La Chronique Agora

La reine des bulles

bulles, Cathie Wood, inflation

Tous les ingrédients étaient réunis, l’eau se met à bouillir, et les bulles commencent à éclater : la recette de l’inflation est suivie à la lettre ! En Bourse, certains investisseurs s’en sortent mieux que d’autres… tandis que certains s’en sortent vraiment très mal.

On n’a pas toujours ce que l’on veut ou ce que l’on attend dans la vie… mais on récolte souvent ce que l’on sème.

Corollaire : Normalement, ce qui doit arriver arrive. Mais pas toujours quand on s’y attend.

Lorsque le gouvernement fédéral a décidé de repousser les limites de la bêtise humaine en 2020, il ne fallait pas être un génie pour savoir que cela engendrerait une poussée d’inflation. Il était simplement impossible de savoir quand elle aurait lieu.

En l’espace de 18 mois, la Fed a gonflé son bilan de 4000 Mrd€.  Et le gouvernement a distribué des milliers de milliards sous la forme d’aides financières. Pendant ce temps-là, les entreprises fermaient. Tout a été fait pour décourager la production.

Tous les ingrédients étaient réunis pour engendrer une poussée d’inflation.

Seuls les économistes de la Fed n’ont rien vu venir. Désormais, l’inflation est là, à un niveau sans précédent depuis les années 1970.

Autre certitude : les entreprises technologiques survalorisées en bourse et destructrices de richesse allaient retomber sur terre. Les investisseurs n’allaient pas continuer à payer des prix extravagants pour des entreprises déficitaires. La bulle finirait par éclater tôt ou tard. Et on dirait bien qu’elle en train d’éclater maintenant.

La chute d’ARRK

Cathie Wood est la reine des « têtes vides » qui font gonfler les bulles. Voyez donc ce qui lui arrive, selon le Wall Street Journal :

« Les parts de l’ETF ARRK ont perdu 45% de leur valeur depuis le début de l’année 2022, dont 21% sur le seul mois d’avril. La hausse des taux d’intérêt plombe les entreprises dont la valorisation boursière est calculée en fonction des prévisions de forte croissance. »

A de rares exceptions près, les gens n’investissent pas en Bourse pour le plaisir. Ils investissent en Bourse pour gagner de l’argent. Sur un marché intègre, ils gagnent de l’argent grâce aux bénéfices des entreprises, qu’ils soient distribués sous la forme de dividendes ou conservés en trésorerie par les entreprises.

Mais, depuis 2009, les marchés opèrent de manière frauduleuse et bon nombre d’entreprises affichant des valorisations boursières de plusieurs milliards de dollars ne gagnent pas le moindre sou. Elles absorbent du capital (sous forme de titres de participation ou de titres de dette) et ne donnent rien en retour.

C’est notamment le cas de Zoom, qui a touché le jackpot quand le gouvernement a décidé de mettre l’économie à l’arrêt. Du jour au lendemain, « zoom » était sur toutes les lèvres ! Tout le monde voulait être de la partie. Zoom le matin. Zoom à midi. Zoom jusque tard le soir. Avec des collègues, des proches ou des amis.

Coincés en Argentine, nous organisions des visioconférences Zoom avec tout le monde. Mais, comme toutes les autres personnes qui utilisaient Zoom, nous n’avons pas payé le moindre centime pour profiter de ce privilège. Zoom était un service formidable. Pour l’entreprise, le défi était de gagner de l’argent avec ce service.

Tant que la Fed continuait à abreuver Wall Street de crédit, peu importaient les bénéfices des entreprises. Les cours augmentaient. Et les investisseurs espéraient gagner de l’argent grâce à des plus-values, et non pas grâce aux bénéfices des entreprises.

Des pertes réelles

Mais la Fed a mis un terme à ses achats obligataires. Elle laisse les obligations qu’elle détient en portefeuille arriver à échéance. La Fed a également durci sa rhétorique, menaçant de relever ses taux d’intérêt, ce qui grèverait la capacité des entreprises déficitaires à lever de nouveaux financements par la dette.

De plus, à l’heure où l’économie revient à la normale, Zoom perd de son intérêt. Il est désormais possible de se parler en face à face.

Que va-t-il donc se passer ? Les entreprises survalorisées en Bourse vont s’effondrer. Cela a déjà commencé.

Zoom a affiché pendant un temps un ratio prix/bénéfices (PER) de 124. Il est désormais de 7. Palantir affichait un PER de 45, lequel ressort désormais à 15. Lemonade présentait un PER de 107 : il s’est replié à 9.

RobinHood a séduit les foules en permettant de boursicoter rapidement à bas coût. Le cours de l’action a atteint 26 fois ses bénéfices. Il est désormais de 4 seulement.

De nombreuses jeunes pousses technologiques prometteuses sont en train de s’effondrer en Bourse. Teladoc a dévissé de 77%. Block a perdu 57%. Exact Science a chuté de 85%. Unity Software a reculé de 58%. Et Twilio s’est repliée de 66%.

Le constat est simple : on récolte généralement ce que l’on sème. Reste à savoir qui sera le prochain à mordre la poussière.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile