Par Ingrid Labuzan (*)
Année dépensière : voilà comment Les Echos qualifient 2009, à la suite de l’estimation par Eric Woerth, ministre du Budget, du déficit public. Ce dernier l’évalue en effet à 7%-7,5% du PIB, soit environ 115 milliards d’euros.
De plus, ajoute le ministre, "nous serons probablement au même niveau en 2010. Nous infléchirons les déficits en 2011". Bien que les chiffres soient plus mauvais que prévu, Eric Woerth insiste toutefois sur la différence entre le déficit " dû aux frais de fonctionnement, très mauvais, et l’autre dû à la relance, différent".
Le Figaro donne un compte détaillé des principaux postes responsables du creusement du déficit. La Sécurité sociale pèse ainsi 20 milliards d’euros et les collectivités locales cinq à six milliards. "Bercy chiffre à 80 milliards d’euros le déficit dû aux moindres recettes fiscales et aux dépenses anticrise." Le ministre a également révélé que les recettes fiscales de 2009 seront équivalentes à celles de 1999, rapporte le quotidien.
Les recettes de l’impôt sur les sociétés se sont réduites, alors que ces dernières sont plongées dans les difficultés économiques. Mais, selon le ministre, la part des dépenses liées à la relance pourrait diminuer dès l’année prochaine.
Une quête insatiable d’argent frais
Face à cet effondrement du déficit, "l’Elysée entend faire des économies", écrit Le Monde. D’où les différentes pistes annoncées par Nicolas Sarkozy lors de son discours à Versailles, comme la réforme de la retraite. Il est encouragé dans cette voie par les déclarations de la BCE.
Après avoir lâché du lest, Jean-Claude Trichet appelle de nouveau à la discipline budgétaire à partir de 2010. Evidemment, la solution la plus facile pour récolter de nouveaux fonds consisterait à augmenter les impôts. Une solution pour l’instant repoussée. "Plus on augmente les impôts, plus on retarde la sortie de crise",a argumenté Eric Woerth, dont Nicolas Sarkozy a confirmé les propos à Versailles.
Ce dernier y a également annoncé une nouvelle opération pour remplir les caisses : un grand emprunt d’Etat. Le dernier, l’emprunt Balladur, réalisé auprès des particuliers, date de 1993. Un succès. "En effet, à l’époque, le gouvernement avait proposé un taux d’intérêt de 6%, qui était certes avantageux pour les particuliers, mais s’était révélé lourd pour les caisses publiques", rappelle Le Figaro.
Aujourd’hui, cet emprunt entre dans la nouvelle logique de l’Etat : "trouver des marges de manoeuvre nouvelles lorsque la situation paraît les avoir toutes effacées", selon Les Echos. L’argent servirait donc à financer les grands projets d’investissement du gouvernement. Le quotidien poursuit : "Le nouveau gouvernement Fillon […] sera invité à lancer une vaste consultation de trois mois […], afin de définir ‘les priorités nationales’ sur lesquelles la France doit investir.
Et, pour les financer, un grand emprunt sera lancé." Les modalités de cet emprunt et son taux de rémunération seront donc connus dans les mois à venir. A noter déjà toutefois, pour ceux qui seraient intéressés, qu’un emprunt national se distingue des OAT classiques (obligations d’Etat) par l’appel direct à l’épargne des particuliers. "Il se distingue également par les conditions ou les modalités d’émission (indexation sur les prix ou l’or, régime fiscal…)", précise Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des épargnants, dans Le Figaro.
Si le taux de cet emprunt n’est pas encore connu, sachez déjà qu’il faudra être très prudent. En effet, les experts annoncent un risque de très grande inflation à partir de 2012, ce qui pourrait nuire à son rendement.
Meilleures salutations,
Ingrid Labuzan
Pour la Chronique Agora
(*) Journaliste, Ingrid Labuzan est titulaire d’une maîtrise d’histoire, d’un master d’European Studies du King’s College London et d’un mastère médias de l’ECSP-EAP. Spécialisée sur le traitement de l’information et des médias étrangers, elle a vécu et travaillé pendant six mois à Shanghai. Elle a contribué à de nombreuses publications, dont le Nouvel Observateur Hors-série. Elle rédige désormais chaque jour la Quotidienne de MoneyWeek, un éclairage lucide et concis sur tous les domaines de la finance.