Accordons un peu de notre temps à la gratitude et aux grincheux.
Nous avons fêté Thanksgiving avec deux de nos fils, nos épouses et nos petits-enfants. Nous avons échangé autour d’un dîner composé de dinde, d’oignons, de farce, de betteraves, de tarte au potiron… et bien d’autres choses encore. Avant de passer à table, je me suis levé pour dire les grâces. En tant qu’aîné de la famille, c’était à moi d’offrir une prière adaptée à l’occasion.
Mais contrairement à tant d’autres, je n’ai pas rajouté de sucre – comme celui que l’on trouve sur les patates douces – sur les faits. Après m’être levé, je leur ai offert, comme un verre de whisky Jameson, une prière directe :
« Cher Seigneur (ou toute autre puissance, supérieure ou inférieure, qui pourrait être tenue pour responsable), nous avons tant de raisons d’être reconnaissants que nous ne savons guère par où commencer. Commençons donc par le commencement.
Nous sommes reconnaissants d’être en vie. Nos coeurs battent encore. Nous respirons et profitons de chaque lever de soleil, heureux d’être comptés parmi les vivants plutôt que parmi les morts.
Mais beaucoup n’ont pas cette chance. La durée de vie moyenne des hommes américains diminue rapidement. Nous assistons à une augmentation de ce que l’on appelle les ‘morts de désespoir’, les gens si désespérés qu’ils se droguent ou se tuent à la tâche. Nous sommes reconnaissants de ne pas être parmi eux.
Nous sommes également reconnaissants de ne pas être en guerre. Au lieu de cela, notre pays paye les Ukrainiens et les Israéliens afin qu’ils se chargent de tuer. »
Trillions (avec un T majuscule)
Les offres d’emploi sont également nombreuses ; il faut s’en réjouir… même si beaucoup de ces emplois ne sont pas bien rémunérés et ne permettent pas de subvenir aux besoins de la famille. Les Américains sont de plus en plus contraints d’accepter des emplois mal rémunérés dans le secteur des services pour pouvoir payer leurs crédits.
De plus en plus de gens ne travaillent pas du tout. Les retraités, les handicapés, les fatigués, les écervelés… ou simplement les paresseux… Nous ne savons pas qui ils sont tous, mais ils sont des millions et doivent tous être soutenus par ceux qui se lèvent encore le matin, enfilent leur pantalon et se rendent sur les chantiers.
Dieu merci, nous mangeons à notre faim. Nous ne sommes pas dans la situation de ces pauvres gens à Gaza qui meurent de faim. Aux Etats-Unis, nous avons tellement de nourriture que 7 personnes sur 10 sont en surpoids. Les médecins ont même inventé une nouvelle maladie, la diabésité, pour décrire l’épidémie qui sévit actuellement dans le pays.
Et nous ne sommes pas encore fauchés… Notre repas de Thanksgiving aura coûté 25% de plus qu’il y a quatre ans, mais un peu moins que l’année dernière. Et nous pouvons tout payer avec nos cartes de crédit, et même payer 21% d’intérêts – pour toujours.
C’est vraiment ce qui fait la grandeur de ce pays… et ce dont nous devons être particulièrement reconnaissants : le crédit. Quel autre pays peut accumuler 33,7 TRILLIONS DE DOLLARS (nous insistons sur les TRILLIONS) et continuer à emprunter ?
La vente aux enchères de titres du Trésor ayant eu lieu cette semaine (au cours de laquelle le gouvernement fédéral lève des fonds pour financer des projets dont il n’a pas besoin avec de l’argent qu’il n’a pas) s’est étonnamment bien déroulée. Les prêteurs ont accepté de donner leur argent au gouvernement américain – qui doit être dirigé par certains des imbéciles les plus irresponsables de la planète – en échange d’une promesse de payer seulement 4,408% d’intérêts (sur les bons du Trésor à 10 ans).
Esclaves de l’intérêt
Mais attendez… ce n’est pas tout ! Analysons les dernières nouvelles.
Voici autre chose pour laquelle nous devons être reconnaissants. Nous sommes américains, bon sang. Et en Amérique, nous sommes libres. En quelque sorte. Voici une mise à jour de la situation, par Fox Business :
« Les contribuables américains sont désormais esclaves de leurs paiements d’intérêts
Les intérêts de la dette fédérale sont désormais si importants qu’ils absorbent 40% de l’ensemble des impôts sur le revenu des particuliers. La principale source de revenus du gouvernement fédéral est de plus en plus consacrée au service de la dette, et non plus à son remboursement.
Le problème s’aggrave de jour en jour et finira par faire souffrir davantage les contribuables.
La récente déclaration mensuelle des services fiscaux montre que le département du Trésor a payé 88,9 milliards de dollars en octobre au titre des intérêts de la dette fédérale, soit près du double de ce qu’il a payé au cours de la même période l’année précédente. Pire encore, le Trésor prévoit que les paiements d’intérêts pour l’année fiscale dépasseront 1 000 milliards de dollars. Chaque mois qui passe, le Trésor revoit ses prévisions à la hausse, à mesure que les perspectives se dégradent. »
Oui, nous sommes désormais prisonniers, obligés de travailler dur pour payer des choses que nous n’avons pas voulues, que nous n’avons pas eues et que nous n’aurons jamais. Comme Jacob Marley, nous traînons les lourdes chaînes de la perfidie, de l’imprudence et de la corruption du passé.
Un intérêt total de 1 000 milliards de dollars par an… réparti entre, disons, 100 millions de familles… cela veut dire que chaque famille américaine paie 10 000 dollars par an en intérêts sur la dette fédérale.
Que reçoit-elle exactement en échange de cet argent ? La réponse : rien !
Les services et les produits ont été fournis, souvent il y a si longtemps que nous ne nous souvenons plus de leur raison d’être.
Une guerre contre l’Irak ? Des augmentations de salaire pour les membres du Congrès et les fonctionnaires fédéraux ? Subventions… paiements… aides… où est passé l’argent ? Nous ne le savons pas. Tout ce que nous savons, c’est qu’il est parti… Notre génération [nous pointerons un doigt vers notre propre poitrine] l’a dépensé. Et maintenant, vous, ma pauvre, chère…chère…famille…vous allez payer pour cela – et bien plus encore ! – toute votre vie.