La Chronique Agora

A quoi ressemble une crise bancaire ?

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Le temps n’est plus aux longues queues devant les agences bancaires pour récupérer des liasses de billets.

Je suis l’opposé du Cassandre. Je le répète, car beaucoup croient que je suis catastrophiste. C’est faux.

Mon travail consiste non pas à dire que la catastrophe est pour demain, mais à expliquer pourquoi, alors qu’elle est inévitable, elle peut être repoussée.

Ma conviction s’articule en quatre volets :

1) Je prétends que notre système est condamné et qu’il va se fracasser ; il est historique.

2) Je prétends que le pouvoir des apprentis sorciers qui nous gèrent est immense ; ils peuvent repousser sans cesse les échéances et donc l’heure des comptes.

3) Je prétends que le fait de repousser les échéances coûte de plus en plus cher en termes de dégâts futurs.

4) Je prétends que l’outil qui permet aux apprentis sorciers de gagner du temps, c’est la disjonction, c’est-à-dire la coupure, entre le monde réel et ses représentations. Coupure qui permet de tromper les citoyens et de les empêcher d’anticiper et de chercher à s’adapter à la catastrophe à venir.

L’habileté des autorités est extrême. Non pour gérer le monde, mais pour vous tromper.

Aucune échappatoire

J’ai toujours tenu le cap et expliqué que dans les conditions actuelles de compétition stratégique entre les Etats-Unis et la Chine, l’Amérique ne pouvait se permettre d’assainir sa situation. Comme James Dean, elle doit conduire vite jusqu’au bout avant de sauter de la voiture lancée dans le ravin pour gagner la course.

Elle ne peut procéder à la même opération que la Chine qui, elle, a choisi de crever les abcès immobiliers, bancaires et culturels pour se préparer à la future confrontation.

Elle ne peut ni accepter une récession, ni un mécontentement social, ni laisser chuter le dollar ni nuire au statut fondamental des valeurs du Trésor US comme collatéral mondial du dollar.

Les Etats-Unis doivent continuer d’assurer le beurre et les canons, maintenir le dollar comme monnaie impériale, assurer le statut des bons du Trésor comme collatéral mondial, tenir d’une poigne de fer ses alliés occidentaux… Tout cela, c’est nécessaire, face à la montée de la rivalité stratégique multiforme. C’est marche ou crève.

Les élites Américaines font le pari du « tout pour le tout », pour rafler toutes les mises, sachant que ce sont les autres, les alliés et vassaux qui paient. Ils donnent en gage, pour leur pari, les actifs et les économies de ces vassaux !

Magistrale Fed

Le fait que l’on ait joué le spectacle de l’assainissement ne prouve qu’une chose : la formidable capacité de gestion des perceptions de la Fed.

La Fed est un exceptionnel gestionnaire des marchés et des perceptions. Elle est la cheville ouvrière de l’empire américain.

La Fed gère l’Imaginaire occidental de façon magistrale ; peu importe les critiques de ceux qui, comme moi, disent que cette gestion des perceptions et de l’imaginaire conduit au chaos. La Fed s’en fiche, elle optimise au jour le jour.

La Fed a un plan B – le plan ultime – qui est le reniement de toutes les dettes extérieures des Etats-Unis, la spoliation ultime du reste du monde, semblable à la spoliation partielle qui a été infligée aux russes.

La Fed a réussi à faire croire à un assainissement, elle a purgé l’écume spéculative sur les « meme stocks », sur la technologie, sur les cryptos, et sans mettre en danger le cœur de son système : les bons du Trésor et le dollar.

Je dis bravo.

La future catastrophe financière peut intervenir à tout moment car nous vivons sous la menace d’une épée de Damoclès géante. Cette épée peut tomber sous le choc d’une défaite militaire occidentale ou sous les coups de boutoirs des pays qui contestent l’ordre « libéral » unipolaire occidental, ou bien encore, tomber sous son propre poids, par simple gravitation.

La crise financière se déroulera comme toutes les crises financières : un colossal « run », une ruée pour se débarrasser de tout ce qui est « papier ». Les valeurs de convenance ou contractuelles, les promesses, ne vaudront plus rien.

Dans l’urgence de la crise

C’est tout un système d’équivalences qui sombrera parce que ces équivalences étaient soutenues par un ordre du monde qui disparaîtra. Il y a un lien entre un système d’équivalences et un ordre de pouvoir/puissance. C’est le pouvoir qui impose et garantit les équivalences.

Il y aura :

Lorsqu’une crise bancaire frappe:

  1. Votre accès à vos fonds est limité.
  2. La disponibilité du crédit connaît une baisse drastique.
  3. Les runs bancaires arrivent, les gens font la queue pour accéder à leurs dépôts.
  4. Des fermetures de banques se multiplient.

C’est ainsi que se déroulent généralement les crises bancaires. C’est-à-dire qu’il y a une « course » sur le passif d’une ou plusieurs banques.

La ruée bancaire moderne

En pratique, une crise bancaire est une demande massive des détenteurs de dette bancaire pour la convertir en espèces ou en d’autres formes liquides d’actifs ou en valeurs réelles comme l’or métal. Outre les dépôts, cette dette bancaire peut être des obligations, des produits dérivés ou des financements interbancaires obtenus sur les marchés interbancaires.

Il peut y avoir deux types de ruées bancaires :

A notre époque, le marché boursier fonctionne comme une banque colossale, c’est-à-dire quen si les porteurs vendent leurs titres pour obtenir du cash, cela équivaut à un « run », à une ruée bancaire de l’ancien temps.

C’est pour cela que les autorités ne peuvent laisser les baisses boursières se développer. Il faut les arrêter, il faut assurer la liquidité sinon c’est la ruée.

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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