emmanuel Macron a laissées un peu partout pour endormir les Français sur le coût réel de la crise ?
On sait déjà que celle-ci a représenté, en 2020, 8,3% du PIB. Répondant à une question parlementaire, Olivier Dussopt a affirmé froidement que, pour les finances publiques, les mesures anti-Covid représentaient un coût de 160 Mds€, compte non tenu des mesures encore à venir.
Si ces coûts sont importants, ils ne doivent pas occulter la catastrophe économique subie par les acteurs privés de l’économie. De nombreux secteurs ont dû s’arrêter pendant plusieurs semaines. Certains n’ont toujours pas repris une activité libre : c’est le cas des restaurants, des bars, de l’hôtellerie, et de bien d’autres encore.
Dans tous ces univers, le chômage partiel a sévi, causant des pertes partielles de salaires. Dans d’autres secteurs, nous savons tous que le compte à rebours du plan social est enclenché.
Pendant ce temps, les fonctionnaires ont été épargnés par les efforts. Ils ont conservé leur traitement plein, que leur activité soit interrompue ou non. Ils savent qu’ils seront épargnés par les plans sociaux. Et leur progression salariale automatique continue comme si de rien n’était.
Certains trouvent même l’énergie d’en demander plus : des revalorisations salariales, du temps de travail en moins, des effectifs en plus.
On rêve !
Le remboursement de la dette sera pour le secteur privé
Progressivement, se pose la question du remboursement de la dette colossale contractée durant l’épidémie. Beaucoup prônent son cantonnement, première étape vers son annulation. D’autres, comme c’est le cas chez LREM, proposent une solution alternative : limiter l’effort de remboursement aux salariés du privé.
Des parlementaires du parti majoritaire viennent en effet de proposer que le seul effort en matière de dépenses publiques se limite à la réforme des retraites pour laquelle le président de la République se bat depuis plusieurs années, et tout particulièrement depuis plusieurs mois.
De loin en loin, Bruno Le Maire répète que cette réforme sera une priorité de l’après-Covid. On comprend pourquoi, et le mérite des parlementaires LREM qui ont rédigé une note sur le remboursement de la dette est d’avoir craché leur pastille : la réforme des retraites doit servir à diminuer les dépenses publiques.
Les observateurs du dossier noteront qu’il s’agit là d’un dévoilement de Polichinelle qu’on pouvait suspecter depuis plusieurs mois, mais qui brise le tabou instauré par Emmanuel Macron.
Jusqu’ici, le Président avait laissé croire que la réforme systémique servait la justice, mais ne dégagerait pas d’économie nouvelle. Désormais, on a mis au vestiaire les pudeurs de jeune fille, les grandes déclarations morales sur la justice, et l’on admet les fondamentaux : la réforme des retraites permettra de faire des économies.
Mais quelle réforme des retraites ?
Toute la question est évidemment de savoir en quoi consistera la réforme. Depuis plusieurs mois, il est admis que la réforme adoptée au forceps en février 2020, mais jamais promulguée, restera en suspens. Une version simplifiée de la réforme devrait intervenir.
En quoi consistera-t-elle ? Nous parions ici sur son recentrage autour du secteur privé. Pour des tas de raisons techniques, les fonctionnaires resteront exclus du système. Donc la réforme s’appliquera essentiellement aux salariés « privés » et c’est sur eux seuls que l’effort sera ramassé.
Rappelons que la méthode de calcul doit soumettre les salaires jusqu’à 10 000 € mensuels à cotisation. La possibilité de fuir le système sera donc limitée, et les marges pour cotiser à des régimes supplémentaires seront réduites.
Autrement dit, pour éviter d’écrémer le nombre de fonctionnaires et de diminuer les coûts de la bureaucratie, le gouvernement s’apprête à faire payer les salariés et les classes moyennes, probablement en augmentant leurs cotisations retraite et en réduisant leurs droits à pension.
Le grand racket fiscal n’a pas de limite, même par temps de pandémie.