La police est aux trousses de Bill Bonner… et pendant ce temps, les autorités américaines se lancent dans une politique suicidaire.
Un cavalier est apparu au loin, éclairé par le soleil couchant, sur l’une des collines qui nous séparaient de la maison.
Il est descendu vers nous tandis que nous chevauchions dans sa direction : c’était Pablo, le jeune homme qui s’occupe des vaches.
« Il faut que vous reveniez à la maison », a-t-il dit. « La police vous cherche. »
Cela ne présageait rien de bon.
Nous reviendrons dans quelques lignes à nos aventures dans la vallée de Calchaqui, où nous attendons la fin de l’épidémie. Pour l’instant, voyons ce que nous disent les marchés…
Politiques suicidaires
Les actions ont semblé s’apaiser hier, suite aux annonces des autorités un peu partout dans le monde. En la matière, l’administration Trump poursuit son impression monétaire suicidaire.
Le Wall Street Journal a plus de détails :
« L’administration Trump a annoncé son soutien à un plan consistant à envoyer des chèques directement aux Américains, probablement dans les deux prochaines semaines, dans le cadre d’un plan de relance destiné à aider les ménages et les entreprises atteintes par le ralentissement économique brutal déclenché par la pandémie de coronavirus.
’Nous voulons nous assurer que les Américains aient de l’argent rapidement en poche, et que les petits entrepreneurs aient accès à des fonds’, a déclaré M. Mnuchin. Il a également cité les besoins des hôtels et des compagnies aériennes. ‘Nous avons un plan complet que nous détaillerons aujourd’hui’. »
Et dans The Hill :
« Nancy Pelosi a déclaré mardi que les démocrates de la Chambre des Représentants exigent que toute future législation contribuant à atténuer l’impact économique de la pandémie de coronavirus comprenne une extension des congés payés pour absence.
Le Sénat examine actuellement une loi approuvée par la Chambre pour aider à soutenir l’économie durant l’épidémie, mais les législateurs des deux institutions prévoient déjà un nouveau plan de relance, les marchés restant volatils. »
Le président américain a été clair : faites les choses en grand.
De l’agence Bloomberg…
« Steven Mnuchin avait un message inquiétant à adresser aux républicains du Sénat, rassemblés mardi dans une salle de réunion pavée de marbre du bâtiment Russell : nous devons approuver une loi de relance suite au virus, sans quoi les Etats-Unis pourraient se retrouver confrontés à un taux de chômage de 20%.
Selon Mnuchin, les retombées pourraient en fait être pires que celles de la crise financière de 2008, selon trois personnes ayant eu connaissance de ces remarques, et a appelé à un plan de plus de 1 000 Mds$ incluant des paiements directs aux Américains moyens. »
De l’argent par hélicoptère
Il serait parfaitement inutile de mentionner que ce sont précisément les « relances », la distribution d’argent gratuit et les taux d’intérêts factices qui nous ont mis dans un tel pétrin.
Mais la Réserve fédérale a réduit son taux directeur à zéro (en dépit d’une inflation des prix à la consommation dépassant les 2%) et a accéléré son programme de folie repo. L’administration Trump panique, exactement comme l’équipe Obama en 2009.
Ils vont inonder la nation de ce qu’on appelait autrefois, avec ironie, « de l’argent par hélicoptère ».
Comme la manne céleste, il pleuvra sur les gentils comme sur les méchants… mais terminera généralement dans les poches de canailles – comme Mnuchin lui-même, qui a engrangé des millions grâce aux renflouages de 2008-2009.
Mais il n’y a pas de pointe assez ironique pour faire saigner les arnaqueurs, de nos jours. Ils ont le soutien du Deep State, de la presse, de l’industrie financière… et de tous les crétins au coin de toutes les rues américaines.
Patientez encore un peu, et il y aura aussi un revenu universel garanti.
Entre temps, on aura renfloué les compagnies aériennes, les foreurs pétroliers, Boeing, les hôtels, les casinos, la dette corporate, les spéculateurs… et, bien sûr, évité au président une nouvelle faillite embarrassante.
Remèdes et nouvelle ère
Pour l’instant, le plan se déroule comme prévu – si du moins le plan consiste à laisser l’économie américaine à l’état de ruine abandonnée.
Toutes nos pires prédictions… toutes nos terreurs nocturnes… tous nos « ils ne peuvent pas être aussi bêtes »… sont en train de se réaliser – et vite !
Mais comme l’observe Andy Kessler – auteur des éditoriaux « Inside View » dans le Wall Street Journal – une nouvelle ère est en train de naître. Aussi épouvantable que soient le marché baissier/la pandémie/la récession, les remèdes de la nouvelle ère seront pires.
Oui, ils sont encore plus bêtes que même nous l’imaginions.
Et le renflouage de 2020 ne se déroulera pas comme celui de 2008. Un gros titre de Bloomberg nous donnait un indice de la débâcle qui nous attend :
« Les obligations mondiales s’effondrent en anticipation du déluge de dette liée à la défense contre la pandémie. »
Oui, cher lecteur, une nouvelle ère s’ouvre. Evidemment, c’est aussi une ancienne ère extrêmement bien connue – en Argentine, en tout cas.
Ici, les autorités ont l’habitude de trop dépenser… puis de trop emprunter… puis de trop imprimer. Suite à quoi l’inflation s’envole… les obligations s’effondrent… et le système explose.
C’est en deux mots ce qui se passera aux Etats-Unis aussi. Alors assurez-vous de garder vos distances – socialement et financièrement. La vie est soit une tragédie, soit une comédie. Elle sera plus amusante si vous pouvez en rire.
Pendant ce temps, au ranch…
Nous sommes revenus à la maison au trot. Sur la véranda se trouvait un groupe comprenant une policière, un médecin en blouse blanche et quelques femmes, dont l’une portait un masque chirurgical.
« Holá… que puis-je faire pour vous ? » avons-nous demandé en mettant pied à terre devant eux.
« Depuis combien de temps êtes-vous en Argentine ? Savez-vous que vous êtes censé être en quarantaine ? »
A cette dernière question, nous avions la réponse idéale : « Impossible d’être plus en quarantaine qu’ici. »
L’équipe était polie. La personne en blouse blanche s’ennuyait. La policière est restée renfrognée. Et l’infirmière masquée était tout à fait enjouée. Nous nous souvenions d’elle : elle avait fait plusieurs visites à Gualfin – et elle se souvenait de nous.
Elle nous a remis une copie du décret gouvernemental nous imposant la quarantaine. Nous l’avons signé. Elle nous a demandé de l’appeler si nous montrions des symptômes de la maladie. Ensuite, ils nous ont tous dit au revoir.
Chacun nous a serré la main, et l’infirmière a enlevé son masque pour nous faire la bise.