La Chronique Agora

Piraterie financière

Janet Yellen, crise, subprime, dette

Nous pouvons remercier madame Yellen pour l’hécatombe !

« Vous pouvez acheter toutes les assurances vie que vous voulez, vous mourrez quand même. »
~ Bill Bonner

Jimmy Cayne est sur la liste. Alan Greenspan est sur la liste.

Janet Yellen n’y figure pas. S’agit-il d’un oubli ?

En 2009, TIME a dressé la liste des 25 personnes à l’origine de la crise financière de 2008-2009.

Alan Greenspan, qui avait pris sa retraite en tant que directeur de la Fed en 2006, figurait à une bonne place sur la liste. Jimmy Cayne, quant à lui, se trouvait bien en dessous. Le pauvre Jimmy, alors directeur de Bear Stearns, jouait au bridge à Las Vegas lorsque le premier navire de la flotte a coulé. Le téléphone sonne. Au bout du fil, le directeur financier de Bear Stearns à New York :

« Eh, Jimmy, comment ça va ? »

« Super… pourquoi est-ce que tu m’appelles ? »

« J’ai juste pensé qu’il faudrait que tu saches que… nous allons déclarer faillite. »

« Hein ? »

Ce « hein ? » a pesé sur Jimmy pendant des mois. En 2005, Forbes l’avait placé sur la liste des Américains les plus riches, avec une fortune de 900 M$… ce qui n’était pas rien à l’époque. Fin 2008, il avait perdu 95% de cette somme.

Artifices financiers

La classe dirigeante – notamment Janet Yellen – prétend que si les autorités sont suffisamment intelligentes… et capables d’agir avec suffisamment d’audace… la prévoyance bureaucratique peut permettre de prévenir de graves problèmes financiers/économiques. Elles ont la possibilité d’ajuster les taux directeurs à la banque centrale. Ou de changer la façon dont les banques sont réglementées.

Mais comme pour tous les autres efforts déployés par les élites pour empêcher l’avenir de se produire, elles ne peuvent pas mettre un terme aux sombres conséquences de leurs propres erreurs. Elles se contentent de reporter les coûts sur des personnes qui ne le méritent pas… et d’aggraver la situation.

Nous sommes en train d’assister au dénouement de plus de 25 ans de gaffes financières. La Fed a fait des choses qu’elle n’aurait pas dû faire : prêter trop, trop longtemps, à des taux d’intérêt trop bas. Aujourd’hui, nous en payons le prix. Les pertes doivent être prises en compte… Les dettes doivent être refinancées. Cela prendra du temps.

Pendant les mois qui ont suivi la faillite de Bear Stearns en mars 2008, la Fed a tourné des valves et tiré sur des leviers. Elle s’est efforcée d’arrêter la « contagion ». En juin, son président, Ben Bernanke déclarait que le « risque que l’économie soit entrée dans une récession substantielle semble avoir diminué ». Puis, en septembre, Lehman Brothers, dont les actifs s’élevaient à 639 Mds$, constituait la plus importante banqueroute de l’histoire des Etats-Unis.

Pour en revenir à Mme Yellen, elle s’est manifestement trompée sur toute la ligne. Elle était déjà à la Fed lorsque celle-ci a provoqué la crise du crédit hypothécaire de 2008 et 2009. Elle n’a pas compris que des taux d’intérêt bas gonfleraient les prix de l’immobilier… ni qu’une bulle immobilière exploserait inévitablement, laissant les détenteurs d’hypothèques avec des milliards de dettes irrécouvrables.

Puis, Mme Yellen a pensé que les modifications apportées à la réglementation bancaire – principalement en obligeant les banques à acheter davantage d’obligations du Trésor américain en guise de « réserves » – rendraient les banques si solides qu’aucune autre crise financière ne serait à craindre « au cours de notre existence ». Il était apparemment inconcevable pour elle que les bons du Trésor perdent de la valeur, laissant les banques non seulement à court de liquidités…

Piraterie Ultime

En général, quand Mme Yellen dit quelque chose, le contraire est probablement vrai. C’est pour cette raison que nos oreilles se sont dressées il y a quelques jours… Business Insider :

« La secrétaire au Trésor Janet Yellen a déclaré mardi que la crise des déposants quittant les banques américaines de petite et moyenne taille est en train de se ‘stabiliser’, et que si le problème devait s’aggraver, le gouvernement pourrait apporter un soutien supplémentaire aux acteurs touchés.

‘Notre intervention était nécessaire pour protéger le système bancaire américain dans son ensemble’, a déclaré Mme Yellen lors de la réunion de l’American Bankers Association à Washington, selon le New York Times. ‘Des actions similaires pourraient être justifiées si des institutions plus petites subissaient des retraits de dépôts qui posent un risque de contagion.’ »

C’est bon à savoir.

Mme Yellen a passé toute sa vie dans les milieux universitaires et gouvernementaux. En tant que présidente de la Fed, et maintenant secrétaire au Trésor, elle a atteint le nec plus ultra de la piraterie. Elle ne sait rien du fonctionnement des marchés… ni de celui des entreprises.  Et ce qu’elle croit comprendre de l’économie – le charabia keynésien – est faux.

Et maintenant qu’elle affirme que les banques se stabilisent, nous parions qu’un nouveau désastre bancaire majeur – à la Lehman – risque de suivre. Et ne sommes pas les seuls. CBSNews :

« Jamie Dimon affirme que la crise bancaire n’est pas terminée et qu’elle aura des ‘répercussions sur des années à venir’.    

Selon Jamie Dimon, PDG de JPMorgan Chase, la pression exercée sur le secteur financier par les deux faillites bancaires survenues aux États-Unis le mois dernier présente toujours une menace et devrait être résolue par une réorganisation du processus réglementaire.

‘Au moment où j’écris cette lettre, la crise actuelle n’est pas encore terminée, et même lorsqu’elle sera derrière nous, elle aura des répercussions sur des années à venir’, a déclaré le PDG de longue date dans sa lettre annuelle aux actionnaires mardi. »

Vous avez de l’or ?

Les banques font des bénéfices en prêtant de l’argent qu’elles ne possèdent pas. C’est le système de « réserves fractionnaires ». Si elles ont des dépôts de 100 $, elles peuvent prêter 1 000 $… en espérant que les déposants ne voudront pas récupérer leur argent en même temps.

La Fed a été créée pour s’assurer que les banques « solvables » puissent survivre à ces paniques bancaires. Depuis peu, elle aide également les banques insolvables à survivre. Et les entreprises zombies. Et les spéculateurs imprudents.

Désormais, avec la baisse des prix des bons du Trésor américain (et la hausse des taux d’intérêt en général), l’ensemble du secteur bancaire américain – chargé de ces bons du Trésor – risque de sombrer. Tout ça grâce au travail de Mme Yellen.

Et lorsque la prochaine grande banque fera faillite, peut-être obtiendra-t-elle la reconnaissance qu’elle mérite – à la tête de la liste des personnes qui auront provoqué cette calamité.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile