La Chronique Agora

La peste ou le choléra ?

Les manipulations toujours plus sophistiquées des autorités monétaires parviennent à leurs limites ; désormais, votre argent n’est plus l’instrument de votre liberté. 

Nous avons commencé à le voir hier : grâce à la baisse continue des taux, vous rendez attrayantes les dettes des gouvernements… alors qu’en réalité elles doivent se déprécier.

Plus vous baissez les taux, plus la demande pour ces dettes augmente : c’est la spéculation mathématico-Ponzi. Plus il apparaît, aussi, fallacieusement, que les emprunts d’Etat sont bons ! Les acheteurs nouveaux, les acheteurs du Ponzi, entretiennent la valeur des dettes anciennes grâce à la martingale de la baisse des taux.

Pourquoi croyez-vous que l’on entretient un climat de peur de l’avenir… Pourquoi croyez-vous que l’on ne cesse de vous rappeler que la croissance future, il ne faut pas s’attendre à ce qu’elle soit forte… Pourquoi entretient-on le paradigme du risk-on/risk-off ?

Tout cela parce que l’on a construit un système binaire dont vous êtes prisonnier, vous ne pouvez en imaginer un autre. Vous ne pouvez choisir qu’entre la peste et le choléra : la peste qui conduit à faire buller les emprunts d’Etat… et le choléra qui consiste à faire buller les actifs d’entreprises.

La peste ou le choléra, c’est une structure binaire, c’est une forme, une Gestalt qui vous emprisonne. Il s’agit de ne vous laisser le choix, en matière politique, en matière économique, en matière financière, qu’entre les deux branches d’une alternative qui renforce le système.

Quoi que vous choisissiez, vous le renforcez. Seul le choix d’un autre ordre en dehors du binaire, c’est-à-dire en dehors de ce qui vous est imposé, gêne le système ; pensez-y.

Un entonnoir bien étudié

Revenons à la mécanique de la baisse des taux produite par les politiques monétaires non conventionnelles.

Elles se résument à ceci : injecter de la monnaie qui ne rapporte rien, baisser les taux administrés, acheter sur les marchés les titres qui rapportent encore un peu, priver de rendement les détenteurs de monnaie – et ainsi les obliger à acheter les emprunts anciens qui rapportent encore un peu.

Tout s’analyse comme la mise en place d’un entonnoir. Un entonnoir qui fonctionne bien car branché sur l’anticipation de la poursuite continue de la baisse des taux, y compris sous le zéro !

C’est tout profit pour les Etats : leur endettement leur coûte de moins en moins cher, donc ils peuvent émettre plus de dettes et en même temps ne pas débourser plus d’intérêts.

Présenté ainsi, vous comprenez la fonction historique de la baisse des taux : elle permet de produire des dettes, de les assumer, de les « rouler » sans que cela fasse ressortir un alourdissement, sans que cela provoque une insolvabilité flagrante.

Hélas, bien sûr, il y a le « zero bound », la frontière du zéro – c’est-à-dire le fait qu’en bonne logique, le zéro est la limite de la baisse des taux. Le dispositif que l’on a mis en place pour prolonger le système de la dette parvient peu à peu à ses limites… et on y est puisqu’il y a désormais 17 000 Mds$ de dettes déjà à taux négatifs.

Pour franchir les limites il faut un saut qualitatif : changer la nature de la monnaie, changer les mentalités, forcer, réprimer, contrôler, asservir. Il faut que l’argent cesse d’être un outil de votre liberté.

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