M. Le Marché va là où il lui plaît d’aller… et cela risque de ne plaire ni aux investisseurs, ni au président des Etats-Unis. Tout sera donc fait pour entraver sa liberté.
Le marché boursier a connu quelques journées difficiles la semaine dernière. Guerre commerciale… impeachment… indices de récession – les commentateurs cherchent des explications.
Mais tout comme les nuages au-dessus de nos têtes, M. le Marché va où il lui plaît d’aller.
Où va-t-il maintenant ? Nous n’en savons rien. Chaque fois que nous pensons qu’il est prêt à assommer les investisseurs avec une belle baisse, il change d’avis.
Oui, chaque fois que le marché boursier semble prendre le chemin de la baisse, on trouve de nouvelles ruses pour feinter les investisseurs – un accord commercial… des réductions d’impôts… des baisses de taux… un assouplissement quantitatif.
Et là, nous hésitons. Nous aimerions dire que « tôt ou tard », M. le Marché va ignorer les gros titres… la Réserve fédérale… les autorités… et le président… et s’attellera à sa tâche la plus importante – séparer les idiots de leur argent.
Mais nous avons utilisé l’expression « tôt ou tard » si souvent qu’il est probablement temps d’en retirer purement et simplement le « tôt ».
Les dieux du temps
Nous assistons au marché haussier le plus long de l’Histoire… et à l’une des phases d’expansion les plus spectaculaires. Quel que soit le moment où cela prendra fin, ce sera « tard ».
Mais rien ne dure éternellement. Ni l’expansion ni le marché haussier n’ont de chances de défier les dieux du temps encore bien longtemps.
En 2007, les marchés ont cédé lorsqu’ils ont finalement réalisé que la personne moyenne ne pouvait pas se permettre la maison moyenne. De nos jours, comme nous en a informé le Wall Street Journal mardi dernier, la personne moyenne ne peut pas se permettre la voiture moyenne.
On a ensuite appris que l’épine dorsale de l’économie US est en train de céder. Sur CNBC :
« L’indice manufacturier des directeurs d’achat de l’Institute for Supply Management [ISM] est ressorti à 47,8% en septembre, au plus bas depuis juin 2009, marquant le deuxième mois consécutif de contraction. Tout chiffre inférieur à 50% signale une contraction.
L’indice des nouvelles commandes à l’exportation n’était que de 41%, le niveau le plus bas depuis mars 2009, en baisse par rapport au chiffre d’août, de 43,3%, selon les données de l’ISM. »
Il se peut qu’au niveau mondial, l’individu moyen s’enrichisse en termes de prix/temps nécessaire pour acheter des biens de base. La technologie et l’innovation réduisent peut-être les coûts et augmentent l’efficacité et la productivité. De nouvelles vogues, modes et gadgets font peut-être tourner les têtes et perdre du temps.
Mais en dépit de tous les progrès technologiques des 2 000 dernières années, nous avons encore des guerres, des famines, des maladies, des peines de cœur, de la misère, des dépressions, des intestins fragiles, des suicides, des pneus crevés, de l’envie, des passions, de la jalousie et de la haine.
Dans le domaine de l’économie, par exemple, nombre de nouveautés sont apparues ces 100 dernières années.
Fonds indiciels (ETF), trading algorithmique, modèle stochastique dynamique de la Fed, taux négatifs, keynésianisme, Théorie monétaire moderne (TMM), dépendance aux données, ajustement de prix hédonistes – et bien d’autres choses encore.
Mais aucune de ces innovations et révolutions n’empêcheront l’être humain moyen de connaître l’enfer dans les années qui viennent. Au contraire, elles les aggraveront.
Lorsque la crise arrivera, peu importe qui sera à la tête du pays : la réaction sera à peu près la même.
Nous sommes dans un piège « l’inflation ou la mort ». Peu de politiciens peuvent résister – et ni les républicains ni les démocrates ne s’y essaieront.
D’un côté comme de l’autre, ils ambitionnent d’être des dirigeants forts. Et lorsqu’on est dans un piège « l’inflation ou la mort », les dirigeants forts veulent s’en sortir de la pire manière possible : plus de dépenses, plus de dettes, et plus de politiques crétines.
Un programme à la japonaise
M. Trump augmente déjà les dépenses fédérales – et la dette – plus rapidement que tout président depuis Lyndon B. Johnson. Sur les deux derniers exercices fiscaux – qui auraient dû être des années d’excédent –, l’équipe Trump a ajouté de la dette au rythme de 24 Mds$ par semaine.
Imaginez ce qui arrivera lorsque la crise se produira.
D’abord, Trump se lancera dans une campagne contre la Fed… et contre le président de la Fed, Jerome Powell, en particulier.
Il ne faudra pas longtemps avant que le président de la Fed (Powell ou quelqu’un d’autre) se montre plus accommodant – c’est-à-dire prêt à enfoncer les taux plus profondément en territoire négatif et à se lancer dans un gigantesque programme de rachat d’actions et d’obligations, à la japonaise.
Ensuite viendra la relance budgétaire (ou inflation) sous la forme d’une réduction d’impôts pour les masses… et qui sera peut-être étendue à tout le monde.
Ce sera rapidement suivi de milliers de milliards de dollars de nouvelles dépenses d’infrastructures – et de soins médicaux gratuits, de crédits immobiliers et autres gabegies assorties.
Les déficits grimperont à 2 000 Mds$ par an.
Et les actions… ainsi que les obligations d’entreprises… s’effondreront.