▪ Une caractéristique définit la vie publique actuelle : personne ne connaît la valeur de quoi que ce soit… et quasiment tout ce qu’on entend est une fraude. Les marchés, les élections, l’économie et jusqu’à nos guerres — tout est truqué ; rien n’est ce qu’il semble être.
Nous avons décrit comment et pourquoi les autorités et leurs compères du capitalisme de copinage ont fait grimper les prix des actions. Mais les cours ne sont pas les seuls à être truqués — c’est le cas du système tout entier ! Quasiment personne ne s’en rend compte. Parce que tout ce que nous entendons ou presque provient des trafiquants eux-mêmes. C’est une Grande guerre zombie… et la majeure partie des "informations", des "statistiques" et des "opinions" que vous lisez ne sont rien de plus que de la propagande.
Selon la croyance populaire, l’économie a connu un développement solide dans les années 90 et jusqu’en 2007… après quoi le capitalisme a subi une crise déclenchée par un excès d’avidité et un manque de réglementation. Heureusement, les autorités veillaient au grain, sans quoi nous aurions eu une nouvelle Grande dépression !
Simple. Facile à retenir. Sauf que chacun de ces éléments est un mensonge.
Pour commencer, déjà dans les années 90, l’économie était frauduleuse et improductive. Ensuite, en 2007, ce n’est pas le capitalisme avide qui est entré en crise… c’est le copinage avide. Enfin, ce ne sont pas les autorités qui ont sauvé la situation. Elles l’ont en fait aggravée. La crise de 2008-2009 a été causée par un excès de dette ; les autorités nous en ont donné plus.
Il est difficile de savoir ce qui se passe vraiment parce que ce sont les autorités elles-mêmes qui évaluent la situation |
Il est difficile de savoir ce qui se passe vraiment parce que ce sont les autorités elles-mêmes qui évaluent la situation et publient les chiffres les plus importants. Le problème, c’est que, comme un boucher malhonnête, elles mettent leur gros pouce sur la balance pour faire croire qu’il y a plus de viande.
Nous avons mentionné à plusieurs reprises que les chiffres du PIB n’ont aucune utilité. Ils suivent l’activité mais ne nous disent pas si l’activité améliore notre sort… ou lui nuit. Ils ne nous disent pas si l’activité a vraiment un sens.
▪ Et vous… l’achèteriez-vous ?
En voici une illustration. Il y a quelque temps, nous voulions jeter un coup d’oeil à une maison en Floride. C’était, à l’époque, la maison la plus chère mise en vente aux Etats-Unis — une abomination en béton évaluée à 139 millions de dollars.
Eh bien, nous avons entendu le rapport d’un complice dans cette mission, dont nous ne révélerons pas le nom. Les agents immobiliers exigent des déclarations financières complètes avant de faire visiter l’endroit. Pourquoi pas, après tout : ils veulent être certains de ne pas perdre leur temps. Et ils voulaient probablement s’assurer que nous n’étions pas en repérage. Quoi qu’il en soit, nous n’avions aucune intention de leur révéler l’état détaillé de nos finances. Nous nous sommes donc contenté de jeter un oeil à l’extérieur, qui nous a laissé entièrement satisfait : l’endroit est si remarquablement laid, si dénué de goût, si tape-à-l’oeil et si cher à entretenir que nous ne le prendrions pas si on nous le donnait gratuitement.
Il y a des copeaux de feuille d’or partout. Sur le parquet, sur les prises électriques et même sur les 3cm de Kevlar qui recouvrent le dressing dans la chambre principale |
C’était il y a quatre mois. Apparemment, depuis, le processus de vente a pris un coup dans l’aile. Récemment, les vendeurs nous ont rappelé. Plus besoin de détails financiers ! Notre collègue a vu l’intérieur de la propriété cette semaine. Il rapporte :
"Je n’ai jamais vu autant de feuille d’or de ma vie… et ça inclut la Maison Blanche, le Louvre et le domicile d’un homme d’affaires persan à Los Angeles — pris ensemble.
Le palais est vraiment incroyable… et l’agent immobilier est persuadé que vous allez l’adorer. Je l’ai assuré que vous aimeriez surtout les dorures omniprésentes. C’est toujours en travaux. Il y a des copeaux de feuille d’or partout. Sur le parquet, sur les prises électriques et même sur les 3cm de Kevlar qui recouvrent le dressing dans la chambre principale. Il se transforme en panic room pour la famille.
Il y a une salle de cinéma IMAX de 18 personnes, un garage pour 30 voitures, un jacuzzi aux parois de verre et même un toboggan éclairé par des LED jusqu’à la piscine.
Tout ça entouré d’assez de béton pour reconstruire une petite ville. Et tout ce béton est entièrement couvert de caoutchouc pour l’insonorisation… c’est complètement silencieux à l’intérieur.
Nous avons également découvert qui est le propriétaire de la demeure. [Nous ne l’embarrasserons pas en révélant son nom. Il possède une société de développement immobilier… Il a des participations dans les revêtements, la construction et autres ici et à Orlando.
Avant de prendre votre stylo pour signer le chèque, rappelez-vous que ce palais a été conçu il y a neuf ans… c’est-à-dire exactement au sommet de la dernière bulle immobilière. Il sera terminé à Thanksgiving prochain… sans doute exactement au sommet d’une autre bulle immobilière."
▪ Pourquoi parler de ce pompeux palais à Pompano ?
Parce qu’il a été construit — comme une bonne partie des Etats-Unis ces 20 dernières années — sur de faux prétextes. Tout ce ciment, cette feuille d’or et ces travaux ont été inclus dans le PIB américain. Il y a de fortes chances qu’ils n’auraient jamais été utilisés si les taux d’intérêt avaient été le reflet exact de l’épargne disponible aux Etats-Unis. Ce qu’ils reflètent en réalité, c’est la capacité de la Fed à baisser les taux… et mettre ce que Karl Marx appelait "du capital fictif" à la disposition de capitalistes tout aussi fictifs.
Ensuite, toute cette fiction a contribué à une autre fiction — largement diffusée par les médias grand public — selon laquelle l’économie était en train de "se remettre". Mais construire des palais titanesques n’ajoute pas nécessairement à la richesse du pays ; parfois, ça y soustrait même. Tout dépend si le produit fini vaut plus, ou moins, que les ressources qui y ont été investies.
Partout, tout le temps… l’argent bon marché pousse les gens à en faire trop |
Trop de dot.coms en 2000, trop de maisons bon marché en 2008, trop de finance hypothécaire en 2009, trop de frackers, trop de cuivre au Chili, trop d’usines en Chine, trop de centres commerciaux aux Etats-Unis — partout, tout le temps… l’argent bon marché pousse les gens à en faire trop.
Les chiffres du PIB sont censés mesurer le fait que l’économie "croît" ou non. Mais les chiffres du PIB tels que les autorités les calculent racontent plus de mensonges qu’un candidat à la présidentielle. Ce qu’ils mesurent vraiment, c’est "l’activité", non la croissance. De sorte que si l’on emprunte un million de dollars et qu’on l’utilise pour acheter une maison, ils montrent une croissance d’un million de dollars en dépit du fait que personne n’a gagné un centime. Nous avons une maison à un million de dollars et un prêt d’un million de dollars. Zéro net. Cela fait bonne impression — mais seulement tant que les zombies gagnent… tant que les taux restent ultra-bas… et tant que personne ne se rend compte que toute l’histoire est une arnaque.