L’exemple des feux de forêt qui ravagent régulièrement les Etats-Unis permet de comprendre à quel point la propriété publique de ces forêts aggrave un problème pourtant déjà résolu par d’autres acteurs.
Comme nous l’avons vu hier, l’idée selon laquelle une économie de marché libre est forcément néfaste à la conservation de l’environnement est complètement fausse. La propriété privée pleinement appliquée permettrait de bien mieux correspondre à l’idée du « pollueur payeur » qui peine à être efficace actuellement, par exemple.
Mais un exemple est encore plus frappant sur l’utilité de la propriété privée pour protéger l’environnement : celui des incendies de forêt. Laissons cependant de côté – pour l’instant –la question des solutions offertes par le marché et celles basées sur la propriété publique des espaces forestiers, pour nous concentrer sur la physique des feux de forêt.
D’où viennent les feux de forêt ?
Pour s’embraser et se propager, le feu a besoin de combustible, d’oxygène et de chaleur. Partout où les forêts se développent, le combustible des incendies provient principalement de la production continue de biomasse et de son accumulation, ainsi que de la charge de combustible qui résulte de ce développement de la couverture végétale. L’oxygène est créé en abondance par le processus de photosynthèse des végétaux.
Il ne manque plus qu’une source de chaleur pour fournir la combinaison chimique nécessaire à un début d’embrasement, qui fera à son tour chauffer les combustibles environnants. Ensuite, d’autres combustibles s’embraseront à proximité, permettant au feu de s’intensifier et de se propager. Si ce processus de propagation n’est pas rapidement endigué, l’incendie deviendra hors de contrôle et ravagera la forêt.
La première flamme nécessaire à cet embrasement peut être créée naturellement, par la lumière du soleil par exemple, ou par l’activité humaine. La raison principale derrière l’augmentation des feux de forêt observée ces dernières années – notamment dans les grandes forêts de l’ouest des Etats-Unis – est l’accumulation de bois mort et la production excessive de biomasse, ainsi que l’incapacité à traiter ces phénomènes.
Cette situation est principalement due à la mauvaise structure incitative des droits de propriété existants et à leur répartition inadéquate sur ces espaces forestiers.
La faiblesse de la structure incitative s’explique principalement par la propriété publique de ces espaces, où les bonnes intentions ne suffisent généralement pas pour obtenir de bons résultats. L’échec de la politique de lutte contre les incendies de forêt menée par le gouvernement américain a conduit à une accumulation de combustibles sous la forme de biomasse, ce qui a entraîné des incendies catastrophiques à grande échelle.
Le problème de la centralisation
L’incapacité des gouvernements successifs à prévenir les incendies de forêt n’est pas due à un manque de vigilance de leur part, mais au problème que pose inévitablement la centralisation : les informations essentielles à la prise de décision ne sont pas disponibles de manière décentralisée, et il y a un manque d’incitation à prévenir les plus petits dommages, ce qui permettrait d’éviter des catastrophes plus importantes.
Là où les gouvernements et la centralisation ont échoué, de nombreux propriétaires forestiers privés ont cependant trouvé une solution qui a été couronnée de succès. Elle consiste à prévenir les grands incendies catastrophiques en éliminant les combustibles dangereux et en empêchant l’accumulation au sol d’arbres morts et de broussailles au travers d’une gestion forestière active et décentralisée.
Il est dans la nature des marchés libres de découvrir ce type de solutions grâce à la diffusion de l’information parmi des millions de participants et à la créativité entrepreneuriale permettant de gagner en efficacité.
Un système de marché libre fondé sur le droit de propriété privée est ainsi bien plus efficace puisque, dans un tel système, les individus ont à la fois les informations essentielles nécessaires à la prise de décision, ce qui réduit le coût du processus de prise de décision, et la structure d’incitation adaptée pour les motiver à agir. Cette visibilité sur les coûts et les avantages potentiels d’une gestion active de l’espace forestier peut être internalisée par les individus lorsqu’ils sont propriétaires de ces espaces.
Par conséquent, alors que des propriétaires privés trouveront avantageux de prévenir des incendies de forêt catastrophiques en mettant en place une gestion active de l’espace forestier consistant à augmenter l’espacement entre les arbres et les buissons et à enlever les brindilles ainsi que le bois mort tombé au sol afin d’éviter l’accumulation de ces combustibles, les solutions centralisées sont rendues inefficaces par le manque d’incitation à déblayer ces amas, ainsi que par le manque d’informations sur l’existence et la localisation de tels amas, en raison du coût élevé de la surveillance des espaces forestiers.
Un nombre disproportionné d’incendies touche les forêts publiques américaines
Le gouvernement fédéral américain possède et gère environ 965 000 km² de forêts, réparties entre les parcelles détenues par le service forestier du département de l’Agriculture (587 600 km²), l’agence nationale pour l’aménagement du territoire (154 185 km²) et d’autres parcelles gérées par le service des parcs nationaux américains ou le département de la Défense (222 981 km²). Au total, les autorités fédérales, étatiques et locales possèdent près de 40% de l’ensemble des espaces forestiers aux Etats-Unis.
En 2020, 70% de la superficie forestière détruite en raison d’incendies au niveau national se situait sur des terres appartenant au gouvernement fédéral, soit 28 732 km². Les 30% restants se situaient sur des terres appartenant aux Etats, aux collectivités locales ou à des propriétaires privés.
Le nombre disproportionné d’incendies de forêt sur les parcelles publiques par rapport aux parcelles pour lesquelles des droits de propriété ont été attribués par le biais d’un processus de marché démontre clairement une plus grande efficacité dans le second cas de figure.
Les terres appartenant à l’Etat sont gérées de manière centralisée au travers d’une multitude de réglementations et autres interventions gouvernementales, ce qui est particulièrement inefficace, étant donné qu’avec un tel mode de gestion les décisions sont prises sans disposer des informations cruciales issues du terrain qui peuvent permettre de trouver des solutions réellement efficaces et adaptées à des environnements hétérogènes.
Par conséquent, la mise en place d’un marché forestier et la vente de ces parcelles forestières à des organisations à but lucratif et non lucratif permettront de créer à la fois la structure incitative et les moyens de recueillir et d’utiliser les informations cruciales qui sont nécessaires pour arriver à prévenir de nouveaux incendies catastrophiques. Un examen clair des données mentionnées précédemment nous fournit des raisons suffisantes pour contester l’affirmation selon laquelle les marchés libres et la propriété privée sont antagonistes avec la conservation de l’environnement.
Article traduit avec l’autorisation du Mises Institute. Original en anglais ici.