Deux raisons font que l’inflation ne sera pas du tout transitoire, mais durera potentiellement pendant une dizaine d’années.
Nous pensons qu’une dévaluation mondiale synchronisée va se produire.
L’inflation est là pour durer, et les banquiers centraux ne pourront pas lutter contre celle-ci par des hausses de taux ; non seulement par crainte de faillites du secteur privé, mais tout simplement car le secteur public serait mis en défaut.
Aucun Etat développé endetté à hauteur de la taille de son économie (plus de 100% de dette sur son PIB) n’est capable d’assurer le service de sa dette si les taux montent à 4% ou 5%. Tout simplement parce qu’il ne verra pas une croissance de 5% de son PIB face à la récession qui s’annonce. Pourtant, un taux d’intérêt de 5% est déjà en dessous des niveaux actuels d’inflation, tant aux Etats-Unis qu’en Europe.
Mais pourquoi ne croyons-nous pas que l’inflation soit transitoire, comme le prétendent les banquiers centraux ? Parce que nous pensons qu’elle n’est pas cyclique mais structurelle. Ce ne sera pas une donnée de court terme mais de long terme.
Tout ce qui est cyclique dépend du cycle des affaires. Investissements, salaires, prix, bénéfices des entreprises, soit autant de données qui typiquement évoluent d’une façon que les économistes et les gens ordinaires peuvent comprendre. Mais il en va autrement avec l’inflation structurelle.
L’inflation n’augmente pas en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Ni parce que des entreprises avides exploitent des consommateurs en augmentant leurs marges. Voici les deux principales raisons qui nous font anticiper un niveau de 4 à 5% durant les dix prochaines années.
Première raison : la Chine
Lorsque la Chine est entrée dans l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2000, les prix des biens finis (électronique et textile) ont baissé.
Le prix mondial du travail a baissé car un milliard de personnes sont entrées sur le marché de l’emploi.
Cette arrivée de la Chine dans l’OMC a aussi poussé à la hausse les prix des matières premières et des ressources naturelles qui entraient dans les produits finis, et dont la Chine avait besoin pour ses usines, ses ponts, ses aéroports et son marché immobilier. Mais cette hausse a été plus que largement compensée par la baisse des prix des biens manufacturés made in China.
Durant ces vingt dernières années, en s’intégrant dans l’économie mondiale, la Chine a influencé les prix mondiaux à la baisse et donc les niveaux d’inflation ont été plus faibles.
Les pays qui achetaient à la Chine ses produits finis importaient de la déflation. Pendant ce temps, la Chine réinvestissait ses excédents commerciaux en finançant le déficit américain, donc en achetant des obligations souveraines américaines. Ceci a permis de conserver les taux d’intérêt américains à un faible niveau.
Nous pensons que tout est en train de se retourner, ce qui va produire de l’inflation structurelle plutôt que de la déflation ou de la désinflation. Désormais, la tendance est à la relocalisation, aux circuits plus courts et les avantages concurrentiels de la Chine s’estompent.
Deuxième raison : les retraités
Nous parlons de la retraite des – notamment – 76 millions d’Américains appartenant à la génération dite des baby-boomers.
La démographie est simple. Au fur et à mesure que les gens quittent leur travail et partent à la retraite, ils ne gagnent plus un salaire mais un revenu. Dans ce cas, il s’agit le plus souvent d’un revenu fixe (qui provient soit de leurs investissements, soit d’une rente de retraite, soit d’une pension de la sécurité sociale).
Ceci modifie à la fois combien ils consomment et ce qu’ils consomment (ce qui au passage peut créer des opportunités dans des industries ou des secteurs qui adressent ces besoins).
Mais si les gens prennent leur retraite, consomment moins et dépensent leur patrimoine accumulé, les gouvernements compenseront par plus de dépenses sociales et de dépenses de relance pour désespérément tenter de stimuler la baisse de la consommation.
Ceci créera de l’inflation structurelle puisque les politiques monétaires ne sont pas fondamentalement remises en cause.
Pour ces deux raisons, nous prévoyons une inflation annuelle de 4 à 5% durant dix ans avec des épisodes où l’inflation volera plus haut.
C’est ainsi que le surendettement public et privé pourrait disparaître, rongé par l’inflation.
Mais tous ceux qui ne peuvent compter que sur un revenu fixe s’appauvriront pour payer l’addition.
C’est pour cela que nous vous conseillons de protéger vos liquidités avec de l’or (sous forme physique) et d’investir dans certains secteurs immunisés contre l’inflation, que nous pensons pouvoir trouver dans la « vieille économie », comme le pétrole.
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