La Chronique Agora

Nos politiques n’arrivent à digérer ni l’actualité ni le passé…

Nos politiciens sont tellement bourrés de qualités qu’ils arrivent parfois à décrypter l’avenir, comme nous l’avons vu la semaine passée. C’est parfois également le cas de certains journalistes, alors que des intellectuels ont encore du mal avec des faits pourtant bien avérés.

Ceux qui ont réussi à tirer des conclusions avant la police

La presse française colporte parfois des opinions très définitives… surtout lorsque cela arrange la vision bisounours du multiculturalisme.

Ainsi, dès le lendemain de l’incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris le 15 avril dernier, des médias comme La Dépêche dénonçaient les « théories du complot [qui] fleurissent déjà sur les réseaux sociaux ».

Très bien.

Là où le bât blesse, en revanche, c’est lorsque le journal met dans le même sac les théories délirantes du type « Nostradamus l’avait bien prédit », ou encore « ça arrive le jour même où le président allait s’exprimer, tiens tiens comme c’est bizarre » (en substance), et des commentateurs classés à l’extrême-droite qui se sont demandé si la France n’aurait pas à nouveau été victime d’une tentative d’attentat islamiste.

Soyons clairs : la France a son lot de complotistes qui ont malheureusement beaucoup de succès auprès d’une partie de la population.

Mais ce n’est pas en écartant définitivement la piste criminelle quelques heures seulement après ce type d’évènement que les médias vont contribuer à faire émerger la vérité. Au contraire, cela revient précisément à faire le jeu des complotistes comme Etienne Chouard.

En somme, le 16 avril à 17h11, il était aussi ridicule d’affirmer que l’on venait d’assister à un incendie volontaire ou à un attentat islamiste que d’exclure la possibilité que cela ait pu être le cas. Cela d’autant plus que les actes de vandalisme contre des bâtiments chrétiens augmentent, et que l’on arrêtait encore un homme en possession de bidons d’essence dans la cathédrale Saint-Patrick de New York quelques jours seulement après l’incendie de Notre-Dame.

Mais peut-être certains journalistes ont-ils la science (et la vérité) infuse…

Aux dernières nouvelles, on ne sait toujours pas grand-chose de ce qu’il s’est passé, mais l’on constate que certains médias sont désormais plus prudents dans leur façon de traiter l’info.

(NDLR : le mot « incendie » n’a pas changé de genre par l’opération du Saint-Esprit dans la nuit du 15 au 16 avril ; il s’agit d’une coquille de BFM.)

Certains font cependant parfois encore pire que nos médias et refusent d’accepter les faits — même après que les accusés soient allés à confesse.

Ceux qui ont de gros doutes sur des faits avérés (et avoués)

Protégé successivement par les présidents Mitterrand et Lula, Cesare Battisti a finalement été extradé à Rome le 14 janvier 2019 grâce aux présidents Temer et Bolsonaro.

Trente-huit ans après avoir fui l’Italie – où il avait été condamné par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir perpétré des assassinats à caractère terroriste –, l’ancien membre du groupe des Prolétaires armés pour le communisme est passé aux aveux.

Le 25 mars 2019, il a en effet reconnu sa responsabilité avant de présenter ses excuses aux familles des victimes. Je le cite :

« Tout ce qui est écrit dans le jugement est la vérité. J’ai commis quatre homicides, j’ai tué Santoro et Sabbadin et suis responsable aussi de la mort de Torregiani et Campagna. J’ai blessé trois personnes, j’ai commis des vols pour me financer. Je me rends compte du mal que j’ai fait, et je demande pardon aux familles des victimes. »

Au sujet des intellectuels qui l’ont soutenu – y compris ceux de la gauche française de l’ère Mitterrand qui lui avaient permis, en le défendant, de mener une paisible vie de gardien d’immeuble et d’écrivain –, il déclare :

« Je n’ai jamais été victime d’une injustice. Je me suis moqué de tous ceux qui m’ont aidé, je n’ai même pas eu besoin de mentir à certains d’entre eux. »

Une fois la nouvelle tombée, certains de ceux qui le défendaient il y a encore 10 ans de cela…

… se sont pudiquement abstenus de commenter.

« Sollicité par l’Agence France Presse (AFP), Bernard-Henri Lévy n’était pas disponible », apprend-on sur Ouest-France … (interdit de rire)

D’autres ont eu plus de mal à accepter la réalité.

« Je n’ai pas clamé son innocence en me basant sur une conviction, mais sur des recherches scientifiques. Je suis chercheur à la base, avant d’être écrivain. Et je maintiens mes conclusions », a déclaré la romancière, archéozoologue et médiéviste Fred Vargas. « Je ne connais pas les raisons pour lesquelles il a fait ces déclarations. Je ne dis pas qu’il ment, mais moi je garde ma conclusion », a-t-elle ajouté.

Peut-être devrait-elle en discuter avec le fondateur de La Règle du Jeu, qui ne s’est toujours pas exprimé à ce sujet.

En effet, rien de mieux que le débat d’idées pour faire émerger la vérité, comme a fini par le constater un politologue dont j’ai déjà eu l’occasion de vous parler dans ces colonnes.

Ceux qui ont vu l’horreur de près et qui en sont revenus

Vu que l’on navigue dans l’océan de nos intellectuels de gauche, il me semble opportun de conclure ce billet en vous parlant de la révélation qui a frappé Thomas Guénolé.

Non, Thomas Guénolé ne revient pas d’un déplacement au Venezuela. Il a simplement quitté LFI après avoir été accusé d’avoir commis des actes « pouvant d’apparenter à du harcèlement sexuel ».

« Comment peuvent-ils plaider sans relâche pour une vraie démocratie en France, eux qui organisent LFI comme une dictature ? Jean-Luc Mélenchon, lui, gouverne LFI en autocrate », se défend celui qui était jusque-là co-responsable de l’école de formation politique de LFI.

Comme quoi, il n’est finalement pas interdit d’espérer de nos politiciens qu’ils reviennent à la réalité !

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