La Chronique Agora

Quand on n’a plus de pétrole… on a de la dette !

pétrole

Croissance et pétrole sont traditionnellement étroitement liés, mais dans le système actuel, c’est désormais la dette qui a pris le relais – et qui crée du PIB… quoi qu’il en coûte.

La figure ci-dessous montre la relation historique entre la croissance de la consommation d’énergie aux Etats-Unis (ligne rouge) et l’augmentation en dollars de la croissance de la dette américaine nécessaire pour produire une augmentation du PIB en dollars (ligne bleue).

Ce graphique calcule les ratios par périodes de cinq ans, car ils sont instables pour les années individuelles.

Intuitivement, on pourrait croire que le carburant du moteur économique, c’est l’énergie, le pétrole, etc.

Le vrai carburant

On se tromperait car le vrai carburant c’est… la production de dettes. Ou plus exactement c’est la progression de la production de dettes : il en faut toujours plus. On a d’ailleurs inventé la notion d’impulsion du crédit, ou « credit impulse ».

Sur la base de la figure ci-dessus, la croissance annuelle moyenne de la consommation d’énergie aux Etats-Unis (ligne rouge) a généralement diminué entre 1951 et 2020.

La quantité de dette qui a dû être ajoutée pour créer un dollar supplémentaire de PIB (ligne bleue) a généralement augmenté. Elle a accéléré au début des années 80 pour s’emballer en fin de période.

Cela se comprend aisément : si les entreprises ou les gouvernements peuvent trouver un moyen d’accorder des crédits importants à des emprunteurs qui ne sont pas très solvables, il devient facile de vendre des voitures, des motos ou des maisons à des acheteurs qui autrement pourraient ne jamais rembourser cette dette.

Inégalités obligatoires

Si l’économie se heurte à des turbulences, ces acheteurs marginaux risquent de faire défaut, provoquant un effondrement d’une bulle de la dette. Cette dernière est en quelque sorte le prix à payer pour générer la petite bulle qui se produit dans le PIB.

Le dette étant détenue par les créanciers, qui sont le symétrique des débiteurs, plus on crée de dette plus on crée de capital. Cela peut se formuler de la façon suivante : le coût pour produire un dollar de PIB en création de capital fictif – créance – s’envole au cours de la période.

Pour maintenir une petite croissance, le système est obligé d’augmenter sans cesse les inégalités, et de renforcer la contrainte de production d’un surproduit, c’est-à-dire de profit.

Résumons :

– la croissance spontanée du système ralentit sans arrêt ;
– pour maintenir et doper cette croissance, il faut créer de plus en plus de dette car le rendement en terme de croissance obtenue est de plus en plus faible ;
– le symétrique de la dette étant le capital fictif qui se trouve dans le système, cela signifie que le maintien d’une petite croissance produit de plus en plus d’inégalités et de nécessité de réaliser un profit – il faut en effet servir les intérêts et rembourser les dettes ;
– la contrainte accrue de servir les dettes oblige à générer un surproduit croissant et donc à peser sans cesse sur la rémunération des salariés, ce qui est déflationniste et crée une tendance longue à la surproduction, que l’on appelle « déficit de la demande » ;
– la contrainte de profit alourdit le poids du boulet qui est au pied des économies – elles ont donc encore plus tendance à ralentir, et ainsi à avoir besoin de nouvelles dettes.

A suivre…

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile