La Chronique Agora

Pourquoi la reprise américaine va se faire attendre

Les autorités US sont occupées à « compériser » les travailleurs du pays : où est-ce que cela mène ? Il suffit de se tourner vers l’Argentine pour le savoir…

Hier, nous avons vu comment les autorités sont en train de « compériser » les travailleurs américains… en soudoyant la masse des électeurs « moyens » qui décident des élections.

Ainsi, au lieu de dépendre d’eux-mêmes… et des échanges honnêtes d’une économie saine et productive… les autorités apprennent aux Américains à se tourner vers le gouvernement, dont ils peuvent obtenir du cash rapidement – et sans travailler.

Place aux oisifs

Jetons un œil aux allocations chômage.

Avant la crise, 70 millions de travailleurs américains gagnaient moins de 1 000 $ par semaine. A présent, entre les programmes locaux et une prime fédérale de 600 $, bon nombre de personnes ayant perdu leur emploi gagnent plus que lorsqu’elles travaillaient. Parmi elles, beaucoup touchent deux fois plus.

« On obtient ce qu’on paye », comme le disait Milton Friedman. Payez les gens à ne pas travailler… et devinez quoi… vous vous retrouverez avec plein d’oisifs. Ce qui retardera bien entendu une reprise, parce que les travailleurs ne vont pas se précipiter sur des emplois qui rapportent moins que ce qu’ils touchent en étant au chômage.

Les autorités ont une solution pour ça aussi, ceci dit : les soudoyer pour qu’ils retournent travailler.

Oui, telle est la proposition du conseiller économique de la Maison Blanche, Larry Kudlow. Il suggère une prime de 450 $ pour les gens prêts à renoncer à leurs 1 000 $ par mois pour retourner au turbin.

Que faire avec ses dix doigts

Pour voir où cela nous mène, nous nous tournons à nouveau vers les pampas, où les gauchos sont des pionniers en matière de fantaisies financières.

« Ma foi », explique notre voisin Ramón, « c’est le secret du péronisme [l’idéologie politique dominante en Argentine depuis 70 ans]. Maintenir les gens dans la pauvreté. Faire en sorte qu’ils dépendent du gouvernement. Et ensuite… faire faillite. »

Nous voyons comment cela fonctionne dans la vallée de Calchaquí. Bon nombre de gens ne font rien de leurs dix doigts. En partie parce qu’il n’y a pas de travail, et en partie parce qu’ils n’ont pas besoin d’utiliser leurs dix doigts.

A la place, ils touchent de l’argent de la part du gouvernement. Ce n’est pas grand’chose, mais dans un endroit où le coût de la vie est très bas – pas de loyer, pas de charges, pas de prêt automobile et des coûts bas pour l’alimentation – on va loin avec peu de cash.

« Eh bien, ce n’est pas vraiment « un peu » », continue notre voisin. « Je paye mon intendant environ 40 000 pesos [soit environ 285 $ au dernier taux de change du marché noir] par mois. C’est la somme fixée par le gouvernement. Il travaille bien, et ça fait 20 ans qu’il est chez moi.

« Il a une sœur qui vit dans les montagnes. Elle a cinq ou six enfants – l’un d’entre eux a des problèmes de santé. Elle touche plus en allocations que son frère en salaires.

« C’est un désastre. Des gens qui étaient autrefois indépendants et travailleurs – élevant des chèvres, des vaches et des moutons, plantant leur maïs ou leurs pommes de terre – ne font quasiment plus rien. Ils filaient la laine de leurs moutons ou de leurs lamas et tricotaient de magnifiques pulls et ponchos, par exemple. A présent, beaucoup de jeunes ne savent même plus le faire.

« Ils attendent aussi du gouvernement qu’il s’occupe d’eux. S’ils ont un problème médical, ils veulent que le gouvernement envoie une ambulance – même loin dans les montagnes. Ils reçoivent de la nourriture gratuite [le gouvernement distribue des sacs de haricots]… et ils touchent tous les mois de l’argent qu’ils peuvent utiliser pour acheter tout ce qu’ils veulent.

« Avant, ce n’était pas comme ça. C’était donnant-donnant. Ils travaillaient. Ils étaient payés. S’il y avait un problème… ils allaient voir le propriétaire terrien, qui essayait de le régler. Nous les emmenions en ville voir le médecin. Nous donnions des bourses scolaires à leurs enfants. Ils s’occupaient de nous ; nous nous occupions d’eux.

« Les gens ont dit que c’était un système « paternaliste ». Peut-être. Mais il y avait du respect mutuel, et nous veillions les uns sur les autres. »

A suivre…

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