Romit Shah est l’un des plus grands analystes et expert des valeurs technologiques à Wall Street.
Il est à la tête du département de recherche du fonds d’investissement japonais Instinet (la filiale dédiée aux activités de trading sur le marché actions du groupe Nomura Holdings)…un fonds qui pèse 473 Mds$ d’actifs sous gestion.
Avant de rejoindre Nomura, Romit Shah a travaillé pour Barclays et Lehman Brothers. Il est fréquemment l’invité de grands médias financiers tels que CNBC et Bloomberg.
Mais la célébrité de Romit Shah lui provient plus particulièrement de sa réputation d’être l’un des investisseurs les plus enthousiastes à propos de Tesla.
Voici ce qu’il déclarait au sujet des voitures électriques le 4 octobre 2017 : « Nous pensons que Tesla, comme Intel dans les années 1990s sur le marché des semi-conducteurs, est en bonne position pour capter l’essentiel des profits qui seront générés sur l’ensemble de la chaine de valeur du marché des véhicules électriques ».
Tesla s’échangeait alors pour 330 $ par action. Romit Shah prévoyait que le cours allait s’envoler à plus de 500 $ avant la fin de l’année 2018 (à l’heure où nous écrivons ces lignes, le titre s’échange à 265 $ environ…).
Depuis, les choses ont bien changé…
Le 11 septembre 2018, Romit Shah a abaissé sa recommandation sur le titre Tesla d' »acheter » à « neutre » (à Wall Street, « neutre » est un mot de code pour « vendre »). A présent, il considère que l’action Tesla « n’est plus un véhicule d’investissement sérieux ».
Ce fut un choc pour beaucoup d’investisseurs…mais cela ne devrait surprendre aucun de nos lecteurs. Nous vous avons fréquemment averti des faiblesses que présente la stratégie de Tesla ainsi que de la surévaluation du titre. Notre conseil d’éviter Tesla a été judicieux (même si le titre semble rebondir chaque fois précisément au moment où nous en parlons).
Aujourd’hui, je vais vous donner de nouvelles raisons de rester à l’écart du titre Tesla ou même de vendre vos actions si vous en détenez encore. Je vais également vous donner quelques idées d’investissement si vous souhaitez investir dans le développement des véhicules électriques, mais que vous avez compris que Tesla est un pari trop hasardeux.
Il n’y a pas de fumée sans feux
Romit Shah justifie son changement d’avis sur le titre principalement par le comportement du PDG de Tesla, Elon Musk, qu’il qualifie d’« imprévisible et instable ».
Pour ceux parmi vous qui ne suivent pas l’actualité autour d’Elon Musk, voici quelques-unes de ses frasques au cours des derniers mois :
– Lors d’une conférence téléphonique organisée à l’occasion de l’annonce des résultats trimestriels de Tesla, il a tourné en ridicule les questions posées par certains analystes
– Il ne cesse de s’attaquer aux vendeurs à découverts sur le titre Tesla
– Il a fait une apparition dans l’émission du comédien Joe Rogan le 7 septembre 2018 au cours de laquelle il a fumé du cannabis avec un verre de Whiskey
– Il a récemment traité de pédophile un plongeur qui a aidé à sauver une équipe de foot coincée dans une grotte en Thaïlande. Ces accusations n’ont été corroborées par aucune preuve jusqu’à présent.
Plus grave encore, Elon Musk a annoncé sur Twitter le 7 août 2018 qu’il disposait des financements nécessaires pour sortir Tesla du marché boursier si le titre baissait en dessous de 420 $ par action. En réalité, ce n’était pas le cas.
La SEC, l’autorité américaine de contrôle des marchés financiers, a donc lancé une enquête pour déterminer si Musk a tenté de manipuler le cours de l’action Tesla en publiant ce tweet.
Ainsi il n’a fallu que quelques mois à Elon Musk pour commettre davantage d’erreurs graves que la plupart des PDG de grandes entreprises en l’espace d’une vie.
Officiellement, c’est la raison pour laquelle Romit Shah a décidé de complètement retourner sa veste sur le dossier en recommandant de vendre le titre Tesla. Mais nous pensons qu’il est en réalité motivé par d’autres raisons beaucoup plus profondes que celle-ci…
42% de probabilité de faillite à 5 ans
Apparemment de nombreux cadres supérieurs de l’entreprise pensent également qu’il est préférable d’en finir avec Tesla. Ils démissionnent de l’entreprise en masse.
D’après le célèbre vendeur à découvert Jim Chanos, 58 cadres dirigeants ont quitté l’entreprise depuis un an. Parmi eux, le directeur comptable, Dave Morton…qui est parti seulement un mois après avoir pris ses fonctions.
Bien entendu, il est normal dans une entreprise de constater une rotation des équipes… mais je ne pense pas qu’il soit habituel pour une entreprise de cette dimension de subir 58 démissions de cadres supérieurs en l’espace d’un an.
Si Tesla était réellement une magnifique entreprise en pleine croissance et promise à un grand avenir…ils seraient restés ne serait-ce que pour encaisser le jackpot sur leurs stock-options. A la place, c’est un véritable exode qui se produit actuellement.
L’une des explications possibles est que Tesla pourrait être au bord de la faillite. Cela peut sembler difficile à croire étant donné la popularité de la marque, mais Tesla fait face à de sérieux problèmes de trésorerie.
Au second trimestre 2018, le flux de trésorerie disponible dégagé par l’activité s’établissait à -740 M$. Aussi inquiétant que ce chiffre puisse paraître, il s’agit d’une amélioration par rapport au premier trimestre, Tesla affichait alors un flux de trésorerie disponible dans le rouge de plus de 1 Md$.
A cette vitesse, la trésorerie de Tesla, qui s’établit à 2,2 Mds$, se sera entièrement évaporée avant la fin de l’année prochaine.
Certains analystes prévoient que Tesla dégagera un flux de trésorerie net positif au cours des deux prochains trimestres. Mais étant donné l’historique financier récent de l’entreprise, cela semble très improbable.
Les problèmes ne s’arrêtent pas là, Tesla va devoir rembourser l’année prochaine quasiment 1,5 Md$ d’obligations arrivant à échéance. Les investisseurs sont de plus en plus inquiets concernant la capacité de la compagnie à refinancer cette dette en émettant de nouvelles obligations ou de nouvelles actions.
Ceci explique que le prix des CDS (« Credit Default Swaps ») sur Tesla explose. Un CDS est un système d’assurance contre le risque de défaut. Si Tesla fait défaut sur sa dette, les détenteurs de CDS percevront une compensation.
D’après Bloomberg, certains investisseurs sont prêts à payer jusqu’à 2 M$ pour s’assurer pendant 5 ans sur 10 M$ de dettes. Ceci implique que le marché évalue le risque de défaut à près de 42% au cours des 5 prochaines années.
Comment investir plus sûrement dans le développement des véhicules électriques ?
Si Tesla se retrouve incapable de respecter ses échéances de remboursement, la compagnie va très certainement se mettre en cessation de paiements et subir une restructuration. Il s’agit d’une procédure longue qui implique généralement de très lourdes pertes pour les actionnaires.
C’est aujourd’hui le risque auquel vous faites face si vous possédez des titres Tesla…un risque que la plupart des investisseurs préfèrent éviter.
Le marché offre de nombreuses opportunités pour les investisseurs qui souhaitent surfer sur le développement des véhicules électriques.
Si vous souhaitez investir dans une entreprise technologique en pleine croissance, intéressez-vous par exemple à Nvidia (NVDA) ainsi qu’à d’autres entreprises de semi-conducteurs. Ces entreprises fabriquent littéralement le « cerveau » situé à l’intérieur des véhicules électriques et des équipements électroniques en général.
Vous pouvez aussi envisager d’investir dans les titres d’entreprises qui vont prochainement connaitre une croissance fulgurante grâce à la nouvelle génération de réseaux sans fils 5G. Ces entreprises joueront un rôle essentiel pour connecter entre eux l’ensemble de nos équipements électroniques, y compris les véhicules électriques et autonomes.
Comme vous le voyez, il existe des opportunités d’investissement beaucoup plus sûres que Tesla pour titrer profit des grandes tendances technologiques.