La Chronique Agora

Adieu au redressement des taux d’intérêt ?

▪ Les prévisions des marchés financiers sur le prochain revirement de taux d’intérêt changent à une vitesse ahurissante. Voilà un an, Janet Yellen soulignait en termes soigneusement choisis la nécessité d’une normalisation de la courbe des taux et annonçait, pour septembre, la première hausse des taux — qui depuis a été reportée à décembre.

Les rendements sont également négatifs pour les échéances jusqu’à trois ans en Finlande, en Autriche, en Belgique, aux Pays-Bas et en France

Aujourd’hui, les marchés commencent à se demander si, en fait, il y aura vraiment une hausse des taux. Aux Etats-Unis, les rendements des bons du Trésor à six mois sont à 0%. De plus en plus de pays ont même des rendements négatifs. Le premier de la liste est la Suisse, avec -0,24% sur 10 ans. En Allemagne, les obligations d’Etat avec des maturités allant jusqu’à six ans ont des rendements négatifs. Les rendements sont également négatifs pour les échéances jusqu’à trois ans en Finlande, en Autriche, en Belgique, aux Pays-Bas et en France entre autres. Encore mieux : en Italie, ils sont négatifs à moins d’un an. Les conditions de financement sont tellement favorables qu’elles ôtent tous arguments en faveur d’une extension du programme d’achat de la BCE, comme Draghi l’a annoncé.

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Ce changement dans les anticipations des marchés a principalement pour cause l’évolution de l’économie aux Etats-Unis et en Chine. Les deux plus importantes économies du monde ont publié des indicateurs décevants qui ont un impact sur les économies émergentes et celles orientées à l’exportation. La production industrielle des Etats-Unis a baissé de 2,5% au deuxième trimestre 2015 et de 0,4% en août. Le secteur manufacturier montre une faiblesse, en particulier dans l’automobile et le secteur des équipements. L’indice ISM pour septembre est seulement à 50,2.

Dans la République populaire de Chine, le taux de croissance de la production industrielle est en baisse depuis 2010. Entre 2000 et 2010, la production industrielle a été en moyenne de 15% par an, mais en 2014, le taux est tombé à 8%. En août, il était encore 6% au-dessus du niveau de l’année précédente. Le ralentissement en Chine est la raison essentielle de la chute continue des prix des matières premières et de la faiblesse du commerce mondial.

▪ Le Baltic Dry Index est éloquent
Dans la Zone euro, les entreprises réduisent leur production ; en août, on constate une baisse de 0,5%. Les données pour juillet et août continuent à pointer vers une croissance du PIB au 3t de 0,4% à 0,5% dans la Zone euro.

D’autres indicateurs avancés donnent des perspectives sombres pour la poursuite du développement du commerce mondial

D’autres indicateurs avancés donnent des perspectives sombres pour la poursuite du développement du commerce mondial. L’indicateur le plus connu au monde pour les coûts globaux de fret maritime, le Baltic Dry Index, est en train de tester le plus bas niveau jamais vu. Cet indice, qui mesure le coût d’expédition des marchandises en vrac (du minerai de fer jusqu’au blé), n’a pas cessé de chuter depuis 2008. Il est considéré comme très fiable car il repose sur des contrats de livraison à long terme, entre des partenaires commerciaux expérimentés, dont les estimations actuelles concernant leurs futures affaires sont loin d’être optimistes.

En revanche, les marchés financiers sont très heureux de voir s’éloigner la perspective d’une remontée des taux. Sur la plupart des marchés boursiers, les cours se sont quelque peu redressés. L’indice des prix à la consommation est toujours autour de 0%, mais c’est surtout dû à la forte baisse des prix de l’énergie et des matières premières.

Sans les perspectives d’une remontée des intérêts aux Etats-Unis, les risques de baisse sur le dollar américain sont élevés. Dans les pays émergents, une faiblesse du dollar américain serait bienvenue, car il serait plus facile de financer l’énorme montagne de dette libellée en dollar.

Conclusion : les perspectives économiques s’assombrissent partout dans le monde. Les indicateurs avancés pour les deux plus grandes économies mondiales sont particulièrement décevants. La situation ressemble vraiment à celle du Japon où le PIB est en stagnation depuis 25 ans.

Qui plus est, les banques centrales ont joué toutes leurs meilleures cartes et ont déjà laissé passer l’occasion de normaliser la structure des taux d’intérêt. Un retour à la normalité est devenu très difficile et le deviendra encore plus, si la politique monétaire ultra-expansive est maintenue. Taux zéro et taux négatifs favorisent la formation de bulles en mettant les épargnants et les investisseurs dans une situation d’urgence. La liquidité et les métaux précieux sont recommandés.

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