La Chronique Agora

Pourquoi un ranch en Argentine ?

Bill Bonner est arrivé aux Etats-Unis… mais son trajet le long de la côte est, de la Floride à Baltimore, lui prendra quelques jours. En attendant de le retrouver, voici la réponse à une question que beaucoup de gens se posent…

Tous les ans, nous passons du temps dans notre ranch familial, en Argentine. La première question que posent généralement les gens à ce sujet est : « pourquoi ? »

Pourquoi nous lier à une propriété difficile, située dans une région reculée d’un pays dysfonctionnel, qui fonctionne avec un langage que nous ne maîtrisons pas entièrement, pour travailler avec des gens dont les coutumes et les croyances nous dépassent ?

Il n’y a pas de réponse facile à cette question. Je ne peux que dire que la beauté naturelle de l’endroit est à couper le souffle. A cause de la manière dont la région a été travaillée – avec des murs de pierre, des vallées cachées, des ruines indiennes, etc. – elle ne ressemble à rien de ce que nous trouverions aux Etats-Unis. C’était également beaucoup moins cher…

J’ai comparé les prix avec quelques propriétés au Nouveau Mexique et en Arizona.

Pour commencer, elles étaient beaucoup plus petites.

Deuxièmement, même si elles ont à peu près la même beauté naturelle, elles manquaient du charme ajouté par des générations d’irrigation, de construction et d’agriculture.

Troisièmement, elles coûtent environ dix fois plus cher.

En ce qui concerne les défis économiques, climatiques, culturels et linguistiques, je les trouve intéressants et utiles… du moins pour l’instant.

C’est tout de même beaucoup de travail et d’investissement. Qu’en retirons-nous, alors ?

L’investisseur moyen recherche des retours liquides, rapides et conséquents. Le meilleur investissement, pour nous, est celui qui rapporte des rendements réguliers sur une longue période.

Le secret le mieux gardé de Warren Buffett

L’investisseur légendaire Warren Buffett disait à peu près la même chose il y a quelque temps, dans un article du magazine Fortune.

Il faisait allusion à une ferme qu’il avait achetée des années auparavant. Il avait remarqué que la ferme ne demandait pas beaucoup d’attention de sa part… mais que sa valeur avait joliment augmenté. Ce que la plupart des investisseurs considèrent comme un handicap – un manque de liquidité relatif – s’est révélé être un plus.

Les fermes ne sont pas cotées sur une base horaire… journalière… ni même annuelle. On n’est guère tenté (ce n’est d’ailleurs parfois tout simplement pas possible) de vendre haut… ni de vendre tout court. Les agriculteurs conservent généralement leur bien… et la valeur des propriétés tend à évoluer avec le marché en général.

Cela a donné à Buffett un bon retour sur son modeste investissement sur une certain nombre d’années.

Buffett n’en faisait pas mention, mais une ferme ou un ranch peut offrir du rendement sous d’autres formes – uniquement parce qu’elle n’est pas comme une action ou une obligation. Ce n’est pas facile. Ce n’est pas « sans y toucher ». Ce n’est pas liquide. Ce n’est pas rapide. Et les rendements sont généralement lents et limités.

[NDLR : Vous n’avez pas le temps d’attendre… ni l’envie de devenir laboureur ? Voici une solution pour générer des rendements réguliers, rapidement et simplement : tout est là.]

Dans notre cas, le retour sur investissement dépasse de loin le côté monétaire. Nous apprenons l’espagnol. Et l’agriculture. Et la viticulture.

Jusqu’à présent, nous avons appris que ce sont toutes des activités difficiles… qui ne sont pas pour les amateurs ou les dilettantes. L’agriculture en Argentine occupe une classe à part – compliquée par le fait de devoir la gérer à distance la plupart du temps.

Il pourrait falloir une vie pour apprendre chacune de ces choses – et tout un livre pour les décrire. Dans la mesure où j’ai déjà dépassé l’âge officiel de la retraite, je ne ferai ni l’un ni l’autre.

Je me contenterai de commencer, dans chacun de ces domaines. Au mieux, je ferai en sorte que ces projets prennent la bonne direction et soient suffisamment financés pour que la génération suivante puisse prendre le relais… apprendre plus… et faire de vrais progrès.

Ou bien ils sauront ainsi qu’il vaut mieux ne pas s’y frotter !

Réseau familial

Pour maîtriser certaines choses, il faut parfois plus d’une génération. Les familles construisent des réseaux, des réputations et des connaissances sur des décennies. Si un membre de la famille Beretta veut passer un accord dans le domaine des armes, il peut s’appuyer sur des générations d’expérience, de liens familiaux et de crédibilité.

C’est vrai aussi dans le monde du cinéma… où bon nombre des réalisateurs et acteurs les plus connus viennent de « familles hollywoodiennes ». Je pense à Michael Douglas (fils de Kirk Douglas), à Jeff Bridges (fils de Lloyd Bridges) et à son frère Beau Bridges (dont le fils, Jordan, est acteur lui aussi).

Frank Capra, l’un des plus grands réalisateurs hollywoodiens, avait un fils, Frank Jr., qui était producteur… et un petit-fils, Frank III, qui est réalisateur. La dynastie Coppola comprend Francis, Sophia (réalisatrice comme son père) et Roman (scénariste reconnu).

Idéalement, les familles qui réussissent doivent être des productrices, non des consommatrices. Elles doivent être activement impliquées dans des entreprises et des carrières, pas uniquement des investissements. Et il leur faut mener des projets qui occupent plusieurs générations… de sorte que la connaissance, l’expertise et les liens puissent s’accumuler.

C’est également bien si elles peuvent développer un attachement sentimental au côté productif de leur vie. Cela aide à maintenir l’intégrité de la famille et à la concentrer sur la source de sa richesse.

Enfin, ce sont là les choses que je me dis lorsque je n’arrive pas à dormir, au ranch, en me demandant ce que diable je fais dans un tel trou perdu… et une activité aussi dure.

La vie au ranch vous endurcit. J’ai des ecchymoses qui le prouvent. J’ai été poursuivi par un taureau (et guetté par un puma)… je suis tombé de cheval… et j’ai failli être arrêté.

Dans la vie, cependant, ce sont les bleus encaissés par nos finances et notre réputation d’entrepreneur qui sont probablement les plus utiles. C’est là que l’endurcissement peut rapporter…

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