▪ C’est le désespoir chez votre correspondante.
Contrairement à l’actualité "générale", entièrement consacrée ou presque à la catastrophe aérienne dans les Alpes… il ne se passe rien sur les marchés en ce moment.
Rien. Que dalle. Nada. Niente.
Tout grimpe, ou à peu près. Bon, il y a bien quelques inquiétudes ici et là, et le système va inexorablement à sa perte — mais, ma foi, la Fed est là, la BCE aussi, sans parler de la Banque du Japon… Donc tout ça va bien tenir pendant encore quelque temps, hein.
Comme le disait Bill Bonner mardi, "les affaires continuent. Le joueur de piano restera courbé sur son clavier. Le barman continuera à faire couler l’alcool. Les tricheurs professionnels continueront à tirer des as de leur manche. Et à l’étage, les filles continueront à faire commerce de leurs charmes".
Pourquoi est-ce que ça s’arrêterait ? Tout le monde est content — plus ou moins :
"Les gouvernements eux-mêmes empruntent pour récompenser leurs secteurs favoris, financer leurs éléphants blancs et acheter des votes afin de maintenir la paix sociale", continue Bill. "Les entreprises empruntent quant à elles pour enrichir les dirigeants et/ou les actionnaires (plus ou moins dans cet ordre). Des mauvais investissements, des escroqueries, des usines à gaz et des distributions gratuites — exactement ce à quoi on pouvait s’attendre".
▪ Tout va bien donc… jusqu’à ce que ça n’aille plus. Et nous nous disions jeudi, avec ma collègue Cécile Chevré, de La Quotidienne de la Croissance, que le "ça ne va plus" pourrait bien provenir de la Grèce.
Bizarrement, les Hellènes ne font plus la une de la presse… alors que le lent écroulement du pays est à de surveiller de près — à plus d’un titre, selon Simone Wapler, qui expliquait mercredi dans sa Stratégie :
"Malgré la taille lilliputienne de l’économie grecque, il est intéressant de regarder ce qui s’y passe car le pays est un éclaireur sur la route de la faillite. Ce qui se déroule en Grèce pourrait très bien se passer en France et se passera probablement dès que les taux d’intérêt commenceront à remonter. Car aujourd’hui, les finances publiques de notre pays ne tiennent que parce que les taux d’emprunt sont négatifs jusqu’à neuf mois, ce qui permet de replâtrer les trous à court terme et de poursuivre la cavalerie".
"Athènes sera à court de liquidité le 20 avril. La fin du mois de mars s’annonce difficile pour payer les salaires et les retraites des fonctionnaires. Le gouvernement de Tsipras tape donc là où il y a encore de l’argent et notamment dans les caisses du système de santé. Ils sont veinards ces Grecs ! Malgré une dette publique de 320 milliards d’euros pour 242 milliards d’euros de PIB, ils ont moins d’hôpitaux dans le rouge que nous".
Mais rappelez-vous le mot d’ordre : pour l’instant, tout va bien.
Et Simone de continuer : "tant que les gens préfèrent acheter des obligations à taux négatifs plutôt que de laisser leur argent en banque, tout continuera à aller bien. Tout ira mal lorsque les gens, fatigués des taux d’intérêt négatifs mais toujours anxieux de laisser traîner leur argent en banque, préfèreront des trucs complètement ringards comme l’or et l’argent".
Nous n’en sommes pas encore là… mais autant prendre une longueur d’avance, non ?
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora