La Chronique Agora

Les politiciens nous prennent-ils vraiment au sérieux ? (5/6)

Mélenchon Harlem Désir

Jusqu’à présent, les politiciens de carrière attendaient de s’être mis en retrait de la vie politique avant de rejoindre un plateau de télé ou une émission de radio en tant que chroniqueur ou journaliste. Une manière de conserver une certaine décence vis à vis des mauvaises langues qui voudraient que sphère politique et sphère médiatique ne forment qu’une seule et même caste se renvoyant la balle à tour de rôle.

Depuis la 2017, cette précaution minimale se voit jetée aux orties ! Parmi les transfuges de cette dernière saison électorale (Julien Dray sur LCI, Jean-Pierre Raffarin sur France 2 et Henri Gaino sur SudRadio), c’est sans doute le cas de Raquel Garrido qui est le plus déroutant. Celle qui est toujours porte-parole de Jean-Luc Mélenchon est également devenue chroniqueuse dans Les Terriens du dimanche, la nouvelle émission de Thierry Ardisson sur C8. Ce statut permet désormais à cette opposante au gouvernement d’interroger directement le Premier ministre lors de ses conférences de presse. Mais pour le compte de C8, bien sûr !

Voilà un mélange des genres qui contribuera à rendre encore plus floue la distinction entre monde politique et monde médiatique.

Vous trouvez ça minable ? Lisez la suite…

Normal que la France soit représentée à l’international par des individus au casier judiciaire accablant ?

Emmanuel Macron a été élu sur la promesse d’un renouveau. Voici l’une des nouvelles têtes :

Fort d’une liste des condamnations longue comme le bras, Harlem Désir a donc obtenu le poste de Représentant de l’OSCE pour la liberté des médias, et percevra à ce titre un salaire annuel de plus de 120 000 € – qui échappe à l’impôt sur le revenu.

Bien gérer sa « hontectomie » (© H16)

Vous vous souvenez de Robert Bourgi, l’avocat qui avait fait plusieurs « dons » à François Fillon, notamment sous la forme de costumes ? Alors que la pression commençait à monter sur ce monsieur, Le Parisien rapporte qu’il aurait « subi un important dégât des eaux qui aurait endommagé certains ordinateurs et téléphones. Vendredi, ouvriers et techniciens étaient en pleine réparation… ». Malencontreux, n’est-ce pas, dans le cas d’une éventuelle enquête ?

Mais Jean-Christophe Lagarde a fait encore mieux. Fin juin, le président de l’UDI expliquait à qui voulait l’entendre qu’un salaire de député devait être relativisé au regard de l’énorme charge de travail :

« Je vais vous dire que j’ai, à mon avis, moins que le salaire moyen des Français – eh oui, faut un tout petit peu réfléchir – au regard du nombre d’heures que j’y consacre, du peu de week-ends que je peux avoir et des responsabilités que j’exerce. Quand vous travaillez 15 heures par jour… Quand je fais visiter l’Assemblée nationale à des groupes d’enfants qui posent cette question, je leur réponds souvent que leurs parents, ils termineront leurs 35 heures le vendredi, moi je les ai terminées le mercredi à midi. »

Si l’on prend en compte uniquement le revenu qui découle directement de l’activité de député, BFM rappelle qu' »un député gagne 7 209,74 euros bruts mensuels alors que le salaire moyen des Français s’élève à 2 957 euros bruts par mois. »

Mais, me direz-vous, 15 heures par jour sept jours par semaine, c’est énorme et le coût horaire de notre dévoué Lagarde est bien faible…

Raté !

Selon nosdeputes.fr la présence de notre vaillant Lagarde est pour le moins sporadique.

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François Hollande, dont le contribuable est encore loin d’être débarrassé (voir plus bas), avait déjà trouvé moyen de déclarer en mars 2017 qu’il était « fier de pouvoir remettre à [son] successeur un pays plus fort, plus digne, plus soudé, plus cohérent qu’en 2012 ». Il ne lui aura fallu que deux mois pour remettre une couche d’autocongratulation en mode complètement déconnecté de la réalité :

« Tu peux répéter François ? Je t’ai pas entendu avec les bruits de kalaches ! »

Mais il ne s’agit finalement là que d’enfoncer le clou.

A mon sens, Richard Ferrand a fait encore plus fort au sens où lui a su innover. Habitué des explications déconcertantes à propos de « miracles bancaires » et du manque de main-d’oeuvre qualifiée, celui qui souhaitait « que les Français retrouvent la fierté de leurs parlementaires » déclarait, par exemple, au sujet de l’emploi de son fils comme collaborateur parlementaire en 2014 : « je vous invite à aller faire un tour en Centre-Bretagne. Ce n’est pas simple de trouver un jeune, volontaire, pour travailler cinq mois, qui sait lire et écrire correctement, allez sur internet. » Bravo M. Ferrand, franchement, celle-là, il fallait oser !

Le vieux routard de la politique qu’est Jean-Luc Mélenchon, qui n’a plus peur depuis bien longtemps de reculer devant quelque énormité que ce soit. Celui qui n’a travaillé que quatre ans hors politique et n’a tout au plus exercé qu’un an en tant qu’ouvrier, déclarait fin mai :

Jean-Luc Mélenchon rate de peu la médaille d’or. Vous découvrirez cependant samedi prochain qui est le champion.

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