La Chronique Agora

Le point de non-retour

Fed, inflation

A quel moment l’inflation devient-elle réellement incontrôlable… voire prend le contrôle de la banque centrale qui prétendait être aux commandes ?

Ce qui doit arriver arrive toujours… mais en l’attendant, vous pouvez vous ruiner.

L’inflation se produit, comme elle devait se produire. Les autorités ont gonflé le système monétaire. Et les consommateurs sont maintenant ébranlés par la hausse des prix. Nous attendons juste de voir ce qu’il va se passer ensuite. D’une manière générale, il n’y a vraiment que deux possibilités. Soit la Fed contrôle l’inflation… soit l’inflation contrôle la Fed.

Soit elle neutralise l’inflation… soit l’inflation la fait trembler.

Comme nous l’avons décrit, l’inflation devrait être auto-correctrice. Des prix plus élevés devraient motiver les producteurs et décourager les consommateurs. Les gens devraient conduire moins. Acheter moins. Ils devraient rester à la maison et éteindre les lumières. Les prix devraient baisser.

Mais « n’attendez pas un miracle », tel était le message de Janet Yellen la semaine dernière :

« Je m’attends à ce que l’inflation reste élevée, même si j’espère vraiment qu’elle va baisser maintenant. »

Mme Yellen est remarquablement douée pour ne pas voir ce qui se passe réellement. Nous ne serons sûrs que l’inflation est en voie de disparition, à coup sûr, que lorsqu’elle nous dira qu’elle est éternelle.

Une monnaie dans laquelle nous pouvons avoir confiance

En attendant, essayons de comprendre quelle direction les choses vont prendre : qui finira par chanter d’une voix aiguë de « castrat » ? La Fed ? Ou son inflation ?

Les gouvernements utilisent l’argent de la planche à billets comme un pickpocket utilise ses mains. Ils ont accès à de l’argent qu’ils ne devraient pas avoir. Avec cet argent, ils financent des programmes et des cadeaux que ni les contribuables ni les prêteurs ne sont prêts à payer. Naturellement, ils veulent faire durer le racket aussi longtemps que possible.

Mais l’inflation est la pire forme d’imposition. Elle étrangle l’oie avant même qu’elle ne ponde son œuf doré. Une économie a besoin d’une monnaie auquel elle peut se fier. Des taux d’inflation élevés rendent les décisions d’affaires, d’investissement et même de consommation beaucoup plus difficiles.

Peu de personnes sont prêtes à investir sur le long terme, et donc créer de la richesse, lorsque les augmentations de prix semblent « hors de contrôle ». Les usines ne sont pas construites. Les autoroutes ne sont pas réparées. Les innovations et les améliorations ne voient pas le jour. Les gens s’appauvrissent.

Aux Etats-Unis, les prix augmentent à un taux officiel supérieur à 8%. Les choses auxquelles les gens tiennent vraiment – la nourriture, le logement, le carburant – augmentent beaucoup plus vite. Voici un titre de Fox News :

« Le prix de l’essence a augmenté de 5 cents pendant la nuit ; les Américains paient près de 2 $ de plus qu’il y a un an. »

Le prix moyen national de l’essence a augmenté de cinq cents durant une seule nuit, du lundi 6 au mardi 7 juin, et même de 10 cents en remontant trois jours de plus, atteignant alors le niveau record de 4,92 $ le gallon [3,78 l, NDLR], selon l’American Automobile Association.

Redfin indique que les prix des maisons ont augmenté de 15%. Et la FAO indique que les prix des denrées alimentaires dans le monde ont augmenté de 60% au cours des deux dernières années.

Alors, que devrait-il se passer ensuite ? Voyons de plus près comment cela fonctionne.

La crise suit le boom

Une certaine inflation est un sous-produit naturel du cycle économique. En période d’expansion, la demande augmente… et les prix avec. Puis, vient la crise et les prix redescendent.

Et parfois, les prix augmentent simplement parce que la demande augmente ou que l’offre diminue. L’approche d’un ouragan, par exemple, a un effet stimulant sur les ventes de générateurs ; les prix du contreplaqué augmentent.

De même, les confinements liés au Covid, tout comme la guerre et les sanctions, jouent un rôle dans les hausses de prix actuelles.

Mais il y a autre chose à l’œuvre… quelque chose de plus sinistre et de moins sensible aux boucles de rétroaction naturelles d’une économie honnête. C’est quelque chose qui était en cours bien avant la panique du Covid ou la guerre russo-ukrainienne. C’est intentionnel… auto-infligé… une caractéristique de la politique fiscale et monétaire des Etats-Unis… et par extension… une conséquence du système monétaire mondial.

Tant que les autorités fédérales maintiendront leurs politiques en place, nous devrions continuer à voir les prix augmenter. En fait, l’inflation devrait s’aggraver. C’est ce qui devrait arriver aussi. Parce que l’inflation naturelle du cycle économique s’autocorrige… les guerres se terminent… et les ouragans passent à autre chose. Mais l’inflation préméditée s’auto-intensifie.

C’est-à-dire qu’à mesure que les prix augmentent, le pouvoir d’achat diminue. Ensuite, « l’inflation » prend une vie qui lui est propre. Les gens doivent avoir plus d’argent simplement pour maintenir leur niveau de vie. Les entreprises, les investisseurs et le gouvernement s’habituent à avoir de plus en plus d’argent. Lorsque les prix augmentent, ils ont besoin de plus d’argent pour rester au même endroit.  Si l’argent ne vient pas, les ventes chutent… les prix baissent… et une récession s’installe – toutes les choses que les autorités veulent tant éviter.

C’est le piège de « l’inflation ou la mort » que nous avons déjà décrit. Une fois que vous commencez à avoir de l’inflation, vous devez en ajouter davantage ou l’économie qui en dépend meurt.

La plus forte reprise jamais enregistrée

De plus, lorsque les gens se rendent compte que l’inflation ne disparaît pas, ils s’y habituent. Ils ont envie de se débarrasser de leur argent le plus vite possible. Au lieu d’économiser de l’argent, ils le dépensent rapidement, avant qu’il ne perde davantage de sa valeur. Cela augmente la « vélocité » de la monnaie, qui à son tour renforce le taux d’augmentation des prix.

Les « anticipations d’inflation » sont encore plus difficiles à contrôler que l’inflation elle-même. C’est pourquoi une banque centrale qui souhaite réduire l’inflation doit la devancer. Elle doit montrer qu’elle est sérieuse, en resserrant sa politique monétaire plus que prévu.

C’est ce qu’a fait Paul Volcker en 1980… en portant le taux directeur de la Fed à un niveau stupéfiant de 20 %, soit près de 700 points de base AU-DESSUS du taux d’inflation des prix à la consommation.

Pour référence, le taux de prêt actuel de la Fed devrait être, à la fin de l’année et après quelques augmentations supplémentaires, environ 400 points de base EN DESSOUS de l’IPC.

La Maison-Blanche ne prend pas non plus au sérieux la réduction de l’inflation. C’est la « reprise la plus forte de l’histoire moderne », nous disent Biden et consorts.

« Nous sommes en bonne position pour nous attaquer réellement à l’inflation », a ajouté la semaine dernière la porte-parole de la Maison-Blanche. Mais le déficit fédéral est toujours en passe de dépasser les 1 000 Mds$ cette année.

Si vous ne pouvez pas équilibrer le budget pendant la « plus forte reprise » de tous les temps… quand le pourrez-vous ? Jamais. Et si vous ne commencez pas sérieusement à resserrer la politique monétaire lorsque l’IPC dépasse 8%, quand le ferez-vous ?

La réponse est simple : quand vous ne pourrez plus rien faire d’autre.

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