La Chronique Agora

A quoi sert vraiment la « balance commerciale » ? (2/2)

La balance commerciale est envisagée au niveau national – mais il serait plus utile d’examiner le rôle des individus dans les diverses transactions.

Nous avons vu hier que le rôle individuel des agents économiques est important, en termes de balance commerciale. La pratique actuelle consistant à combiner ensemble les balances commerciales des individus pour créer une balance commerciale nationale n’a que peu d’intérêt pour les entreprises.

Pourquoi une entreprise se soucierait-elle de la situation de la balance commerciale du pays ? En quoi cette information pourrait-elle l’aider dans la conduite de ses affaires ? Etant donné qu’il n’existe pas de « Société Anonyme USA » dont on pourrait acheter et vendre les actions sur le marché, la balance commerciale nationale n’est d’aucune utilité aux entreprises.

Bien que la balance commerciale nationale n’ait que peu de sens sur le plan économique et représente un concept stérile, les balances commerciales des individus et des entreprises ont en revanche une utilité économique réelle. Par exemple, la balance commerciale d’une entreprise spécifique pourrait servir aux investisseurs qui possèdent des actions de cette société. Alors qu’encore une fois, ce n’est pas le cas de la balance commerciale nationale.

L’Etat représente un plus grand danger que tout déséquilibre de la balance commerciale

Bien que la notion de balance commerciale nationale soit en elle-même inoffensive, les décisions du gouvernement en réaction à cet indicateur peuvent en revanche avoir des effets dévastateurs.

Les politiques publiques visant à atteindre un équilibre plus « favorable » de la balance commerciale par le biais de différentes mesures budgétaires et monétaires peuvent perturber l’équilibre du marché. Cette déstabilisation peut entraîner une réallocation des ressources de la production des biens et services que désirent le plus les consommateurs vers la production de biens et services moins demandés.

De surcroît, ce ne sont pas les Etats-Unis en tant que tel qui exportent du blé par exemple, mais une ferme spécifique ou un ensemble de fermes. Elles se consacrent à l’exportation de blé car elles espèrent pouvoir en tirer des profits.

De la même manière, ce ne sont pas les Etats-Unis qui importent des appareils électroniques fabriqués au Japon, mais un individu vivant aux Etats-Unis ou un groupe d’Américains. Ils décident d’importer ces appareils car ils pensent pouvoir réaliser ainsi un bénéfice.

Si la balance commerciale nationale constitue un indicateur important de l’état de santé de l’économie, comme le prétendent de nombreux commentateurs, alors on pourrait être tenté de suggérer qu’il faudrait surveiller la situation des balances commerciales à l’échelle des villes et des régions.

Des balances commerciales « locales » ?

Après tout, s’il était possible par ce biais de détecter spécifiquement les villes ou les régions qui connaissent une fragilité de leur économie, alors il serait beaucoup plus facile de remédier à la fragilité de l’économie nationale.

Imaginez alors que les économistes à New York découvrent que leur ville entretient un déficit commercial massif avec Chicago. Cela signifie-t-il que les autorités new-yorkaises devraient intervenir afin de réduire le déficit en interdisant les importations en provenance de Chicago ?

Aucun individu ou groupe d’individus ne peut véritablement souffrir d’une situation « défavorable » de la balance commerciale. En revanche, de véritables souffrances peuvent découler d’une chute des revenus des ménages qui se produirait si l’Etat détraquait l’économie.

La dette extérieure constitue un autre sophisme similaire à celui de la balance commerciale nationale.

Si un Américain décide de prêter de l‘argent à un Australien, cette transaction relève de leurs affaires privées et ne concerne personne d’autre. Les deux parties estiment bénéficier de cette transaction.

Combiner la dette de l’ensemble des individus vis-à-vis de créanciers étrangers pour calculer la dette extérieure totale à l’échelle nationale constitue ainsi une autre pratique douteuse.

Qu’est-ce que cette somme est supposée signifier ? Qui exactement doit cet argent ? Qu’en est-il de tous ceux qui n’ont aucune dette vis-à-vis de créanciers étrangers ? Doivent-ils également être considéré comme responsables de la dette extérieure nationale ?

Il n’y a qu’un seul cas de figure dans lequel les individus devraient s’inquiéter de la dette extérieure : lorsque celle-ci est due par l’Etat. L’Etat ne génère pas par lui-même de richesses et ne peut donc fonctionner qu’en ponctionnant le secteur privé.

Par conséquent, toute dette due par l’Etat vis-à-vis de créanciers étrangers représente une charge que le secteur privé devra assumer à un moment ou à un autre dans le futur.


Article traduit avec l’autorisation du Mises Institute. Original en anglais ici

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