La Chronique Agora

Les pires stratégies de nos politiciens pour 2019

A écouter nos politiciens s’exprimer, on se demande parfois si l’on ne serait pas tombé dans une faille spatio-temporelle pour atterrir sur la planète Gorafi.

 « Nous avons insuffisamment expliqué ce que nous faisons. Et une deuxième erreur a été faite : le fait d’avoir probablement été trop intelligents, trop subtils [sic !], trop techniques dans les mesures de pouvoir d’achat. Nous avons saucissonné toutes les mesures ».

Oh, la belle rouge !

C’est ce qu’a réussi à déclarer Gilles Le Gendre, droit dans ses bottes, le 17 décembre, soit lors de l’Acte V des « gilets jaunes ».

En voilà « un qui sait marier à merveille pertinence, tact et humilité », comme le dit le blogueur Franck Boizard.

Certains twittos ont naturellement tourné en dérision la morgue d’Ancien régime du président du groupe LREM à l’Assemblée nationale…

D’autres ont préféré ramener le représentant de Jupiter sur Terre avec quelques remarques concrètes.

Ceux qui répètent ad libitum les mêmes erreurs stratégiques

Parfois, le monde politique ne cesse de s’enfoncer toujours plus profondément dans les mêmes fautes de communication.

Le socialiste défroqué et député LREM Aurélien Taché n’a rien trouvé de mieux à faire le 2 décembre que d’en remettre une couche sur deux idées macroniennes qu’une immense majorité des électeurs n’a plus envie d’entendre.

On doit cependant lui reconnaître le mérite de l’honnêteté et de la cohérence : quel problème y aurait-il en effet à déposséder un peuple qui n’existe pas des bribes de souveraineté qui lui restent ?

Il faut dire qu’Emmanuel Macron n’a pas vraiment donné l’exemple dans ses vœux pour 2019. Le président s’est abaissé au niveau d’une AG de la fac de Tolbiac en énonçant que « le capitalisme ultralibéral et financier, trop souvent guidé par le court terme et l’avidité de quelques-uns, va vers sa fin ».

Soyons clairs. Le capitalisme et le libéralisme – comme le socialisme ou encore le capitalisme de connivence -, je vois à peu près ce que ça veut dire puisqu’il s’agit de termes qui font l’objet d’une définition sur laquelle pas mal de monde arrive à se retrouver. La financiarisation de l’économie, je vois aussi ce que l’on entend par là.

Actifs réels vs actifs papier (prix relatifs)

En revanche, lorsqu’Emmanuel Macron parle d’« ultralibéralisme », je n’ai aucune idée de ce qu’il veut dire. Ce terme est au mieux une espèce de joker que les politiciens brandissent chacun leur tour pour signifier qu’ils sont « gentils » et qu’ils appartiennent au « camp du bien », et au pire un épouvantail utilisé pour décrédibiliser un adversaire politique.

Comme l’écrit Olivier Maurice, parler d’« ultralibéralisme » :

« [Cela] donne l’impression d’être intelligent, comme Sartre. D’être altruiste, comme le Dalaï-Lama. D’être visionnaire, comme Lénine. D’être charismatique, comme le Che. D’être pacifique, comme Gandhi. D’être moderne, comme Obama. D’être prophétique, comme Marx. D’être antiraciste, comme Mandela. D’être féministe comme Louise Michel. D’être écologiste comme le commandant Cousteau ou comme Charles-Edouard de C., le punk à chien du coin de la rue qui se fait appeler Titi. »

Et c’est tout.

L’ultralibéralisme, ça n’existe pas. Aucune école d’économie n’en porte le nom et personne ne s’en revendique.

Un twittos faisait le commentaire suivant :

« Le drame, c’est qu’en employant un tel vocabulaire, Macron donne du crédit intellectuel aux démagogues qui pourtant l’attaquent avec une violence sans pareille. Il ne mène pas le combat intellectuel et moral qui devrait être mené. Macron n’est pas un bon chef. »

Le comble, c’est que le président est parvenu à nous caser dans la même allocution son assertion hypocrite sur la fin du « capitalisme ultralibéral et financier » et le propos suivant : « on ne bâtit rien sur des mensonges ou des ambiguïtés. Or je dois bien dire que depuis des années, nous nous sommes installés dans un déni parfois flagrant de réalité […] ». La magie du « en même temps », sans doute…

Bref, venant de la part du sémillant Emmanuel Macron, beaucoup s’attendaient à moins pire.

Il faudra manifestement attendre une autre présidence pour que soient employés les mots adéquats pour décrire la situation.

Ne comptez pas sur François Ruffin, le pauvre n’a toujours pas compris la leçon numéro de l’économie.

Pour changer, voici les vœux de Rafik Smati, « chef d’entreprise engagé dans la vie publique » que j’ai trouvés d’un autre calibre.

Ceux qui restent prisonniers de leurs marottes

Je commençais à désespérer de pouvoir un jour écrire du bien de Marlène Schiappa. Or, la secrétaire d’Etat a mis le doigt sur quelque chose de très important.

Je suis bien d’accord avec elle pour dire que le formatage intellectuel ne peut produire que des catastrophes. D’ailleurs, « quand tout le monde a le même logiciel, il n’y a plus d’intelligence collective »… ça ne vous rappelle rien, cher lecteur ?

Eh oui, vous avez peut-être reconnu sous une autre forme la devise des Publications Agora : « quand tout le monde pense la même chose, c’est que plus personne ne pense » !

Quant au recours aux quotas tous azimuts, très peu pour moi. Si l’on permettait tout simplement à chacun d’être libre d’agir, donc de recruter ceux qui lui semblent les meilleurs ?

Vous vous doutiez bien que je n’allais tout de même pas tenir tout le mois de janvier sans vous donner des nouvelles de Jean-Luc Mélenchon, n’est-ce pas ?

Eh bien il semble que 2018 n’aura pas suffi au leader de LFI pour accepter sa défaite aux présidentielles. A l’entendre parler, c’est lui qui a participé au débat du deuxième tour face à Emmanuel Macron.

Il me semble donc nécessaire de rappeler à la mémoire de tout un chacun qu’il n’était même pas sur le podium.

Ah, que la vie est dure lorsque l’on est confronté à la réalité !

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