Bill Bonner médite sur « l’excès d’épargne » et les soi-disant « connaissances » de certains économistes… mais est interrompu par une rencontre impromptue.
Nous étions sorti nous promener ce week-end. Tandis que nous cheminions, nous réfléchissions à la reprise en « K »… et de quelle manière elle avait favorisé l’industrie financière et les 10% les plus riches, tout en laissant les autres sur place…
… Comment les « relances » fédérales ne relancent que les prix des actifs… tandis que l’économie réelle s’enfonce dans une dépression prolongée et peut-être perpétuelle…
… Et comment se fait-il que des gens intelligents – pour la plupart – pensent pouvoir remplacer les vrais revenus et la vraie richesse créés par une vraie économie… par la fausse monnaie des autorités ?
Comment se fait-il que des gens intelligents – dont bon nombre sont diplômés d’économie – puissent croire des choses aussi fantasmagoriques, en dépit de données historiques écrasantes (sans parler du bon sens pur et simple) prouvant le contraire ?
Larry Summers, ancien secrétaire au Trésor US et ancien directeur de Harvard, a pris le temps d’envoyer une note à la future administration, avertissant que :
« … les taux d’intérêts en tendance baissière en dépit de déficits budgétaires très élevés indiquent que le défi macroéconomique mondial est l’absorption et le déploiement efficaces de l’épargne privée dans un monde où les opportunités d’investissements privés sont en diminution.
Que l’on accepte ou non le concept de stagnation séculaire, les taux d’intérêts réels ultra-bas indiquent un excès naissant de la masse d’épargne. C’est la cause ultime d’excès de levier, de bulles d’actifs, d’une croissance paresseuse et d’une inflation insuffisante. »
M. Summers se sent peut-être malin en disant cela… et peut-être qu’il est très admiré par des gens qui pensent que les gens intelligents disent des choses comme ça…
… Mais ce n’est guère plus que la tirade d’un imbécile imbu de lui-même.
Comme les dieux doivent rire. M. Summers pense savoir ce dont le monde a besoin !
Le « monde » n’en a rien à faire des « défis macroéconomiques » – en encore moins de ce qu’ils sont selon M. Summers.
En tous les cas, le monde n’a jamais eu de souci pour absorber ou déployer l’épargne privée. Les opportunités d’investissements privés ne sont jamais en diminution ; elles sont ce qu’elles sont. Les gens font ce qu’ils veulent de leur propre argent. Cela ne regarde pas M. Summers.
Quant à un « excès » d’épargne, ce n’est pas cela qui cause des bulles ou une croissance lente. La cause en question, M. Summers pourrait la découvrir en se regardant dans le miroir.
Ce sont les empêcheurs de tourner en rond – avec leur fausse monnaie, leurs taux d’intérêts artificiellement bas, leurs renflouages et leur illusion que c’est eux, plutôt que les épargnants eux-mêmes, qui doivent décider ce qu’il convient d’en faire – qui ralentissent, déforment et pervertissent l’économie réelle.
Quant à l’inflation… comment M. Summers saurait quelle est la bonne dose ? A quelle sorte de vaudou a-t-on affaire ? Cette idée est cinglée… ou idiote, purement et simplement.
Alors comment se fait-il que M. Summers croie à toutes ces choses ?
Nous réservons notre hypothèse pour un autre jour.
Trop mignon !
Engagé dans ces réflexions, penché sur la pente que nous gravissions, les mains nouées dans le dos, nous avons été soudain rappelé à la réalité.
Nous venions de rencontrer un troupeau d’environ huit burros – des ânes sauvages, six adultes et deux tout petits… Ils étaient devant nous, à quelque distance, et se sont enfuis en nous voyant, franchissant une colline pour disparaître dans les broussailles.
Comme les chevreuils dans le Maryland, les burros sont des nuisibles. Nous avons construit des clôtures de fil de fer tout autour de la ferme pour les empêcher d’entrer… et nous fermons le portail tous les soirs.
Les poulains sont très mignons, cela dit. Les adultes sont gris, mais les petits sont tout duveteux, avec un pelage noir, ressemblant plus à des peluches d’enfant qu’à des animaux sauvages.
« Nous en avions recueilli un qui avait été abandonné par sa mère », a commenté un voisin. « Nous l’avons ramené à la maison et traité comme un animal de compagnie. Il jouait avec les chiens – il se prenait pour un chien.
« Mais il n’a jamais été entièrement domestiqué. Quand il est devenu plus grand, nous avons dû le relâcher dans les pâturages. »
Attaque !
Nous admirions ces jolis petits animaux tandis qu’ils bondissaient par-dessus les buissons et les rochers… presque en panique… quand quelque chose a attiré notre œil, à droite, légèrement en retrait.
Ce n’était qu’un éclair de couleur entre les arbres et les buissons, brun comme les collines environnantes… à ras de terre, mais en mouvement.
C’était de cela que les burros avaient peur, non de nous : un puma. Il guettait les burros. Ou nous.
Les lions de montagne et les pumas sont les seuls ennemis des burros. Ils s’attaquent aux jeunes et aux plus vieux… ceux qui sont trop faibles pour se défendre. Dans les montagnes, ils tuent bon nombre de veaux, moutons, chèvres et lamas.
Ils ne s’en prennent jamais aux humains, cependant, à moins d’avoir leur petit avec eux… ou de se sentir en danger.
Tout de même, nous ne voulions pas entrer dans l’Histoire comme le premier gringo dévoré par un puma dans la région.
Nous avons ramassé un caillou – que nous avons rejeté, trop léger, pour en choisir un autre. Nous pourrions probablement repousser l’animal en lui jetant des pierres.
Ou bien, s’il nous attaquait, nous pourrions sans doute lui asséner un bon coup sur la caboche.
Mais si nous manquions ?
Nous avons décidé de battre en retraite, partant lentement vers la gauche, au bas de la colline, loin des burros et du puma. Arrivé à une clairière, nous nous sommes arrêté pour regarder derrière nous.
Après une minute d’immobilité, nous avons une nouvelle fois aperçu un mouvement… mais nous ne pouvions voir ni la vitesse ni la direction.
Le soir tombait. Nous avons décidé de ne pas nous en soucier.
Après tout, nous devions réfléchir au budget fédéral !