La croissance de la productivité de nos économies ne va pas compenser la dévaluation des monnaies causée par l’inflation…
Il reste maintenant peu de temps avant que des millions d’Européens ne soient piégés par l’effondrement de leur devise et leurs gouvernements profondément endettés.
Pour aggraver cette situation, la transition énergétique – un des investissements les plus tendance de l’année – accélèrera ce processus dévastateur. La transition ne sera pas « douce ». Elle est au contraire porteuse de revers économiques, d’appauvrissement et source d’inégalités croissantes.
Prenons un exemple très concret tiré de l’actualité récente. Nos politiciens nous chantent la réindustrialisation de la France. Ils ont des plans et des idées pour cela… Mais ils ont aussi des idées et des plans pour l’énergie. Et tout ce dirigisme est incohérent.
Après les fermetures d’usines
Le 8 décembre, le géant de l’alimentaire Cofigeo annonçait qu’il fermait quatre usines, dont la plus ancienne de la marque William Saurin.
Comme l’explique La Marne :
« Face à l’envolée des prix de l’énergie, le groupe Cofigeo à qui appartient la marque de fabrication de conserves cuisinées, estime qu’il n’avait plus d’autres solutions.
Selon Mathieu Thomazeau, président de Cofigeo, la facture ‘passera du jour au lendemain, de 4 M€ à 40 M€. Après plusieurs mois d’échanges avec les syndicats, le groupe qui détient les marques William Saurin, Garbit, Raynal et Roquelaure et Zapetti a donc décidé de fermer momentanément quatre sites qui représentent 80% de sa production.
Une décision qui sonne comme un coup de tonnerre dans le monde de l’industrie agroalimentaire. »
Beaucoup d’industries décident de suspendre leur production ou de fermer des usines lorsqu’elles ne peuvent pas répercuter leurs coûts sur les clients. D’autres déménagent dans des pays où l’énergie est moins chère.
Deux trains vont entrer en collision : la destruction des monnaies (par la création monétaire) et la mise au rebut de la véritable source de notre création de richesse (les énergies fossiles).
Ceci conduira à un « hiver cauchemardesque ». Un hiver qui risque de durer. La dernière fois que ce genre de cycle d’inflation haussière s’est produit, à l’époque des chocs pétroliers, il a duré 13 ans.
Un autre aspect de cette transition de la décennie est la remise en cause du paiement de l’énergie en dollar.
Voici un article récent qui développe les enjeux de cette évolution.
Mais, pour résumer, la Chine continuera à importer de grandes quantités de pétrole brut en provenance des pays du CCG (Conseil de coopération du Golfe, qui regroupe le Bahreïn, le Koweït, Oman, le Qatar, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis), augmentera ses importations de gaz naturel liquéfié, renforcera la coopération en amont pour les développements de champ pétroliers et gaziers, les services d’ingénierie, le stockage, la transformation et le raffinement. De plus, elle utilisera pleinement la Bourse de Shanghai du pétrole et du gaz naturel pour régler les transactions en yuan.
Nous y voilà. Le président chinois Xi Jinping s’est rendu dans les pays du Golfe et a terminé son voyage officiel en encourageant les producteurs à accepter des yuans et non plus des dollars. C’est un changement fondamental des marchés de l’énergie et des devises. Cela ne se fera pas en une nuit mais la tendance est en marche.
Des gains de productivité fantomatiques
En parallèle, une idée dérangeante émerge également : et si la « révolution de l’information » se révélait finalement nuisible ? En partie en raison d’une perte de la qualité de notre réflexion et de notre connaissance. Mais aussi en termes économiques en se fondant sur la productivité.
Dans l’ensemble, les gens travaillent moins, gagnent moins (les salaires horaires ajustés de la hausse des prix ont baissé) et fabriquent moins (production horaire).
C’est presque comme si la nature du travail avait changé. Plus la devise est dénaturée, moins le travail devient sérieux. Le concret n’avance plus. La monnaie trafiquée conduit à une richesse fantôme et une culture du vide. La seule production consistante, sur les réseaux sociaux, est l’outrage.
Regardez le graphique ci-dessous. Il mesure en pourcentage les variations trimestrielles de la productivité de l’économie américaine, hors secteur agricole, depuis 1948.
Vous remarquerez que pour le troisième trimestre 2022 le chiffre est de -1,4% (le plus faible depuis les -2,4% du troisième trimestre 1974) et qu’au premier trimestre il était de -0,4%. C’est la première fois que nous constatons une chute de la productivité américaine sur trois ans depuis 1982.
La hausse des prix tue les salaires horaires réels. Ces derniers ont décliné de 3,4% entre le troisième trimestre 2021 et le troisième trimestre 2022. C’est la plus grosse baisse depuis que cette statistique est publiée, soit 1948 également.
Vous pouvez aussi observer que les précédentes chutes de productivité, en 1974 et 1982, apparaissaient durant les récessions et non avant comme maintenant.
La productivité des économies ne va pas compenser la dévaluation des monnaies en permettant aux gens de gagner plus d’argent. En termes réels, les revenus devraient stagner ou reculer.
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