La Chronique Agora

Quand le butin est trop mince…

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Même après que les gouvernements et les banques centrales ont créé des montagnes de dettes, le monde financier a encore faim. Dans ces conditions, un grain de sable dans les rouages peut venir causer le krach.

Je vous parlais hier de la suraccumulation du capital. Cette suraccumulation est un phénomène complexe, mais on peut dire grosso modo qu’elle vient du fait que, depuis la Seconde Guerre mondiale, on a refusé les grandes crises de récession/destruction de la pourriture, les cycles avec des hauts et des bas. Le système ne s’est pas « auto-nettoyé », si on veut le dire de cette façon.

Trop de capital pour pas assez de profits, comme je le dis, c’est une situation qui conduit à des affrontements : quand le butin est trop mince, les bandits s’entretuent.

Kick the can

La grande crise financière de 2008 est une crise de reproduction du système capitaliste et elle n’a pas été résolue, elle a été repoussée dans le temps. On a « kick the can » comme disent les Anglo-saxons, c’est-à-dire tapé dans la boîte de conserve pour la repousser devant soi. Ou, si l’on veut, on a fait le chasse-neige.

Lors de cette crise qui était une crise de surendettement du système, au lieu de réduire l’endettement, l’excès de capital, et de nettoyer la pourriture, « on a fait encore plus de tout ce qui avait conduit à la crise ». On avait trop dopé ? Eh bien on a augmenté les doses de dopage au lieu de sevrer !

Autrement dit on a créé encore plus de dette et plus de fausse monnaie pour masquer le surendettement. On a ainsi rendu solvable – en apparence – ce qui était insolvable, mais au prix d’encore plus de dettes et de monnaie non gagée.

Ceux qui ont fait cela, les super élites, savaient bien sur ce qu’elles faisaient. C’est la raison pour laquelle un certain nombre de modifications, de mutations du système ont alors été mises en place.

Le système n’a plus eu les moyens de rester un système de consensus, de liberté, de choix et de démocratie politique. Il a dû évoluer vers un système de mensonge, de tricherie, de violence cachée, de coercition.

Avec encore plus de dettes et de fausse monnaie, de fausses promesses, le futur c’est inéluctablement la dislocation sociale, la militarisation de la police, les lois d’exception, la destruction, le chaos financier, la révulsion. Il faut faire peur, ne jamais laisser filer sur aucun point, d’où l’appel constant à l’état d’urgence.

La cause de la chute

On ne peut y échapper. A l’occasion d’un hasard quelconque, un jour, l’excès de dettes et de promesses que l’on ne peut tenir se révèle, et la pyramide financière colossale qui tient sur la pointe finit par se fissurer puis s‘effondrer. C’est ce qui se dessinait en 2018/2019.

Personne ne peut prévoir les causes de ce phénomène, de ce hasard qui fait s’effondrer le tas de sable, mais il y a une certitude : la chute se produira même si on en ignore la forme et le calendrier. Depuis 2019 nous fabriquons un état critique, de la criticité au sens de Per Bak.

Les causes auraient pu être n’importe quoi.

La destruction de tout l’édifice de dettes, de monnaie, de valeurs mobilières, d’actions et d’obligations est une nécessité aussi impérative que la gravitation. Quoi que l’on fasse 2+2 reste toujours égal à 4 et non pas à 5.

La destruction étant assurée et ayant constaté que les élites ne voulaient en aucun cas lâcher prise et accepter un ordre du monde qui leur aurait été moins favorable, j’ai dès mars 2009 affirmé que notre avenir c’était la guerre : « Un jour ou l’autre il faudra qu’il y ait la guerre, on le sait bien… c’est le destin. »

L’Histoire en effet montrait que la meilleure occasion/méthode de destruction c’était, comme le dit le peuple, « une bonne guerre ».

Les super élites se moquent bien des richesses apparentes, de tous ces bouts de papiers de type monétaire et financiers. Et pour une bonne raison : c’est parce qu’elles n’en ont pas ! Elles ont les actifs réels et les peuples n’ont que les morceaux de papier.

Elles ont les vrais actifs, les vraies propriétés, elles contrôlent l’Etat, la police… Bref, elles ont la vraie richesse qui dure : le pouvoir – et lui seul, car la vraie richesse doit être défendue dans un monde ou l’homme est un loup pour l’homme.

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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