La Chronique Agora

Recyclage ou extraction, les matières premières ont de beaux jours devant elles

▪ Quel âge a votre voiture ?

Trois ans ? Cinq ans ? Huit ans ? Plus ? La raison pour laquelle je pose cette question est que dans leur ensemble les voitures ressemblent beaucoup à des mines — des mines de fer par exemple ou des mines de cuivre, voire des mines de platine. De plus, comme les mines, les voitures contiennent, elles aussi, beaucoup de minerais.

Voyons plutôt…

Supposons que votre voiture pèse deux tonnes. Dans ces deux tonnes, on compte au moins une demi-tonne d’acier, ce qui fait une teneur de base en fer de 25%. Ce chiffre est encore plus élevé si l’on considère qu’une voiture à la casse est démantelée. Le bloc moteur et la carrosserie sont presque entièrement en acier (ou, dans certains cas, en aluminium, si c’est ce que vous voulez recycler).

En outre, dans une voiture moderne, on compte environ 25 kilos de cuivre — il y en a beaucoup plus dans un véhicule hybride comme la Toyota Prius. Par conséquent, pour une voiture de base, on obtient une teneur globale en cuivre d’environ 1,25%, ce qui est respectable comparé à ce qu’on extrait de la mine, par exemple dans les montagnes du Chili ou l’Outback en Australie. A nouveau, comme pour les composants en acier, la teneur en cuivre de la voiture s’accroît lorsqu’on extrait l’alternateur, et quelques autres composants riches en cuivre.

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Considérons aussi le pot catalytique de votre voiture. Il contient du platine (Pt) pour les voitures à essence et/ou du palladium (Pd) pour les moteurs diesel. Selon la taille de la voiture, le pot catalytique peut contenir entre 5 et 10 grammes de Pt/Pd, ce qui est une teneur bien plus importante que ce qu’on extrait des mines d’Afrique du Sud.

Soit dit en passant, les gros camions possèdent des pots ayant 30 ou 60 grammes (ou plus) de Pt/Pd. Cela représente exactement une teneur en métal du groupe des platineux correspondant à une valeur de plusieurs milliers de dollars. En effet, c’est pour cela que certains voleurs ciblent les pots catalytiques des véhicules. Ils savent où se trouve l’argent — il roule sur les routes.

Je réfléchis aux voitures et aux métaux depuis mon séjour en Afrique du Sud, il y a un peu plus d’une semaine. Venant des Etats-Unis — et ayant passé pas mal de temps au Canada également — je vis la majorité du temps dans le monde développé. La plupart des ressources en métal dont a besoin notre civilisation est déjà là, sous nos yeux — routes, ponts, voitures, camions, trains, bâtiments, etc.

Certes, ici en Amérique du Nord, nous construisons de nouvelles routes, des ponts, des immeubles et j’en passe. Mais ces nouvelles constructions se font plutôt à un rythme d’entretien — ou à un rythme de lente expansion. C’est-à-dire que l’Amérique du Nord — comme l’Europe et le Japon — est déjà plus ou moins achevée en termes de construction. Nous ne construisons plus de nouvelles villes. Nous n’ajoutons plus de grandes quantités de kilomètres d’autoroute chaque année. Les ventes de voitures marquent le pas si elles ne déclinent pas (comme en Europe).

Par conséquent, dans le monde développé où nous vivons, il existe une demande régulière pour de nouveaux minéraux, minerais et autres ressources de base. Mais cette demande n’augmente pas globalement et une grande partie est satisfaite en recyclant ce qui est déjà là — ce qui roule sur les autoroutes comme je l’ai décrit plus haut — ou en recyclant des composants de bâtiments démolis, comme l’acier, les câbles électriques, etc.

▪ Dans d’autres parties du monde, en revanche…
Considérons à présent un pays comme l’Afrique du Sud — sans parler du poids lourd du développement qu’est la Chine. Ces pays ont besoin de nouveaux matériaux. Par « nouveaux », j’entends tirés directement du sol, parce qu’ils construisent les premières générations de routes, ponts, bâtiments, véhicules, etc. modernes. En outre, il n’y a pas grand-chose à recycler — voitures « anciennes », immeubles démolis, appareils mis au rebut, etc. — dans des pays comme l’Afrique du Sud ou la Chine.

Sur ce dernier point, il est intéressant de remarquer qu’au cours de ces deux dernières années, la Chine a utilisé (et a fabriqué) plus de la moitié de la production annuelle d’acier — environ 750 millions de tonnes, pour une production mondiale s’élevant au total à 1,5 milliard de tonnes. Ceci a nécessité d’énormes importations par la Chine de charbon et de minerai de fer en provenance d’Australie, du Brésil, du Canada et d’autres régions. A la fin des années 1990 et au début des années 2000, la Chine importait même des aciéries entières de pays comme l’Allemagne où elles n’avaient plus aucune utilité.

Mais si presque tout l’acier chinois provient de minerais primaires, sortis tout droit de la terre, près de 60% ou plus de l’acier dans le monde développé provient du recyclage. Il s’agit ici de deux choses différentes.

Le recyclage est plus efficient, dans tous les sens du terme. D’abord, on réutilise quelque chose qui est déjà là. On évite ainsi la mine et l’aciérie. On donne à ces atomes de fer et aux autres alliages une deuxième vie. En outre, il est plus efficient d’un point de vue énergétique de remettre à la fonte du « vieil » acier plutôt que de fabriquer du nouvel acier à partir de minerai brut.

En particulier, il serait intéressant de comparer le « coût énergétique » global pour extraire du charbon et du minerai de fer, le transporter en Chine, le brûler dans un four et couler de l’acier, par rapport au coût énergétique pour récupérer de vieux blocs moteurs ou de l’acier de construction, les placer dans un creuset et faire fondre le tout dans un four à arc électrique.

Ce qu’il faut noter ici c’est qu’il existe deux « mondes de ressources » distincts. Il y a le monde de l’extraction minière primaire, un monde de gros trous dans la terre et d’énormes « engins de chantiers jaunes » (bulldozers, grues, pelleteuses…) charriant des tonnes de minerais. Et puis il y a le monde du recyclage, dans lequel la matière première roule le long des autoroutes.

A l’avenir, je pense que les deux mondes se développeront et offriront des opportunités d’investissement.

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