EDF va coûter des dizaines de milliards aux contribuables, qui n’ont pas l’air… au courant !
Fidèle à sa stratégie de douche écossaise, et après ses déclarations alarmistes sur la « fin de l’abondance » (elle n’existe que pour ceux qui ont accès aux liquidités de la BCE) et à la fin de « l’insouciance » (qui prend encore la vie avec légèreté après le cauchemar sanitaro-totalitaire du Covid ?), Emmanuel Macron a chargé Elisabeth Borne, Olivier Véran et Gabriel Attal de rassurer les Français.
Le scénario de l’explosion de la note de gaz et d’électricité à la britannique leur sera épargné.
Il aurait aussi bien pu citer l’exemple de la Belgique où il n’existe pas non plus de « bouclier tarifaire ». Pour beaucoup de Belges, la note d’électricité risque de dépasser le montant du loyer dès cet automne ! Mais qui peut croire que les Français vont pouvoir continuer de se chauffer à des tarifs abordables sans passer à la caisse à un moment ou un autre ?
Savoir-faire perdu
Qui paye la différence ? Pour l’instant, c’est EDF. Mais, comme l’entreprise va être nationalisée, ce sera au final le contribuable, comme d’habitude, et la facture va se chiffrer en dizaines de milliards.
Cette facture était déjà lourde avant que n’éclate le conflit russo-ukrainien, puisque l’arrêt successif de 10 – puis 14, puis désormais 30 – réacteurs sur 56, avait fait exploser le coût du gigawattheure dès l’automne 2021.
Emmanuel Macron avait dès 2021 chargé EDF de réaliser le rachat des activités nucléaires de General Electric à 2 Mds€, ce qui va permettre à la France de reprendre la main sur la maintenance de ses propres centrales et de retrouver une souveraineté technologique nécessaire pour assurer la construction de futurs réacteurs EPR.
Un savoir-faire manifestement perdu au cours des trois dernières décennies, puisque le chantier du réacteur EPR de Flamanville, sensé coûter 3,3 Mds€, s’avère un cauchemar d’une ampleur quasi-inimaginable. Alors que la construction avait été lancée fin 2007 pour une mise en service initiale prévue fin 2012, le chantier aura vécu une succession de déboires jamais vus en 40 ans : fissures dans la dalle de béton (le « radier » situé sous la cuve du futur réacteur) détectées dès 2008, soudures à refaire, anomalies sur la cuve elle-même, ajouts de systèmes de contrôle non budgétés, etc.
La barre des 11 ans de retard et des 9,5 Mds€ de surcoût (12,5 à 13 Mds€ estimés au final) risque d’être franchie, puisque l’activation du réacteur est désormais annoncée pour le deuxième trimestre 2023 : le temps de procéder aux essais, la production à plein régime ne pourra pas débuter avant fin 2023/début 2024, trop tard pour subvenir aux besoins de la France durant les pics de consommation de la période des fêtes.
Nous espérons que cet EPR sera opérationnel pour les Jeux olympiques de juillet 2024 !
La plus élémentaire logique aurait consisté à prolonger l’exploitation de la centrale de Fessenheim – parfaitement opérationnelle après une rénovation en profondeur et pas du tout vétuste, après ses 43 ans de bons et loyaux services en 2020, comme l’ont prétendu les écologistes – jusqu’à ce que Flamanville prenne le relais.
A production équivalente
Au moins, la France aurait eu de l’électricité à vendre à l’Allemagne (deux fois 900 MW : de quoi subvenir aux besoins d’un demi-million d’usagers et de plusieurs usines), au lieu d’importer, pour la première fois cette année, une électricité produite… au charbon ! La France va également rouvrir une centrale thermique en Lorraine d’ici cet hiver.
Tout cela parce que le président a cédé aux exigences des écolos : on flirte avec le sublime !
Rappel : cette décision s’inscrivait dans le cadre du projet du gouvernement Hollande en 2016 (auquel participait Emmanuel Macron en tant que ministre de l’Economie) de réduire la part du nucléaire de 75% à 50% dans la production d’électricité du pays d’ici à 2035.
Le « renouvelable » (éolien et photovoltaïque) devant théoriquement prendre le relais et compenser la fermeture échelonnée des 14 réacteurs les plus anciens.
Mais même des projets pharaoniques comme l’installation de 70 éoliennes en mer (au large de Fécamp en Normandie) dotés de mats de 100 mètres soutenus par des socles de 50 mètres de haut et de 5 000 tonnes chacun (350 000 tonnes de béton en tout, soit l’équivalent plusieurs EPR) ne délivreront que 13% du courant produit par la seule scentrale Fessenheim avant sa mise à l’arrêt.
Il faut donc au minimum 500 éoliennes de grande puissance pour remplacer Fessenheim, et 390 pour égaler un EPR de la derrière génération (1 400 MWh)… mais c’est en fait pire que cela car, sans vent, la production peut tomber momentanément à presque rien. Il faut alors en urgence trouver une source de substitution « pilotable » – et probablement carbonée s’il elle est d’origine allemande.
La France va se chauffer au charbon comme jamais elle ne l’avait fait depuis la fermeture des houillères de Lorraine dans les années 1980. Cependant, à l’époque, ce charbon ne coûtait pratiquement rien et la qualité de l’air ne servait pas de prétexte à l’interdiction de circuler pour les catégories de véhicules les plus polluants au cœur des villes.
Les automobilistes sont accusés de tous les maux alors que l’essentiel des « particules » détectées dans le ciel de Paris durant l’hiver proviennent depuis plusieurs années des centrales au charbon du nord-est de l’Allemagne et de Pologne.
Et le comble, c’est que les « bons citoyens » qui ont opté pour des véhicules électriques les rechargeront avec du courant produit… au charbon.