Le plan de relance devait être exposé cette semaine. Sa présentation est finalement reportée pour faire place à la communication gouvernementale sur le coronavirus. Cette guerre de la communication augure mal de la suite des opérations : tout indique que les 100 milliards d’argent public supplémentaires que ce plan doit distribuer seront gaspillés en action d’affichage et n’éviteront aucun dommage majeur à notre économie.
Le plan de relance devait être prêt à la fin août. Il paraît qu’il l’est, mais Emmanuel Macron a décidé un embargo sur sa communication afin de mieux parler du coronavirus.
Cette stratégie tout entière tournée vers la mise de l’opinion publique sous tension et sous angoisse, en dit long sur le faible intérêt que nos élites portent au sauvetage économique réel du pays. Tout est désormais affaire de communication, et non affaire de solution.
Afficher des mesures plutôt qu’agir
On comprend bien les obsessions de notre temps. Il faut communiquer. Le problème n’est pas de régler les problèmes, mais de montrer qu’on s’y est intéressé en prenant des mesures. Qu’importe si elles sont totalement inefficaces. L’enjeu est de faire la une des journaux avec un plan, une loi, un rapport qui permettent de se faire mousser et de laisser croire que l’on est important et bienveillant.
Le plan de relance du gouvernement n’échappe pas à cette règle désormais incontournable dans la politique française. L’utilité du plan de relance n’est pas d’éviter la crise, mais de permettre au président de communiquer sur sa mobilisation, à l’approche des nouvelles élections. Pas question, donc, de gâcher ce moment en l’éclipsant par d’autres dossiers comme le Covid-19.
100 milliards, ça permet de communiquer
Tout est donc fait pour donner l’illusion que l’affaire est entre de bonnes mains. On met sur la table 100 milliards. Le compte est rond et bon. Personne ne pourrait expliquer pourquoi 100 milliards sont meilleurs que 50 ou 200, mais le chiffre est très « marketing » et c’est ça qui compte.
Qu’importe si l’urgence de plusieurs champions français laisse à penser que l’affaire n’est pas prise avec le sérieux qui s’impose. L’essentiel est d’égrener des chiffres qui font masse. 40 milliards pour l’industrie (laquelle ? le sujet est secondaire). 40 milliards apportés par l’Union européenne (qu’on ne devra donc jamais rembourser, selon la légende récente mais tenace fabriquée de toutes pièces). 40 milliards pour la transition énergétique.
Tous ces chiffres ne sont pas des solutions, mais des slogans. On comprend d’ores et déjà que personne, dans les rangs du gouvernement, n’accorde la moindre importance à la lutte contre la crise ni à la pertinence des mesures prises. Il s’agit seulement d’impressionner favorablement les esprits pour permettre la réélection du président sortant.
Votre argent part en fumée
Cette opération est d’autant plus alléchante pour le gouvernement, nourri en notes, en projets, en suggestions quotidiennes par les chefs de bureau de Bercy, qu’elle se fait avec votre argent. Les fonctionnaires ont trouvé une recette miracle : ils ne proposent aucune diminution de dépenses qui pourrait leur nuire, et font plaisir aux ministres en proposant chaque jour des dépenses nouvelles qui rendront le gouvernement populaire. C’est Noël toute l’année !
Aucun élu, bien entendu, ne prend le soin d’ajouter que cet argent est le vôtre, et que leur Noël est aussi votre ardoise. Officiellement, l’argent tombe du ciel. En réalité, l’opération de communication est menée en tirant une très longue traite sur votre épargne, et tôt ou tard, et probablement plus tôt qu’on ne le dit, il faudra commencer à payer l’addition.
Premières rumeurs sur l’alignement de la fiscalité de l’assurance-vie
Dès 2021, plusieurs mesures fiscales plus ou moins discrètes devraient commencer à tomber. L’une d’elles visera à aligner la fiscalité de l’assurance-vie sur celle des successions. L’abattement d’assiette devrait désormais être unique entre assurance-vie et transmission de droit commun.
Officiellement, le gouvernement n’augmentera pas l’impôt, mais on voit bien la stratégie qui se dessine, qui consistera à commencer par des grignotages techniques dans tous les sens pour « faire payer les riches » sans l’avouer.
Au demeurant, s’agissant de l’assurance-vie, une conjonction astrale défavorable devrait pousser à des remises en causes systémiques. On sait depuis longtemps que l’assurance-vie à la française est un modèle bancal, coincé entre l’épargne et la retraite, dont la recette est plus fragile qu’on ne croit.
Selon toute vraisemblance, son modèle évoluera en profondeur et il faut se tenir dès maintenant aux aguets face aux mutations profondes qui pourraient se produire. Dans tous les cas, les discours lénifiants du gouvernement sur la possibilité de s’endetter sans limite et sans raison valable n’auront qu’un temps.
Il est très probable que, dans les douze mois qui viennent, ce temps se termine brutalement.