La Chronique Agora

Le peuple paie, les riches s’enrichissent

A globe where one hemisphere is covered in gold representing wealth, and the other is barren symbolizing poverty

Entre promesses électorales et hausse des prix, les politiciens américains jouent la même pièce depuis des décennies : prétendre que les riches ou les étrangers paieront, tandis que le citoyen ordinaire règle la note.

Dernière nouvelle : le shutdown est terminé.

Autrement dit, les autorités fédérales peuvent reprendre leur gestion calamiteuse habituelle.

USA Today rapporte :

« Le Sénat a fait un premier pas important vers la fin de la fermeture du gouvernement. »

Mais la beauté — ou l’absurdité — de notre démocratie, c’est que les électeurs ont toujours le choix. Ils peuvent simplement choisir leur escroquerie de prédilection.

Les républicains ont pour objectif de dépouiller les étrangers. The Wall Street Journal explique :

« Les recettes sont la raison pour laquelle Trump défend les droits de douane. Depuis des années, il rêve de faire payer aux autres pays le privilège de vendre aux Etats-Unis. Il se vante des revenus générés par ses tarifs douaniers, censés remplacer l’impôt sur le revenu, financer les aides agricoles, et peut-être même permettre de reverser des chèques de remboursement. »

Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, présent à la réunion de mercredi, s’est d’ailleurs félicité du rôle des droits de douane dans la réduction du déficit.

Les démocrates, eux, affirment qu’ils vont dépouiller les riches. USA Today rapporte :

« Lors de sa campagne présidentielle infructueuse de 2024, la candidate démocrate Kamala Harris s’était engagée à préserver la plupart des réductions d’impôts accordées par Donald Trump en 2017, à une exception notable près : elle aurait augmenté les impôts des Américains les plus riches. »

Aujourd’hui, le nouveau maire de New York a un projet similaire. Zohran Mamdani souhaite, entre autres, augmenter de 2 % l’impôt sur le revenu des New-Yorkais les plus riches.

Lors des élections à New York, les électeurs ont opté pour une vieille escroquerie bien connue. « Presser les riches jusqu’à ce qu’ils crient », comme l’a décrit le Premier ministre britannique Denis Healey.

Mais commençons par examiner comment fonctionne une arnaque fédérale de grande envergure.

Lorsque les autorités fédérales ont abaissé les taux d’intérêt en 2008, Wall Street a pu emprunter des milliards de dollars à des taux réels négatifs – en d’autres termes, de l’argent gratuit. Les ménages, eux, devaient encore verser 20 % d’apport pour acheter une maison et payer des taux hypothécaires de 6 % à 6,5 %. Les grands investisseurs, disposant de liquidités quasi gratuites, ont donc pu surenchérir facilement sur les familles ordinaires.

Withrow note :

« En 2015, des géants comme Blackstone, American Homes 4 Rent, Waypoint Homes ou Cerberus détenaient plus de 300 000 maisons individuelles aux Etats-Unis. A la mi-2022, ce chiffre dépassait les 570 000. »

Ainsi, les autorités ont bien tenu leur promesse du rêve américain — mais pour Wall Street. Grâce à l’argent facile de la Fed, les nouveaux « propriétaires » pouvaient louer ces maisons… à leurs anciens propriétaires. La richesse réelle – les logements – s’est muée en actifs financiers, détenus par des investisseurs qui ne peignent pas leurs fenêtres et ne nettoient pas leurs gouttières.

Mais cela ne représentait qu’une partie d’un vol plus important, qui dure depuis plus de trente ans. La plupart des actions et obligations sont détenues par une élite fortunée. Même avec une part élevée sur le marché d’investisseurs de la classe moyenne, les 10 % les plus riches en détiennent 95 %.

Les taux d’intérêt extrêmement bas ont tellement fait grimper les prix de l’immobilier que 75 % des Américains ne peuvent plus prétendre à l’achat d’une maison moyenne. De même, lorsque la Fed finance Wall Street avec des crédits bon marché, les actions et les obligations montent. Les riches s’enrichissent. Les pauvres, eux, s’appauvrissent.

Une conséquence majeure de la baisse des taux est l’accumulation de la dette… qui finira par provoquer une crise de la dette, et rendra impossible le paiement des mesures gratuites promises par les politiciens. La pression est déjà forte… avec des paiements d’intérêts supérieurs à 1 000 milliards de dollars par an.

Une autre conséquence majeure de ce phénomène, c’est l’inflation. En cinq ans, les prix du quotidien ont bondi de plus de 20 %. Voir les riches devenir fabuleusement plus riches, pendant que le coût de la vie explosait, a de quoi exaspérer les New-Yorkais. « L’accessibilité financière » est soudain devenue un thème central de campagne. Et il faut bien que la colère et le ressentiment aient été profonds : autrement, pourquoi les électeurs auraient-ils choisi des politiques dont l’échec est déjà avéré ?

A présent que les rôles semblent inversés, les masses veulent à leur tour s’en prendre aux plus aisés. Le New York Post rapporte :

« Des manifestants ont hué la gouverneure Hochul en scandant ‘Taxez les riches’ lors du rassemblement organisé par Zohran Mamdani à New York, en présence d’AOC et de Bernie Sanders. »

Mais même dans l’art de l’escroquerie, les politiciens restent des amateurs : incompétents et malhonnêtes.

En deux ans, le S&P 500 a grimpé de 39 %, porté par la seule promesse d’une baisse des taux. Et voilà que le « communiste radical » Mamdani propose d’ajouter une taxe de 2 % sur les plus fortunés ! Quelle aubaine.

Les riches, eux, sont bien armés. Leur fortune les protège. Ils paient déjà la majorité des impôts new-yorkais, et la ville ne peut pas se permettre de les voir partir. Qu’on soit millionnaire à Manhattan ou exportateur à Pékin, on a toujours le choix : déménager, vendre, ou simplement se retirer du jeu. Quelle que soit l’option, l’escroquerie perd alors de son efficacité.

Finalement, ni les étrangers ni les ultra-riches ne paieront pour les excès du gouvernement fédéral.

Ce sera – comme toujours – les citoyens ordinaires.

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