Le besoin et le désir font avancer l’humanité, mais les deux ne le font pas de la même manière. Alors, dans la compétition entre Etats-Unis et Chine, quel sentiment dominera ?
« Les oiseaux le font, les abeilles le font,
Mêmes les puces éduquées le font
Faisons-le, tombons amoureux »
~ Cole Porter
Avertissement : le contenu qui suit peut présenter un caractère sexuel non-graphique. Surveillance parentale conseillée, comme toujours.
Dans les actualités récentes, nous avons pu lire une petite note dans laquelle le secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken, affirme que « la paix [en Ukraine] pourrait être un piège cynique ».
Vraiment ? Tuer des gens est mieux que de ne pas les tuer ? Mettre un terme à la guerre serait « cynique » ? D’où vient une idée aussi étrange et comment l’expliquer aux veuves ?
La réponse nous est venue en nous réveillant ce matin : en le faisant !
Comme toutes les idées que nous avons, cette dernière a certainement été expérimentée par un penseur grec il y a plus de 2 000 ans. Mais nous n’avons jamais rencontré ce Grec. Nous ne voyons aucun plagiat. C’est donc la nôtre.
Utile ? À vous de décider.
Besoin vs envie
L’être humain a deux impulsions majeures. Le besoin et l’envie. Tout le reste en découle.
Nous avons besoin de manger… ou nous mourrons. C’est une question purement pratique. Elle nous mène à des actions concrètes… et au progrès matériel. Nous avons développé de meilleures techniques de chasse (y compris la coopération)… puis nous avons appris à planter des tomates et des choux… et enfin, nous sommes devenus capables d’exploiter les combustibles fossiles pour alimenter nos tracteurs, nos usines et nos maisons.
La résolution de la question du besoin a donné naissance à Pythagore, à pi, à la science, aux mathématiques et à l’ingénierie. Additionner 2 plus 2. Identifier les plantes. Comprendre comment mettre la corde à un arc ou lancer un boomerang… pour en arriver à la révolution agricole et la révolution industrielle. Les calculatrices, les chauffe-pieds, les collisionneurs de particules, la comptabilité en partie double, les portemanteaux et les tronçonneuses ont tous été issus de notre pensée pratique, fondée sur nos besoins.
Mais il existe une deuxième impulsion : le désir. Après avoir obtenu suffisamment de nourriture pour survivre, notre principal désir (d’un point de vue socio-biologique, mais pas nécessairement d’après notre expérience personnelle) est de nous reproduire. Si ce n’était pas le cas, notre espèce aurait disparu depuis longtemps.
Le désir est totalement différent du besoin. Il s’agit du sexe… et le monde en est rempli.
Cheval de Tik Tok
Fantaisie, fausseté et fiction. Le « grand homme » de la tribu ramène un jeune cerf. Il le partage avec ses amis et ses parents… et se réserve le meilleur morceau. L’accouplement est infiniment complexe, nuancé et fantaisiste. Il est fait de lèvres pulpeuses… d’un roman à succès ou d’une Chevrolet suralimentée. Il est fait de mensonges et de mythes, de tromperie et de contraception, de slogans politiques et de concurrence entre grandes puissances, d’exagérations sur Facebook, d’augmentation mammaire et de Troisième Guerre mondiale. Ce sont les heures passées à la salle de sport et le botox… Autant en emporte le vent et la Pieta de Michel-Ange.
C’est en lisant les gros titres que nous avons commencé à y songer. L’un d’eux nous invitait à nous méfier de Tik Tok, car les Chinois pourraient l’utiliser pour recueillir des « renseignements ».
Ailleurs, nous pouvions lire que les Chinois « nous devançaient » parce qu’ils subventionnaient leurs entreprises technologiques. Un autre titre nous expliquait qu’il était impératif de soutenir un budget plus important pour le Pentagone, de peur que les « Chinois ne dominent la mer de Chine méridionale ».
La réflexion la plus stupide dans le genre est probablement celle publiée par TIME, magazine populaire autrefois à moitié intelligent, sur les « 5 faits qui montrent que la Chine prend de l’avance sur l’Occident ».
« Elle a le dirigeant le plus puissant du monde. »
Vraiment ? Staline était puissant. Hitler était puissant. Ont-ils « pris de l’avance » ? En général, plus le dirigeant est puissant, plus la nation est faible.
« Elle tire des bénéfices globaux d’une économie contrôlée par l’Etat »
Hein ? Depuis quand une « économie contrôlée par l’Etat » est-elle un avantage ? C’est toujours un désastre.
« Elle maintient la population dans le droit chemin grâce aux emplois créés par l’Etat… »
C’est absurde. Les gens entrent sur le marché du travail à 18 ans ou plus tard. Les génies de Pékin savent-ils de combien de travailleurs le pays aura besoin dans 20 ans ?
« …et en tirant parti des progrès technologiques »
Tirer parti ? Les entrepreneurs chinois utilisent tirent parti. Les planificateurs centraux chinois font des erreurs d’affectation, d’interprétation et d’orientation… comme tous les planificateurs centraux du monde.
« D’autres suivent ses traces »
En quoi cela aide-t-il la Chine à « prendre de l’avance » ? La Chine ne prend de l’avance que si elle innove et croît plus vite que les États-Unis. Le nombre de pays à la traîne n’a aucune importance.
Mais le plus déconcertant, c’est que TIME pense que nous devrions nous préoccuper du fait que la Chine « prenne de l’avance ». Pourquoi ?
Gagnant-gagnant ou gagnant-perdant
Pourquoi nous soucier de savoir si la Chine domine la mer de Chine méridionale ? Qu’importe si elle a une économie plus forte, plus d’habitants, plus de technologie, etc. Logiquement, en faisant appel à la partie du cerveau qui se préoccupe des « besoins », plus la Chine devient forte, riche et avancée, mieux nous nous portons. Les Américains aiment Tik Tok ; que la Chine nous en donne davantage.
Mais dans la catégorie des « envies », il y a une autre façon de voir les choses. Les Américains ne souhaitent pas seulement vivre mieux, avoir plus à manger et être plus riches. Ils veulent aussi vivre mieux, manger plus et être plus riches que leurs voisins. En d’autres termes, ils veulent être le Numero Uno. Le chef de file. L’hégémon.
Nous voulons que notre équipe gagne le Super Bowl. Que notre équipe gagne ou non ne nous concerne pas personnellement ; nous n’y sommes pour rien. Mais, dans la salle des miroirs du désir, tout ce que l’on voit, c’est nous-mêmes.
Il n’y a pas d’éclats de joie si l’équipe locale perd. Car nous sommes alors tous perdants.
La partie « besoin » du cerveau est rationnelle, expansive et généreuse. C’est la partie optimiste, où tout le monde est gagnant, qui reconnaît que plus pour quelqu’un veut dire plus pour tout le monde. Mais la partie des « envies » est jalouse et craintive ; pour gagner, il faut que quelqu’un d’autre perde. Pour gagner, il faut que quelqu’un perde. C’est donc en faisant perdre quelqu’un que l’on gagne.
C’est tout à fait logique. La richesse du monde est illimitée. Les tracteurs et les produits chimiques ont permis de multiplier par cinq la production agricole depuis 1910 et le ratio agriculteur/consommateur est passé de 1 agriculteur pour 13 consommateurs à 1 pour 159.
Mais le « ratio de désir » fille-garçon est toujours le même – environ un pour un. Par conséquent, si vous voulez attirer la fille… ou le garçon… ou la personne transgenre ou indécise… vous allez avoir de la concurrence. Les stocks sont limités. Vous ne pouvez « gagner » qu’en faisant « perdre » quelqu’un d’autre. Il en a toujours été ainsi… et il en sera toujours ainsi. Le besoin est absolu. Le désir est relatif.
Vous pouvez construire autant de gratte-ciels que vous voulez. Mais si l’équipe locale veut gagner, elle doit vaincre ses adversaires.
Qu’est-ce que cela signifie pour la politique étrangère des Etats-Unis, pour l’avenir du dollar et pour vos investissements ? Laissez-nous un peu de temps pour y réfléchir…
…et restez à l’écoute.