A des taux en hausse, des prix en hausse, de la corruption et du chaos…
« Les rendements des obligations d’Etat américaines ont atteint des sommets qui n’avaient pas été observés depuis 17 ans, suite à la dernière décision de la Fed concernant ses taux directeurs.
[…] les rendements des obligations à 2 ans ont atteint 5,2% […]. Le rendement des obligations à 10 ans est aussi proche d’un sommet de 16 ans à 4,5%.
Cependant, en raison de la bonne santé de l’économie et du marché de l’emploi qui alimentent l’inflation, les marchés s’attendent à ce que la Fed prolonge sa politique restrictive en 2024. Cela pourrait potentiellement mener à de nouvelles baisses de prix sur le marché obligataire, alors que les marchés anticipent un pic plus élevé du taux directeur de la Fed d’ici la fin de l’année, et moins de réductions de celui-ci en 2024. »
Aujourd’hui, nous allons tenter de mettre tout cela en perspective. Qu’en est-il de l’histoire de « l’inflation ou la mort » ? A quel chapitre en sommes-nous ? Et à quelle page ?
Eaux troubles
Nous sommes encore dans une période de transition. Après le cycle haussier de 1980 à 2020, nous sommes entrés dans un marché baissier. Enfin, c’est ce que nous pensons. Les obligations avaient atteint leur sommet avec un rendement de 0,11% sur le bon du Trésor américain à 2 ans en juillet 2020. Désormais, son rendement est 50 fois plus élevé. Les actions ont atteint leur pic en décembre 2021. Depuis, elles sont moins chères, même si la différence n’est pas aussi importante.
Ces prix vont-ils repartir à la hausse ou la baisse ? En période de transition, c’est difficile à dire. Les prix réagissent en fonction des actualités… et des récits. Les taux d’intérêt sont plus élevés… ce qui signifie que la valeur des actifs devrait baisser. Mais toute une génération a grandi à une époque où les taux d’intérêt n’ont fait que baisser, et les obligations comme les actions n’ont fait que monter. Ils ont appris à « acheter les creux », mais pas grand-chose d’autre.
Que peuvent-ils faire désormais ?
La confusion se propage.
Premièrement, même si pour les actions, le renversement de la tendance a débuté il y a environ deux ans, elles restent très chères. Il y a une corrélation entre les revenus et le prix des actifs. Un propriétaire rusé, par exemple, pourrait dépenser 8 à 10 années de loyers pour s’acheter un immeuble d’habitation. De la même manière, la relation entre le marché actions et le PIB forme ce qui est communément appelé « l’indicateur de Buffett ». Warren Buffett estime que les actions (dont la valeur est mesurée par leur capitalisation) devraient valoir environ 80% du PIB. Il utilise ce ratio pour savoir si le marché actions est sur- (ou sous) valorisé. Aujourd’hui, il est de 167% – plus du double de la norme historique.
Assez de corde
Voici ce que rapporte notre ami MN Gordon, qui voit les choses différemment :
« Un autre facteur qui permet de déterminer la valeur globale du marché actions est le ratio CAPE [NDLR : pour Cyclically adjusted price-to-earnings] de Schiller. Il prend en compte les bénéfices ajustés de l’inflation des dix années précédentes. En ce moment, le ratio CAPE est au-delà des 30, c’est-à-dire bien au-dessus de sa médiane historique de 15,94.
Le ratio CAPE actuel est très proche de ce qu’il était lors du pic du marché actions de 1929, juste avant le début de la Grande Dépression. Les seules fois où ce ratio a été plus élevé qu’aujourd’hui, c’était lors du pic de la folie des dot-com, puis en décembre 1999, et enfin fin 2021. »
Et pour rajouter une couche de confusion… nous sommes entrés dans un cycle de resserrement monétaire il y a 18 mois, et pourtant, la politique monétaire reste en réalité très souple, comme l’indique David Stockman :
« Surprise ! Pendant les 186 derniers mois, le taux des fed funds a été négatif en termes réels pendant 97% du temps (180 mois). Mais, apparemment, tout ce qu’il aura fallu, c’est trois mois de chiffres à peine positifs pour que la Fed abandonne sa campagne de normalisation des taux.
Eh oui. En mai dernier, le taux des fed funds ajusté de l’inflation était de -0,48%, et il n’est devenu légèrement positif qu’en juin et juillet. L’inflation annuelle mesurée par le CPI au mois d’août était de 4,47%, ce qui signifie qu’après le récent maintien du taux directeur moyen de la Fed à 5,33%, le taux réel n’était que de 0,48%. »
Les clous du cercueil
Vous devez ajouter à cela les effets des dépenses inflationnistes du gouvernement américain. Cette année, le déficit fédéral devrait s’élever à environ 2 000 Mds$. Quelques détails nous parviennent d’Aurora Research :
« Environ 10 000 Mds$ de dette a été accumulée depuis la pandémie.
La dette nationale va probablement dépasser les 50 000 Mds$ d’ici la fin de la décennie si aucune mesure substantielle n’est prise.
De nombreux programmes fédéraux mis en place par l’administration Biden coûtent plus qu’attendu. En voici deux exemples :
La loi sur la réduction de l’inflation de 2022 était censée coûter environ 400 Mds$ sur 10 ans. La réalité est qu’elle pourrait coûter plus de 1 000 Mds$. Le gouvernement a simplement sous-estimé la générosité des crédits d’impôts énergétiques inclus dans la loi.
Le crédit de rétention des employés était censé coûter environ 55 Mds$. Il a déjà coûté 230 Mds$. Récemment, l’IRS a gelé le programme pour empêcher des fraudes.
Selon certaines estimations, le gouvernement fédéral devra payer plus de 10 000 Mds$ en intérêts sur la décennie à venir.
Pour les 11 premiers mois de l’année fiscale, le déficit fédéral s’élève à 1 500 Mds$, ce qui représente une augmentation de 61% par rapport à la même période l’année précédente.
La dette nationale américaine équivaut à 254 000 $ par contribuable.
En plus de la dette nationale, le gouvernement a des dettes non provisionnées. Ces dettes s’élèvent désormais à plus de 193 000 Mds$. Ce qui équivaut à plus de 577 000 par citoyen américain. »
Qu’est-ce que cela signifie ? Difficile à dire. Mais, alors que les nouvelles tendances primaires gagnent en puissance… et que de plus en plus de ressources sont utilisées en dehors de l’économie réelle…
… nous nous attendons à ce que les taux d’intérêt réels montent… que les prix à la consommation augmentent… que la corruption et le chaos politique s’aggravent… et que les prix des actifs chutent. Ce n’est pas quelque chose que nous prévoyons pour la semaine prochaine ou le mois prochain… mais c’est un scénario qui pourrait marquer les années à venir.
Nous serions heureux d’avoir tort.