Après avoir rendu les riches ultra-riches, les gouvernements et les banques centrales ne vont pas subitement se retourner contre eux…
Depuis plusieurs décennies, les gouvernements et les banques centrales baissent les taux d’intérêt.
Cela permet aux gouvernements de s’endetter plus et aux riches d’être plus riches. Mais cela permet aussi de spolier vos économies, vos assurances vie et vos retraites.
Les riches sont plus riches, car ils s’endettent pour acheter de nouveaux actifs. C’est le cas par exemple de Bernard Arnault ou de Patrick Drahi. Par ailleurs, leurs actifs anciens se revalorisent mathématiquement à chaque fois que les taux baissent.
La limite est atteinte
Mais hélas, cette mécanique infernale de baisse des taux a une limite, et la fin arrive lorsque l’inflation n’est plus cantonnée aux actifs financiers, et qu’elle gagne les prix des biens et de services, et surtout les salaires.
Quand la contagion inflationniste s’opère, il faut alors stopper la débauche et monter les taux d’intérêt.
Monter les taux d’intérêt, c’est avant tout dévaloriser tous les actifs financiers anciens ; on les vend en effet pour acheter des actifs financiers nouveaux qui rapportent plus.
Mais la situation n’est pas symétrique, car les différentes couches de la population sont plus ou moins touchées. Certaines sont sophistiquées et d‘autres ne le sont pas.
Les banquiers, les ultra riches, les grandes familles, les couches sociales proches du savoir et du pouvoir ont été averties du changement de politique ; ces gens savent décoder les messages des autorités. Ils anticipent.
Pas de risque pour les initiés
C’est donc la connivence. Les riches, ceux que l’on appelle la « Smart Money », dînent et couchent avec ceux qui sont en place. Ils sont des initiés structurels.
Les initiés, les gens proches des pouvoirs, les élites, les too big to fail, tout ce beau monde forme un milieu à la fois par le rang social, par le savoir, par la fortune. Et ces gens, dès que l’on a signalé en langage codé ou sur l’oreiller que la politique monétaire allait changer, ont disséminé les risques sur vous. Ils ont fait ce qui était prévu dans les années 1980 : ils vous ont vendu le risque. En clair, ils vous ont baisé !
Disséminer le risque sur le public, cela veut dire soit vendre à découvert, soit vendre ce que l’on a, soit acheter des assurances, soit prendre des hedges, des couvertures. Bref les déjà riches, les complices et les comparses se débarrassent du Mistigri… sur vous, sur vos comptes gérés, sur vos assurances, et surtout sur vos caisses de retraites !
Eux ont le droit de spéculer, de vendre à découvert, d’acheter ce que l’on appelle des couvertures… Vous, vous n’avez pas le droit. On vous l’interdit, soi-disant pour vous protéger!
C’est ce que j’ai analysé, expliqué, prévu dès 2009. A cette époque, j’ai détaillé tout ce qui allait se passer en prévoyant qu’un jour il y aurait le « grand coup d’accordéon ».
Le grand coup d’accordéon, c’était l’opération par laquelle votre argent allait une fois de plus passer de votre poche pour aller dans les portefeuilles des déjà riches. C’est la tonte des moutons.
La tonte des moutons a consisté à vous priver de rendement sur votre épargne sans risque, sur vos livrets par exemple, à vous forcer à aller chercher un peu de rendement en prenant des risques. Puis, maintenant, une fois qu’ils vous ont repassé le mistigri, à tirer le tapis sous vos pieds par la hausse des taux. Ils vous laissent avec les pertes pour vous, et les gains pour eux.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]