Ou serait-ce plutôt une grave pénurie d’intelligence ?
En moyenne, chaque année en France métropolitaine, il pleut 512 milliards de mètres cubes d’eau sur une surface de 543 940 km², soit environ 941 mm par mètre carré. En parallèle, toujours pour la France métropolitaine, le volume annuel moyen d’eau consommée entre 2010 et 2018 est estimé à 4,1 milliards de mètres cubes, soit très exactement 0,8% de l’eau « tombée du ciel ».
En Israël, les précipitations annuelles vont de 440 mm à 500 mm par mètre carré (selon diverses sources consultées) sur une surface de 20 800 km², c’est-à-dire seulement 10 milliards de mètres cubes pour une consommation d’eau de 3 milliards de mètres cubes pour un pays de 9,150 millions d’habitants (soit à peu près 7 fois moins que la France).
Israël utilise donc, « sur le papier », 30% de l’eau tombée du ciel sur son territoire… soit un ratio 36 fois supérieur (ou plus optimal) à celui de la France. Oserions nous suggérer qu’en récupérant seulement 0,2% de plus de l’eau de pluie qui tombe en France, tout problème de pénurie d’eau serait éradiqué ? Et qu’en doublant, de 0,8% à 1,6%, la quantité d’eau captée, chaque ménage français pourrait remplir une piscine de loisir de 8 par 5 m et 1,5 m de profondeur ?
Où part l’eau ?
Imaginez que la France exploite 3,6% de l’eau tombée du ciel (soit une efficacité encore 10 fois moindre qu’Israël). Il faudrait, pour la stocker, que chaque ménage dispose d’une piscine olympique, ou que l’on construise des milliers de « méga-bassines » : mais que ferait-on de toute cette eau ?
Si nous décidions de l’injecter dans nos sous-sols, nous n’aurions pas assez de nappes phréatiques pour la stocker : ça déborderait de partout, on n’aurait plus qu’à ouvrir tous les barrages (celui de Serre-Ponçon, sur la Durance, qui contient 1,27 milliard de mètres cubes d’eau, soit environ un tiers de l’eau consommée en France)… et chaque Français devrait prendre plusieurs bains par jour.
Car figurez-vous que la consommation d’eau par habitant en Israël est de 310 mètres cubes (l’irrigation et l’agriculture représentent l’essentiel de ce volume), alors qu’elle n’est que de 55 mètres cubes par habitant en France. A part le maïs et l’élevage intensif (en étables industrielles), l’eau du ciel suffit pour la plupart de nos cultures céréalières, le maraîchage, et le bétail en pâturage naturel, d’où une consommation par hectare infiniment moindre que dans les pays du sud de la Méditerranée.
L’agriculture absorbe environ 60% de l’eau disponible, mais il n’est pas nécessaire qu’elle soit potable : les ménages français ne consomment que 10% de l’eau, et cette eau est intégralement recyclable, si jamais la France devenait un pays semi-désertique… Or elle ne l’est qu’à 45%, le reste va – comme les centaines de milliards de mètres cubes d’eaux de pluies que nous ne faisons pas l’effort de récupérer – se déverser dans les océans.
Mais le plus fort, c’est que dans un pays aride comme Israël, la consommation d’eau par habitant est juste 6 fois supérieure à celle d’un pays tempéré et copieusement arrosé comme la France… et il n’est que rarement question de rationnement entre Bethléem, Jérusalem et la mer morte (car une utilisation raisonnée de l’eau est une habitude plurimillénaire).
Captage et stockage
Dans l’espace physique occupé par la France, cela fait des millénaires que l’eau du ciel suffit à combler les besoins.
Les zones les plus sèches sont peu densément peuplées, les zones humides et les bords des cours d’eau procurent toutes les facilités depuis plus de 550 000 ans.
Les homo sapiens, apparus dans la région vers 40 000 avant notre ère, ont achevé de se sédentariser 6 000 ans avant notre ère au sud du Massif Central… et ils n’ont apparemment jamais connu de sécheresse catastrophique, et cela dure depuis 8 000 ans.
Jusqu’à ce premier trimestre 2023, où la France subirait une chute catastrophique du niveau de ses nappes phréatiques (lesquelles débordent tout de même en Ille-et-Vilaine)… car bien sûr, jamais on ne sera capable de capter plus de 0,8% des eaux du ciel : elles s’évaporent tellement vite sous nos latitudes, surtout l’hiver, c’est bien connu !
En ce qui concerne les eaux stockées en surface (barrages, méga-bassines), d’ici 2050 tout sera à sec d’après certaines projections.
Elles sont probablement aussi fiables que celles qui prévoyaient qu’à l’horizon 2020, le Vanuatu et le delta du Gange (et la moitié du Bangladesh) étaient censés avoir disparu sous les flots, submergés par la montée des océans.
Il faut dire qu’il y a 40 000 ans, les eaux de la Méditerranée se situaient 40 mètres en dessous des niveaux actuels sur la côte d’Azur, alors 1 mètre de plus en 25 ans (soit 4 petits cm par an), vu la fumée noire s’échappant de milliers cheminées des centrales au charbon d’Inde, de Pologne ou de Chine (il s’en ouvrira une par semaine en 2023), cela n’avait rien d’absurde pour des esprits quelque peu crédules.
La mer monte… lentement
En réalité, le niveau des mers et océans ne s’est même pas élevé de 10 cm au cours des 40 dernières années, et si le rythme avoisine 3,5 millimètres en moyenne par an depuis 2006 – en dépit de zones d’érosion bien connues du sud de la Bretagne à la Vendée –, à l’échelle de la planète, les terres émergées gagnent régulièrement en surface habitable et cultivable.
Alors bien sûr, afin de nous faire prendre conscience de la fragilité de notre condition de survivants sur ces rares terres émergées, il faut souligner que l’ensemble des eaux douces qui y sont stockées représente seulement 2,8% du volume global, puisque 97,2% sont des eaux salées. Des eaux que l’on sait parfaitement dessaler aux Canaries, aux Emirats ou en Arabie, mais ce n’est pas « écologique », donc, il ne faut pas compter là-dessus en France.
Dans ce faible pourcentage d’eaux douces, les glaces et les neiges permanentes représentent 1,932%. L’eau douce « libre » (fleuves et lacs) 0,028%, et les 0,84% restants sont des réserves d’eaux souterraines.
En ce qui concerne les 1,932% de glace, 89% sont concentrées sur le continent Antarctique, dont la surface totale d’environ 14 millions de km² est recouverte à 98% d’un glacier d’une épaisseur maximale de 4 000 M pour une épaisseur moyenne de 1600 m).
Une autre calotte glaciaire de 1,71 millions de km² (faisant jusqu’à 3 000 m d’épaisseur) recouvre par ailleurs 95% du Groenland, soit 9,7% des glaces terrestres.
Le reste se situe sur l’Islande, la Terre de Baffin, l’île d’Ellesmere (situées à l’ouest du Groenland), la Terre de Feu (au sud de l’Argentine) et dans les massifs montagneux du monde.
Une catastrophe d’ampleur
L’ensemble de la population mondiale consomme au quotidien juste la moitié des eaux douces que déverse chaque jour l’Amazone dans l’Atlantique Sud (l’autre moitié de toute cette eau douce est donc perdue, et on ne parle que de l’Amazone).
Alors bien sûr, l’Union soviétique et les pays qui lui ont succédé ont réussi à assécher la mer d’Aral en quelques décennies en détournant vers les cultures la quasi-totalité des eaux des fleuves Amou-Daria et Syr-Daria. Mais ce que l’on ne vous raconte pas, c’est que la mer d’Aral (en réalité un lac légèrement salé) s’est remplie puis complètement asséchée à plusieurs reprises au cours des seules 5 000 dernières années : ce lac avait quasiment disparu pour la dernière fois entre 1 250 et 1 500 de notre ère.
Le peuplement de la région – essentiellement des pêcheurs – s’est déplacé vers le centre de la dépression (à l’époque où Christophe Colomb découvre les Antilles) puis ils ont dû nomadiser avec la remontée inexorable des eaux durant cinq siècles : elles se sont « épaissies » de 50 mètres pour culminer au début des années 1960… avant que le lac perde à nouveau 90% de son volume en quatre décennies.
On parle alors de milliers de milliards de mètres cubes évaporés dans cette région désertique, ce qui frappe l’imagination et témoigne de l’ampleur du désastre.
Mais si la mer d’Aral était alimentée par l’Amazone (avec le débit que nous lui connaissons), elle retrouverait ses niveaux des années 1960 en moins de 10 ans… on parlerait alors d’inondation catastrophique de la dépression aralo-caspienne !
En France aussi, la catastrophe est proche, les prédicteurs d’apocalypse imaginent déjà la France frappée par les mêmes genres de sécheresse que l’Espagne cette année, avec nos barrages à sec et la Seine et le Rhône se traversant à pied, en retroussant son pantalon jusqu’au mollet.
Quel degré de déshydratation de notre intelligence avons-nous déjà atteint dans certains « cercles » de sachants ?