Le gouvernement fédéral doit refinancer 16 000 milliards de dollars au cours des quatre prochaines années.
Lorsque M. Trump a parlé d’un nouvel âge d’or dans son discours post-victoire, nous avons immédiatement pensé à l’âge d’or de la Grèce, lorsque Périclès a prononcé sa célèbre oraison funèbre. Athènes était en guerre, et nombreux étaient ceux qui pensaient qu’il était nécessaire d’abandonner, demander la paix… et se remettre au travail. Pas Périclès. Il y a vu l’occasion de rendre à Athènes sa grandeur d’antan.
Périclès était un va-t-en-guerre, et n’était pas un mauvais orateur. Les Athéniens se sont ralliés à lui, ont revêtu leurs panoplies de guerriers – épée et bouclier – et les cris ont retenti dans la ville tandis que les hommes, jeunes et vieux, partaient au combat.
Le résultat fut une défaite écrasante, qui entraîna la destruction de l’empire athénien, la conquête de la ville d’Athènes, son occupation par des troupes étrangères… et la réduction de sa population en esclavage.
Ce n’est pas un bon exemple de l’esprit d’élévation que nous recherchons aujourd’hui…
Revenons-en à Donald J. Trump.
L’un de nos très chers lecteurs nous a écrit pour nous dire ceci :
« Oui, il y a toute une chaîne de montagnes de dettes, mais que se passerait-il si les politiques de Trump amélioraient réellement les choses ? Et si l’industrie manufacturière revenait massivement aux Etats-Unis (le pays a-t-il d’autres choix que de l’encourager ?) Et si les prix de l’énergie chutaient de 30 à 50% ? Que se passerait-il si les réglementations et l’emploi au sein du gouvernement fédéral étaient réduits de manière significative ? Et si l’économie commençait à croître de 4 à 6% ? »
Scott Bessent, un possible candidat au poste de secrétaire au Trésor de Trump, a déclaré ceci dans le Wall Street Journal :
« L’échec des Bidenomics est évident. Mais M. Trump a déjà redressé l’économie et il est prêt à le faire à nouveau. Les économistes [ou les lauréats du prix Nobel] ne le comprennent peut-être pas, mais les marchés financiers ont clairement parlé. »
Et depuis l’élection d’Herbert Hoover en 1929, ils n’ont jamais crié aussi fort. Le bitcoin s’échangeait à plus de 91 000 dollars ce matin. Le Dow Jones était en baisse, mais toujours proche d’un niveau record.
M. Bessent a fait au moins un clin d’œil au raz-de-marée de dettes qui va bientôt déferler sur la nouvelle administration. « M. Trump doit également s’attaquer aux emprunts du gouvernement », dit-il. Mais il pense que le problème réside dans le fait qu’il s’agit d’une « dette coûteuse à court terme » qui doit être « gérée avec doigté ».
Eh bien, bonne chance ! Le problème n’est pas une question de durée, mais de montant. M. Bessent devrait écouter le marché plus attentivement. Car il nous dit que les taux d’intérêt vont augmenter pour couvrir la dette. MarketWatch rapporte :
« Le rendement du Trésor à 10 ans franchit des niveaux de résistance clés en route vers les 5%.
Depuis la mi-septembre, le rendement largement suivi a franchi un niveau de résistance après l’autre, en commençant par 4,21% et 4,3%, ce dernier étant décrit comme une ligne proverbiale dans le sable qui a commencé à causer des problèmes au marché boursier au cours de l’année écoulée… Le taux a augmenté d’environ 80 points de base par rapport à son niveau le plus bas sur 52 semaines (3,62%), atteint le 16 septembre. »
Au cours des douze derniers mois, les autorités fédérales ont déjà payé 1,13 trillion de dollars d’intérêts sur la dette américaine. Il est peu probable que ce montant diminue, compte tenu de la hausse des taux et de l’augmentation de la dette de 3 milliards de dollars par jour.
Maintenant que les marchés ont bien vu qu’un véritable tsunami s’approche, ils pourraient se dire qu’il est temps de prendre de la hauteur. Les autorités fédérales doivent refinancer 16 000 milliards de dollars au cours des quatre prochaines années. A cela s’ajoutent des déficits qui devraient s’élever à 2 000 milliards de dollars par an.
Les investisseurs se souviendront peut-être aussi que Donald Trump a alourdi la dette américaine de 8 000 milliards de dollars au cours de son premier mandat. Il n’est donc pas difficile d’imaginer un total de près de 44 000 milliards de dollars à la fin de ce mandat, avec un rendement de 5% pour une grande partie d’entre eux. Cela signifierait que les paiements d’intérêts pourraient atteindre plus de 2 000 milliards de dollars par an. Les investisseurs aimeraient savoir comment les autorités fédérales vont gérer cette situation. En continuant à imprimer de l’argent ?
Pour ne rien arranger, quelques jours seulement après l’élection, M. Trump fait déjà appel à ses rapaces – rapaces de la guerre, du commerce, et de la Chine. Ceux qui veulent réduire les déficits fédéraux en réduisant les dépenses ou en augmentant les impôts, sont jusqu’à présent remarquablement absents.
Ils sont probablement absents parce qu’ils n’existent pas. Les membres du Congrès, les politiciens, et les lobbyistes en tout genre gagnent leur argent et leur pouvoir en dépensant l’argent du public, et non en l’épargnant. Et comme dans un cauchemar freudien, en l’absence de coupes budgétaires sérieuses, « l’âge d’or » pourrait se transformer en quelque chose de beaucoup moins attrayant.